Non, Yann Cucherat ne rempile pas en gymnastique pour les prochains JO. L’adjoint aux sports de Lyon espère tout de même qu’un sportif lyonnais ramènera une breloque. La Ville vient en effet d’adopter un projet de subvention pour 18 sportifs de haut niveau susceptibles de briller à Rio en 2016. Comment sont-ils choisis ? Qui touche réellement l’argent et comment est contrôlée la dépense ? Entretien.
©Janloup Bernard
Lyon Capitale : Est-ce vraiment le rôle de la Ville que de financer des athlètes de haut niveau ?
Yann Cucherat : Bien sûr ! La ville de Lyon a vocation à soutenir toutes les formes de pratiques sportives, qu'elles soient professionnelles, amateurs, informelles, de loisir... Toutes doivent avoir droit de cité et toutes doivent pouvoir trouver leur place à Lyon. La pratique sportive de haut niveau contribue au rayonnement de notre ville, notamment pendant la période olympique. Mais, par ricochet, lorsqu'on aide un sportif de haut niveau, on aide également l'association dans laquelle il est licencié, qui peut développer et améliorer son activité et accueillir plus de pratiquants. Il y a aussi l'image des champions qui joue à plein dans un club sportif.
Au regard de l'importance que vous semblez y attacher, l'aide que vous proposez (1 700 ou 6 800 euros par an, selon les sportifs) n'est-elle pas alors trop faible ?
On aimerait toujours faire plus, faire mieux, et moi le premier. Mais, dans un contexte financier particulièrement contraint comme celui que nous vivons actuellement, avec d'importantes restrictions budgétaires, je suis déjà fier que nous puissions maintenir ce type de dispositif et même augmenter l'enveloppe allouée à chaque sportif.
Avez-vous l'impression de pallier un éventuel manque de soutien des fédérations sportives envers leurs athlètes de haut niveau ?
Je vais jouer sur mes deux casquettes pour vous répondre, puisque je suis également directeur sportif de l'équipe de France de gymnastique artistique masculine. Les fédérations sportives, comme les collectivités, sont impactées par les conditions économiques difficiles. Alors, sans dire de pallier l'action des fédérations, on agit pour apporter un complément qu'elles ne peuvent pas forcément apporter. Mais nous n'avons pas comme vocation première de nous substituer aux fédérations qui œuvrent déjà aux côtés des sportifs de haut niveau.
Privilégiez-vous certains sports ?
Sur le dispositif “Lyon-Rio”, nous nous concentrons sur les disciplines olympiques, reconnues par le CIO. Mais, parmi ces disciplines, il n'y a pas un sport privilégié par rapport à un autre.
Solforosi en deuxième en partant de la gauche et Mouterde au fond
Comment sélectionnez-vous les sportifs qui pourront bénéficier de l’aide ?
Nous travaillons de concert avec toutes les instances sportives, les représentants de Jeunesse et Sports. La liste que nous établissons est le fruit d'un tour de table et d'une concertation poussée mais basée sur des critères objectifs. On épluche pour chaque sportif concerné ses résultats sur la saison passée. Les plus méritants seront accompagnés, tout comme ceux qui apparaissent sur les listes établies par le ministère des Sports, qui répertorie les sportifs qui font partie d'un collectif France et ont de bonnes chances de briller dans les prochaines échéances et notamment à Rio.
Il y a tout de même un pari, là-dedans, non ?
Il y a toujours une notion de pari, parce qu'on parle de sport. Jusqu'au bout, il y a une certaine incertitude sur la performance qu'un sportif peut livrer. Et tant mieux, quelque part, parce que c'est ça le sport, c'est pour ça qu'on l'aime, parce que jusqu'au bout les jeux ne sont pas faits. Mais, s'il y a un risque inévitable, on met toutefois tout en œuvre pour être les plus objectifs possible en se basant sur des critères de résultat. On ne va pas soutenir un sportif sur un coup de poker sans éléments probants, simplement parce qu'on sent qu'il pourrait faire quelque chose à l'avenir. Cette année, nous avons choisi de réduire le nombre de sportifs soutenus, pour nous concentrer sur ceux qui présentent le plus de chances d'être à Rio en 2016 et d'y briller.
Concrètement, à qui va l’argent ?
On ne peut pas allouer cette somme directement au sportif. L'argent va donc au club auquel il est rattaché. Charge à lui d'organiser avec cet argent des stages, des compétitions, d'améliorer les conditions de pratique de son champion, tout ça dans l'optique de le présenter à son meilleur niveau dans les grandes échéances sportives.
Vous contrôlez ce qui est fait avec ?
Oui. Les associations ont l'obligation de nous faire un bilan détaillé des actions qu'elles ont menées avec cette subvention et qui ont pu profiter au travail des sportifs que nous avons souhaité soutenir.
@Tim Douet
@Tim Douet
2 sportifs, sur les 18 subventionnés par la Ville, évoluent en handisport. N'est-ce pas trop peu ?