Relégué en Fédérale 1 et convoqué le 28 août devant le tribunal de commerce en vue d’une procédure de liquidation judiciaire, le Club sportif Bourgoin-Jallieu (CSBJ) devrait perdre son statut professionnel. Pour Pierre Martinet, c’est l’échec du projet de grand stade qui a marqué le début de la fin. (Article paru dans Lyon Capitale daté de septembre 2012).
“Les dirigeants ont fait mal au club et ils sont punis”, s’emporte Julien Frier, capitaine berjallien des années 2000. Neuvième de Pro D2 l’an passé, le CSBJ affichait un nouveau déficit de 1,35 million d’euros qui lui vaut une relégation en Fédérale 1 et une convocation devant le tribunal de commerce. En réalité, le club ne s’est jamais remis du départ de Pierre Martinet. Depuis que le “traiteur intraitable” n’est plus là pour éponger les traites en fin de saison, le CSBJ vit au-dessus de ses moyens et a fini par le payer. Frier pointe le service commercial “qui n’est pas au niveau à Bourgoin”.
À la décharge des dirigeants ciel et grenat, il est devenu plus “difficile pour Bourgoin de trouver des partenaires régionaux avec l’émergence de Lyon et de Grenoble”, comme le rappelle Lionel Nallet, ancien capitaine du CBSJ et du XV de France, aujourd’hui au LOU avec Chabal, autre star formée à Bourgoin. Sportivement, des erreurs ont été commises. Par exemple, quand le coach Éric Catinot (2007-janvier 2011) laissait Morgan Parra sur le banc, avant que le génial demi de mêlée ne file faire le bonheur de Clermont et des Bleus. Mais les vraies raisons de la faillite du club sont plus profondes, assure Pierre Martinet à Lyon Capitale.
L’échec du grand stade
En 1997, le CSBJ arrive en finale du championnat de France, de la coupe de France et remporte le Challenge européen. Ces résultats auraient dû permettre au club de franchir un cap, notamment en matière d’accueil du public, car le stade Pierre-Rajon était “loin d’être configuré pour le Top 14”, selon Martinet. D’après lui, “une enceinte de 15 000 places avec des loges et un espace commercial aurait été formidable”, mais l’idée fut refusée par la mairie. Pourquoi ? Les explications divergent : méfiance de l’“omniprésidence” de Martinet et surtout manque de moyens. Ce nouveau stade aurait pu donner une dimension au club qui lui fait aujourd’hui défaut.
Dorénavant concentré sur son maintien en Fédérale 1, Bourgoin doit sabrer encore les salaires. Les joueurs avaient déjà accepté en 2009 de réduire leurs paies de 17 % pour assurer le maintien en Top 14. En Pro D2, ils touchaient environ 5000 euros bruts (moyenne nationale selon Provale, syndicat des joueurs professionnels) pour passer à environ 1200 euros cette année.
Malgré ces aléas extrasportifs, les joueurs restent confiants. Fatigués, ils avaient mis le feu à quelques pneus aux abords du stade, le 16 juillet dernier. Mais, aujourd’hui, ils se disent que cette descente représente l’“opportunité de se reconstruire avec les jeunes”, selon Alexandre Péclier, arrière emblématique du club. Et de prendre exemple sur Grenoble, relégué administrativement en Fédérale 1 en 2005, avant de revenir cette année en Top 14. Confiant, l’entraîneur Laurent Mignot croit en la qualité des jeunes, qu’il a dirigés pendant leur formation. À présent, tous n’ont qu’une idée en tête : retrouver leur place dans l’élite.