Jean-Frédéric Chapuis, champion olympique français de skicross, a passé 2 semaines à Villeurbanne pour sa réathlétisation, à la suite de blessures aux genoux.
Deux semaines et 10 séances de réathlétisation. C'est ce qu'il fallait à Jean-Frédéric Chapuis pour se remettre définitivement sur pied avant de chausser les skis. Le champion olympique, qui a offert avec ses deux comparses Arnaud Bovolenta et Jonathan Midol un podium 100 % tricolore encore dans les mémoires, était à Villeurbanne jusqu'à vendredi. La société lyonnaise Athletic, qui doit ouvrir des locaux prochainement dans le 8e arrondissement, a pour spécialité de "retaper" les sportifs en phase de reprise, avec un encadrement personnalisé. Les skieurs Johan Clarey et Federica Brignone, ou le footballeur Cheikh Diabaté (Girondins de Bordeaux) sont déjà passés entre leurs mains. Même l'ancien portier de l'OL, Rémy Vercoutre, était venu se refaire la cerise à l'automne 2013.
L'occasion était belle d'aller rencontrer le médaillé d'or pour revenir sur sa saison, son titre aux JO, ses blessures et parler un peu de Lyon. Entretien.
Jean-Frédéric, votre préparation a été perturbée par des problèmes aux genoux, aujourd'hui comment allez-vous ?
"Ça va bien mieux qu'au début de l'été ! Je m'étais blessé fin mai, à la reprise de l'entraînement. Ces douleurs aux genoux m'ont empêché de m'entraîner tout l'été. Ça fait donc 3 mois d'arrêt pendant lesquels je n'ai pas pu effectuer l'entraînement foncier. Je suis venu à Lyon pour faire deux semaines de réathlétisation et je repars de nouveau confiant. J'ai progressé, passé des étapes."
Le moral est-il bon ?
"Oui ! Le moral est bon mais je sais qu'il reste beaucoup de choses à mettre en place. Je devrais reprendre le ski vendredi prochain. Il faudra du temps, reprendre tranquillement lors des premiers stages. Et puis, après, ça peut aller très vite si ça se passe bien. On a fait du bon boulot ici à Lyon."
"Je viens souvent à Lyon, jamais en bonne santé !"
L'objectif pour la saison qui vient était d'être plus régulier sur le circuit Coupe du monde. Cette préparation tronquée remet-elle tout en cause ?
"Il ne faut jamais dire jamais, mais... C'est sûr que je voulais parvenir à jouer un podium sur le classement général de la Coupe du monde. Ça va être un peu plus difficile, mais rien n'est impossible. Le foncier risque de me manquer en cours de saison, quand on va enchaîner plusieurs étapes à la suite. On verra bien !"
Pour vous Lyon signifie souffrances, douleurs et réathlétisation ou bien vous avez d'autres liens avec cette ville ?
(Rire) "C'est vrai que je viens souvent à Lyon, mais jamais en bonne santé ! J'étais venu une première fois il y a quatre ans quand j'ai été opéré des ligaments croisés. Et aujourd'hui je reviens pour une réathlétisation. Ce qui est beaucoup moins grave. Je suis content de venir pour souffrir si c'est pour aller mieux demain. C'est de la bonne souffrance : quand j'étais assis sur mon canapé et que je ne pouvais vraiment rien faire, je me disais "qu'est-ce que je donnerais pour me mettre la misère à l'entraînement" ! Et puis je découvre Lyon par la même occasion. C'est une belle ville. Ça m'a permis de découvrir des choses qu'à la montagne je ne vois pas forcément."
Le skicross est une discipline très traumatisante pour les organismes (vous en êtes la preuve incarnée), qu'est-ce qui a été fait pour rendre les parcours plus sûrs ?
"Le skicross est un sport très jeune : c'était la 2e fois qu'il était aux JO. Avant c'était un peu plus freestyle, moins encadré. Mais la Fédération internationale de ski a pris les choses en main depuis quelques années, elle a ajouté pas mal de réglementation. Du coup on a des parcours plus safe. Après, on ne peut pas éviter la chute. De notre côté, les Français, on met en place un système d'airbag pour limiter les lésions au niveau du dos et des hanches. Cela fait 2 ou 3 ans qu'on travaille dessus. On espère pouvoir aboutir à un système performant pour pouvoir l'utiliser tous les jours, voire le commercialiser pour en faire bénéficier le grand public."
"C'est blessant quand l'adversaire a un comportement anti-sportif"
Qu'est-ce que cette médaille d'or olympique a changé dans votre vie ?
"Il y a beaucoup plus de reconnaissance de la part du public non initié au ski. Si je compare à la médaille d'or aux Championnats du monde, il y a une grosse différence. Ça m'a ouvert plein de portes et permis de rencontrer des personnes intéressantes. C'est gratifiant d'avoir une récompense pour toutes ces années d'entraînement."
Après votre triplé en finale des Jeux olympiques, il y a eu une polémique sur l'aérodynamisme de vos pantalons. Il y a eu des recours et vos adversaires ont même porté un autocollant "je ne triche pas" pendant les courses suivant les JO. Cela vous a-t-il blessé ? Avez-vous quelque chose à vous reprocher ?
"On n'a vraiment rien à se reprocher. C'est sûr que c'est toujours blessant quand les adversaires adoptent un comportement non sportif. Beaucoup d'entre eux n'étaient pas au courant des choses et, du coup, étaient un peu à côté de la plaque. C'était un peu tendu sur les 2 ou 3 courses qui ont suivi les Jeux, mais sur la dernière étape de Coupe du monde tout est rentré dans l'ordre. Il y en a même qui sont venus s'excuser. Je n'aime pas en parler parce que cette histoire était un peu bête... Ça ne fait pas de bien à notre sport et je préfère garder les bons souvenirs pour que le skicross continue d'aller de l'avant, de prendre de l'ampleur, comme il l'a fait aux Jeux de Sotchi."