Pionnier du genre, les Caluirards de 3D4COM ont choisi de faire sortir la 3D des salles de cinéma pour l’adapter aux conventions et autres conférences. Rencontre avec Laurent Labrosse qui nous présente ce projet ambitieux.
Lyon Capitale : Qu’est-ce que 3D4COM ?
Laurent Labrosse : 3D4COM est une société qui s’est mise en place depuis 2 ans et demi et qui a choisi de développer le relief au sein des événements. Nous avons constaté qu’il y avait un grand vide. La 3D est au cinéma, elle a fait son apparition dans les foyers mais au niveau des événements, il n’y avait rien. Les moyens techniques étaient inexistants. Nous avons donc développé des outils, des appareils et des savoirs faire pour combler ce manque et que nos clients soient confiants.
Comment cela fonctionne-t-il ?
En règle générale lorsqu’il y a un événement, c’est que l’entreprise à quelque chose à montrer. Il peut s’agir d’un lancement de produit, de la révélation d’un savoir-faire. Nous proposons donc de filmer tout cela en relief pour avoir une vraie profondeur qu’on n’avait jusqu’à présent que dans les salles de cinéma. Ensuite nous les diffusons en 3D lors des conférences ou conventions. Nous fabriquons aussi des petits « effets wahoo » à utiliser lors des présentations, c'est-à-dire des moments courts où l’on fait apparaitre en relief, au milieu de la salle, des produits, des camemberts ou bien encore un personnage virtuel. On peut imaginer les parts de marché sortir de l’écran et venir flotter devant les yeux du public. Enfin nous possédons une technologie capable de convertir en 3D des anciens films et ainsi obtenir du relief à moindre coût. Nous sommes assez fiers de cette machine puisqu’il n’y en a que cinq en France : une chez TF1, une chez France 2, deux chez Canal +, et enfin une chez 3D4COM.
Combien coûte ce genre de prestation ?
Pour une projection en 3D, le coût est 40 à 50 % plus cher qu’une projection normale. Pour la production d’un film en 3D, le budget total est multiplié par deux par rapport à la 2D, mais le résultat final pourra être exploité dans les deux formats.
Qu’est-ce que cela représente en matière de matériel ?
Nous avons les deux plus gros vidéoprojecteurs destinés à l’événementiel. Pour les connaisseurs, il s’agit de deux Christie HD18. Ce sont les deux seuls en Europe. Il n’en existe que quatre dans le monde et les deux autres sont dans un parc d’attraction aux États-Unis. Par ailleurs nous disposons de 1000 paires de lunettes actives mais aussi d’une caméra Panasonic stéréoscopique AG-3DA1 et d’un « rig » à base de Canon 5D, soit deux appareils photos montés sur un même support.
Est-il plus difficile de filmer en 3D ?
On revient en arrière : finie la petite vidéo du cousin qui la monte ensuite sur son ordinateur. Il faut tout réapprendre. La mise en scène, l’éclairage, les distances, tout est très important pour le relief. Il s’agit d’un retour aux bases de la vidéo. Avec le temps, nous avons oublié tout ce travail qui avait été automatisé par les caméras numériques classiques.
Pourquoi avoir choisi des lunettes 3D actives plus chères alors que les cinémas optent massivement pour les modèles passifs ? (Actives = grosses lunettes synchronisées avec le projecteur, passives = lunettes légères faisant office de simples filtres)
Nous avons choisi l’actif car les écrans destinés à la technologie passive sont difficilement transposables d’une salle à une autre. Ce sont des écrans métallisés qui ne peuvent pas être pliés. Il faudrait reconstruire un nouvel écran à chaque fois. Par ailleurs cela nécessite deux vidéoprojecteurs et surtout l’efficacité est moindre. La 3D est moins impressionnante et il y a parfois des « ghosts », c’est à dire des trainées sur l’image. Les puristes de cinéma vous diront que ce n’est pas la meilleure solution. Par ailleurs avec la technologie active nous pouvons projeter n’importe où, même sur un immeuble.
L’avenir des téléviseurs 3D est encore incertain, le relief n’est-il pas qu’un effet de mode ?
Je pense qu’il trouvera sans problème son rôle dans les foyers, ne serait-ce qu’avec les jeux vidéo compatibles 3D qui sont de plus en plus nombreux mais aussi grâce à des beaux films en Blu-ray. Après, regarder le journal de Claire Chazal en relief n’a aucun intérêt.
Vous êtes donc optimiste ?
Effectivement, pour nous tout se développe plus vite que prévu. Nous recherchons même du monde, notamment en vidéo et en informatique. Nous employons déjà une vingtaine de personnes via la société Quorum productions qui est la tête du groupe et ce n’est que le début.
Quelles sont les technologies que vous surveillez pour des usages futurs ?
En fait, nous sommes surtout dans l’amélioration de technologies qui ne sont pas encore sorties. Nous sommes précurseurs dans le genre et cela n’est pas sans contrainte. Nous sommes beta testeurs pour de nombreux fabriquant, c’est-à-dire que nous obtenons les produits en avant-première mais ils ne sont pas toujours terminés. Parfois, je suis obligé de demander à des constructeurs de fabriquer les choses qui nous manquent. C’est à nous d’imaginer nos futurs besoins.