4G : les débits ne sont pas le principal problème

UFC Que Choisir a livré une étude sur les débits 4G. Le bilan est sans surprise, de grandes disparités existent et les débits en téléchargement sont éloignés des promesses. Pourtant, le véritable problème n'est pas là.

La 4G n'est-elle qu'un argument commercial pour détourner les clients du low cost ? À en croire la dernière étude d'UFC Que Choisir sur les débits de la 4G, il s'agit surtout d'une promesse non tenue. On y découvre une grande disparité en fonction des territoires et des opérateurs. Les débits moyens constatés sont plus proches de ceux promis avec de la H+, 3G de dernière génération. Pourtant, malgré le constat d'UFC Que Choisir, le véritable problème n'est pas là. La 4G est aujourd'hui une technologie limitée, non pas à cause des débits, mais bien de forfaits qui ne sont pas compatibles avec son esprit. Cela fait plus de deux ans que nous testons la 4G sur Lyon et répétons ce même bilan : les opérateurs ne jouent clairement pas le jeu en proposant des abonnements qui ne permettent pas d'exploiter tout le potentiel de la 4G.

De nouveaux usages bien gourmands

Début 2013, nous écrivions déjà que la 4G ne servait à rien sans gros fair use (le volume total d'Internet mobile qu'il est possible d'utiliser tous les mois). Plus d'un an après, le constat est toujours là : les forfaits des opérateurs ne sont toujours pas compatibles avec l'esprit de la 4G, même s'il y a parfois du mieux. Le problème reste identique, la téléphonie mobile de quatrième génération permet de télécharger plus vite et d'envoyer plus rapidement des fichiers en ligne. En théorie, cela ouvre la porte à de nouveaux usages : streaming vidéo en HD, voire ultra HD, envoi de fichiers lourds en ligne, jeux vidéo en streaming, synchronisation des fichiers du mobile en permanence. Ces nouveaux usages qui sont techniquement déjà possibles ont cependant une contrepartie importante : ils consomment beaucoup d'Internet mobile.

Deux films en HD sur Netflix, et voilà que 4 Go de fair use sont déjà brulés. Une heure de jeux vidéo en streaming et c'est un Go en moins sur le forfait. Dans ce contexte, si le volume n'était pas limité et en profitant de tous les nouveaux usages de la 4G, il serait tout à fait possible de consommer 15 à 50 Go de fair use par mois. Durant le week-end du 4 et 5 octobre, un abonné Bouygues Telecom a réussi à télécharger plus de 700 Go, un record. Heureusement pour lui, le volume n'était pas pris en compte dans son forfait à l'occasion dedeux jours promotionnels.

Des gros forfaits de 10 à 20 Go de Fair Use

À l'époque de la 3G, les forfaits pouvaient monter jusqu'à 5 Go de fair Use, 3 Go étant souvent la norme. Au lancement de la 4G, les opérateurs ont présenté la technologie comme étant dix fois plus rapide que la 3G. Néanmoins, les fair use n'ont pas été multipliés par dix pour autant. Au mieux, ils ont été simplement doublés, voire triplés. Ainsi, chez Orange, le forfait avec le plus gros volume d'Internet mobile est à 14 Go (159,99 euros, engagement deux ans). Pour un tarif plus raisonnable, il est possible d'avoir 10 Go à 89,99 euros (engagement deux ans). Chez SFR, le forfait 16 Go d'Internet est à 129,99 euros par mois (engagement deux ans), les 12 Go à 69,99 euros. Bouygues Telecom, de son côté, propose 16 Go pour 79,99 euros. Enfin Free Mobile est en apparence celui qui joue le mieux le jeu avec son forfait à 19,99 euros et ses 20 Go de Fair use. En pratique, il faut avoir la chance d'être régulièrement à proximité d'une antenne 4G pour pouvoir profiter de tout ce potentiel.

Des volumes qui vont devenir insuffisants

Ces volumes d'Internet mobile devraient convenir à la majorité des utilisateurs. Néanmoins, malgré des limites qui semblent élevées, il est simple de les atteindre quand on devient accro à la 4G et que l'on est souvent en mobilité. L'arrivée de Netflix en France devrait pousser certains utilisateurs à faire ce bilan. Selon notre propre constat, il est possible d'atteindre facilement les 16 Go en regardant tous les jours de la semaine une heure de vidéo à la demande. En HD et Ultra HD, Netflix annonce entre 3 et 7 Go par heure. Un seul film et voilà que le fair use est déjà atteint. D'un autre côté, pour éviter les abus et préserver l'expérience de tous les utilisateurs qui partagent le réseau, les opérateurs sont obligés de limiter le volume d'Internet mobile. Il existe pourtant un juste milieu entre le trop qui deviendrait problématique et l'insuffisant qui n'est pas compatible avec l'esprit de la 4G. De même, certains forfaits avec un fair use minuscule ne devrait pas avoir le droit d'être estampillé 4G.

500 Mo en 4G : une hérésie

Il est aujourd'hui possible d'avoir un forfait 4G avec 500 Mo de fair use. Ces abonnements sont surtout des appâts marketing servant à convaincre les indécis de passer à la 4G, tout en étant largement insuffisants pour les nouveaux usages qui en découleront. Concrètement, cela revient à vendre une Ferrari avec un réservoir qui ne permet de faire qu'un seul petit kilomètre. Ces petits forfaits 4G sont donc à fuir sans hésitation ou à réserver uniquement à ceux qui voudront vérifier leur mail et surfer de temps en temps sur Internet. Reste que le piège se referme très vite pour tous ceux qui prennent goût à la vitesse et aux usages. Même si UFC Que Choisir critique aujourd'hui les débits, il est très simple de devenir accro à la 4G en l'état actuel. Encore faut-il que les opérateurs augmentent un peu les doses de fair use.

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