Sports et études : un chemin long et semé d’embûches

Les sportifs rhônalpins de haut niveau rencontrent de nombreuses difficultés à allier sport et études. Gwendal Peizerat, ancien athlète désormais chargé des sports au conseil régional, en a fait son cheval de bataille.

"En France, on a beaucoup de retard sur la question." Gwendal Peizerat ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit d’évoquer l’aide aux athlètes de haut niveau souhaitant allier sport et études. Le vice-président délégué aux sports au conseil régional a lui-même connu quelques galères : "J’ai dû batailler pour mener des études. J’étais un peu livré à moi-même, comme si le sportif de haut niveau devait se cantonner uniquement à ses performances sportives et mettre de côté sa formation professionnelle et intellectuelle." Depuis quelques années, les choses évoluent puisque des aides spécifiques sont apportées aux sportifs, dans le cadre de conventions signées entre la région et les clubs ou les sportifs et leurs employeurs. En 2010, ces aides ont représenté un coût total de 700 000 euros. Une somme importante qui va dans le bon sens, selon Peizerat.

"Souvent les clubs sportifs se targuent d’avoir un taux de 100 % de réussite au bac. Ce qui certes est une bonne chose, mais, on le voit bien, ce n’est pas suffisant." Robert Béroud, directeur pédagogique à l’OL durant de nombreuses années, affirme que cela "a toujours été un choix politique de l'OL. Bien avant qu’une loi n’oblige les clubs de football à avoir une convention de formation. A son arrivée en 1987, Jean-Michel Aulas était désireux de poursuivre ce travail-là. Ensemble, on a imaginé un diplôme maison, qu’on a appelé CAP maintenance informatique." Depuis deux ans, le club phare du football lyonnais collabore avec l’IGS (Institut de gestion sociale) afin de proposer à ses jeunes pensionnaires une formation périphérique au métier de footballeur professionnel. "Il y a des cours de gestion de patrimoine, de média-training, etc. De façon à leur donner un plus sur le plan professionnel. Cependant, ca ne débouche pas sur un diplôme national, mais ce n’est pas l’objectif", précise Robert Béroud, qui a été proviseur du lycée Frédéric-Faÿs (Villeurbanne).

“Les sportifs vivent en vase clos”

Gwendal Peizerat préfère quant à lui rester prudent sur la réussite d’une telle action. "C’est une bonne initiative, mais il faut aller plus loin. Ce qui me gêne, c’est que bien souvent on oblige le sportif à suivre une formation. C’est une erreur. Il faut laisser le sportif choisir sa filière. S’il veut faire des études de littérature ou scientifiques, peu importe, mais qu’il puisse le faire." Kévin Libert, défenseur au sein de l’équipe des U19 à l’OL, abonde dans le sens de l’ancien partenaire de Marina Anissina : "C’est bien d’avoir le choix. Ce n’est pas évident de concilier les deux, même si on a des horaires aménagés. On peut vite tomber dans la facilité en négligeant les cours", souligne-t-il. "C’est important d’avoir un diplôme. On ne sait pas de quoi est fait l’avenir. Il suffit d’une blessure pour mettre un terme prématurément à une carrière", soupire-t-il, un brin lucide. Quoi qu’il en soit, la réputation est tenace : les sportifs semblent complètement déconnectés de la réalité et peu enclins à se former intellectuellement. "Les jeunes vivent en vase clos, ils ont tout à portée de main et ne croisent pas d’autres sportifs. Il faut ouvrir l’horizon social des sportifs", souligne l’ex-patineur.

Ce qui s’est passé lors du dernier mondial de football en Afrique du Sud semble en être la parfaite démonstration. "On est arrivé à des dérives incroyables. Les clubs de football ont les moyens financiers adéquats. Ils se doivent d’être irréprochables. Et force est de constater que c’est loin d’être le cas", souffle le champion olympique de danse sur glace. Robert Béroud va beaucoup plus loin. En affirmant que les clubs sportifs doivent être exemplaires dans leur politique de recrutement : "Je commencerai à penser que nous sommes sur la bonne voie quand je verrai un club dire : Je renonce au jeune X ; c’est le meilleur de sa génération, mais je n’en veux pas, car sa mentalité n’est pas bonne. Quand on sera capable de faire une telle démarche, ca sera un signe fort." On en est encore très loin.

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