15 000 à 20 000 supporters lyonnais sont attendus pour assister à la demi-finale retour de Ligue des champions contre Manchester City, ce dimanche (14h45). Un engouement qui contraste avec le faible intérêt pour le football féminin en Angleterre.
En Angleterre, là où le football est né, la barrière de la parité n’a pas encore été franchie dans le petit monde du ballon rond. Il n’y avait qu’à voir la salle de presse du Groupama Stadium de Décines, samedi, à la veille de la demi-finale retour de la Ligue des champions entre l’OL et Manchester City. Au milieu des médias français, seuls deux médias anglais étaient présents : la BBC et la chaîne de télévision du club mancunien. “L’intérêt des médias britanniques pour le football féminin est passé d’inexistant il y a dix ans, à petit, maintenant. Même pour les grandes occasions”, explique Glenn Moore, journaliste freelance outre-Manche, qui écrit notamment pour le quotidien The Independent. L’Angleterre est pourtant arrivée en demi-finale du dernier championnat d’Europe, éliminée par le futur vainqueur, les Pays-Bas.
Les locomotives Chelsea et Manchester City
Il faudra encore bien des années aux Anglais pour rattraper l’Olympique lyonnais, modèle de développement en football féminin. En quarts de finale aller de la Ligue des champions, il y a un mois, les Espagnols du FC Barcelone étaient déjà impressionnés de voir 15 000 spectateurs garnir les tribunes du Groupama Stadium pour encourager leur équipe féminine. Dimanche (14h45), ils devraient être un peu plus à pousser les joueuses de Reynald Pedros vers la finale.
Lorsqu’il a décidé de créer une section féminine à l’OL, en 2004, Jean-Michel Aulas avait en tête de faire grimper son équipe sur le toit de l’Europe. Sa formation est aujourd’hui considérée comme la meilleure au monde. C’est un peu sur le modèle lyonnais que se calquent les Anglais.
En attendant Manchester United, qui a récemment décidé de monter son équipe féminine, Manchester City commence doucement à se faire une place parmi les grands du football européen. Le club, sous pavillon émirati, n’a que quatre ans d’existence mais déjà deux demi-finales de Ligue des champions à son compteur. Ceux que l’on surnomme les “Citizens” se donnent les moyens de leurs ambitions. En février 2017, ils attiraient la meilleure joueuse du monde en 2016, Carli Lloyd. Un coup à la Alex Morgan. Avec Chelsea, vainqueur de deux des trois derniers championnats d’Angleterre et proche d’enrôler la capitaine lyonnaise Wendie Renard il y a un an, City donne un sérieux coup de projecteur au football féminin outre-Manche. “Il y a une forte augmentation de l’intérêt pour le football féminin en Angleterre, surtout pour l’équipe nationale, glisse Tom Garry, journaliste pour la BBC. De plus, Chelsea et Manchester City voient débarquer un public de plus en plus nombreux. C’est aussi parce que les clubs se professionnalisent plus.” Grâce à ses deux locomotives, les clubs anglais espèrent à terme concurrencer l’Olympique lyonnais et les Allemands, précurseurs en matière de football féminin.
Encore du chemin à faire
Forts de la refonte de leur championnat en 2011, le clubs anglais sont essentiellement professionnels, aujourd’hui. Ce n’est pas le cas partout en France, où derrière l’OL, le PSG et Montpellier, les autres ont bien du mal à suivre.
D’ici quelques années, Manchester City et United, Chelsea, Arsenal et Liverpool pourraient lutter pour le titre. Comme chez les garçons depuis des décennies. En attendant de peut-être profiter d’une partie des droits télé exorbitants de la Premier League, le football féminin d’outre-Manche compte sur les médias pour se populariser. Tous ne jouent pas vraiment le jeu. “L’intérêt pour le football féminin existe, mais principalement pour les tournois internationaux. Un peu comme pour les matches des moins de 21 ans, indique Glenn Moore. La BBC a diffusé les deux demi-finales de la Ligue des champions le week-end dernier, mais pas sur ses chaînes principales.” En France, la semaine dernière, la demi-finale aller de la Ligue des champions entre Manchester City et l’OL était diffusée en direct sur Canal +. “Il y a encore une étape à franchir avant qu’il y ait un réel engouement. L’affluence est encore très faible pour certains matches et certains journaux n’indiquent même pas les résultats du football féminin”, souffle Tom Garry.
A un an de la Coupe du monde en France, alors que l’Angleterre est deuxième au classement FIFA derrière les Etats-Unis mais devant l’Allemagne et la France, le football britannique espère hisser deux clubs anglais en finale de la Ligue des champions, à l’image d'OL–PSG, il y moins d’un an. Cela semble mal embarqué pour Chelsea, battu par Wolfsburg en demi-finale aller (1-3). Pour Manchester City, en revanche, tous les espoirs sont permis. Après leur nul de dimanche dernier (0-0), les “Citizens” se présentent en position de force au Groupama Stadium. Quel meilleur coup d’accélérateur pour son développement que d’éliminer l’OL, le double tenant du titre ? Les Lyonnaises sont prévenues.