À 22 ans, Wendie Renard est considérée comme l’une des meilleures défenseurs de football au monde. Alors que le PSG lui faisait les yeux doux, elle a pourtant décidé de prolonger avec l’OL jusqu’en 2017. Un choix raisonné qui n’a rien de raisonnable. Portrait d’une fille déterminée.
De longues jambes et une tête bien pleine. La description de Wendie Renard est un peu rapide mais "assez bien résumée", reconnaît Fred Labiche, le conseiller de la joueuse de l'OL. "Elle est très mâture et raisonne comme une femme de 40 ans". La défenseur d'1m87 n'en a pourtant que 22. Et déjà un parcours solide : deux titres de Ligue des champions avec l'OL, six de championne de France, deux coupes de France, trois participations à la Coupe du monde avec l’équipe de France… Ce mercredi 13 février, contre l’Allemagne en match amical, elle honore sa 33e sélections nationale. À son poste, l’internationale tricolore, née à Schœlcher, en Martinique, est considérée comme l’une des plus talentueuses défenseurs au monde. Conscient des qualités de la Martiniquaise, le président Jean-Michel Aulas vient de la faire prolonger jusqu'en 2017. "Ce n’était pas facile, a-t-il avoué. Wendie est une jeune femme qui a la tête sur les épaules".
"Madame, c'est votre fille qui tacle les garçons !"
Wendie Renard était pourtant draguée par un PSG prêt à lui offrir un salaire de rêve. Mais "l'argent, ce n'est pas ce qui m'intéresse. Ce que je veux, c'est être bien dans ma peau. Avec l'OL je sais où je vais", lâche la footballeuse. Qui n'a jamais dévié. Même si elle avoue avoir été tentée par le handball adolescente, son autre passion, elle n'a jamais eu d'autres ambitions que celle de devenir une joueuse professionnelle. "Déjà à quatre ans, elle jouait au foot avec les garçons dans la cour de récré", raconte Marie-Helena, sa maman, restée aux Antilles. Elle confie : "Un jour, m'inquiétant de voir ma fille toujours par terre, je suis allée voir le surveillant. Il m'a répondu : madame, c'est votre fille qui tacle les garçons !". À sept ans, la petite Wendie obtient sa première licence avec une équipe masculine. Bien décidée à tordre le cou aux préjugés. "À l'école, quand on me demandait d'écrire ce que je voulais faire plus tard, j'écrivais "jouer au foot". La maîtresse me répondait alors : "le foot, ça n’existe pas chez les filles". Mais Wendie est douée pour le ballon rond et ne tarde pas à se faire remarquer. Par la Ligue martiniquaise puis Farid Benstiti, l’ancien entraîneur de l’OL, sur les conseils d’un agent antillais, Fred Labiche.
"Il fallait que j'apprenne à ne compter que sur moi-même"
À 16 ans départ pour la métropole. Un déchirement pour sa maman. "J'ai cédé sous sa pression mais je peux vous dire que je n'ai pas dormi pendant des jours. J'étais si inquiète !". Pour Wendie, "ça n’a pas été trop dur. Je me suis toujours dit, "maman, elle a fait sa vie". Moi, il faut que j'apprenne à ne compter que sur moi-même". L’adolescente de l’époque surprend par sa maturité. "J'ai perdu mon papa quand j’avais 8 ans. Ça m’a mis un sacré coup derrière la tête mais ça m’a aussi fait prendre conscience que la vie n’est pas facile et que les gens que j'aime ne sont pas immortels". À Lyon, la petite dernière d’une fratrie de quatre enfants est accueillie chez Fred Labiche. Elle fait la connaissance d’un ancien gardien de l’OL, un Martiniquais comme elle, Joan Hartock. "Dans ce contexte, l’intégration est plus facile, sourit-elle. Ce sont des Antillais comme moi. On parlait Créole, mangeait Créole". Chez Labiche, elle va aussi croiser les anciens Lyonnais Éric Abidal, Florent Malouda, Sidney Govou, des grands joueurs qui seront de bons conseils. Sidney, "il est comme un frère pour moi", dit-elle. Lui confirme : "C’est ma petite sœur. Elle a énormément de talent et une aisance naturelle sur les terrains. Elle sait que je suis là si elle a besoin de conseils, assure l’ancien joueur de l’OL exilé à Évian-Thonon-Gaillard. Mais je ne m’inquiète pas. Elle a beaucoup de caractère, elle sait où elle va".
Hôtel-restaurant en Martinique
Au bord du Rhône, la surdouée de la défense a muri aussi vite qu’elle a gagné ses centimètres. En peu de temps, elle s'est fait une place de titulaire dans l’équipe première de l’OL, a gagné presque tous les titres et est devenu vice-capitaine. "Le plus dur maintenant, c’est de rester au top", assure la jeune femme. Qui est déjà tournée vers l'avenir. Celle qui a obtenu, en janvier le Lion d’or lors de la cérémonie des Lions du sport, pour ses performances sportives, prépare son diplôme d’entraîneur et veut se lancer dans l’immobilier. Avec Fred Labiche, elle vient d’investir dans un hôtel-restaurant en Martinique. Mais ne pensez pas que Wendie s'éparpille. Elle anticipe.