Test - Pour ce nouvel épisode, Kratos, le spartiate maudit, change d’univers. Aidé par les gentils petits poneys, les chatons et les licornes magiques, il va tenter de faire des câlins aux vilains lutins mignons et les convaincre de partir du royaume arc-en-ciel avec l’aide des mots, de la parole, mais aussi de l’amour… Un scénario crédible dans un monde parallèle où les censeurs du jeu vidéo ont gagné. Malheureusement pour eux, le jeu d’action God of War : Ascension propose dix heures de combats bourrins, violents, barbares, à base de décapitations, énucléations et autres éviscérations, le tout sur fond de mythologie grecque. Mais rassurez-vous, ceci n’est qu’un jeu vidéo pour adulte.
En 2005, les studios de Sony Santa Monica livraient l’exaltant God of War sur PlayStation 2, débutant ainsi la saga de Kratos le spartiate. Sur le champ de bataille, face à une mort inéluctable, le soldat implore l’aide d’Arès. Le dieu de la guerre l’aide alors à vaincre ses ennemis mais ce revirement de situation a un prix : Kratos doit devenir son serviteur. Résolu à le transformer en arme absolue, Arès lui fait greffer sur les bras les chaines et les lames du chaos puis le rend fou pour l’obliger à tuer sa femme et sa fille. Réalisant la tragédie, le spartiate décide de trahir son maître ainsi que tous les dieux de l’Olympe. Ce premier God of War posa avec brio les bases de la série. Kratos livre alors toute sa rage et ne recule devant aucune mutilation pour arriver à ses fins. God of War s’est retrouvé logiquement interdit au moins de dix-huit ans, tandis que le contexte mythologique a permis de légitimer cette effusion de barbarie sans limites et de désamorcer sa violence.
La référence God of War 3
Le cycle se termina dans un fracas total avec l’excellent God of War 3, sorti en 2010 sur PlayStation 3. La puissance de la machine permet alors aux développeurs de libérer toute leur imagination. Le héros s’attaque à des colosses géants et les escalades parfois comme des montagnes. God of War 3 reste à ce jour l’un des jeux les plus épiques de sa génération, multipliant les moments impressionnants et ne reculant devant rien pour faire plaisir au joueur. Alors qu’on pensait les aventures de Kratos finies avec cet épisode, les studios de Sony Santa Monica ont choisi de ne pas trahir leur conclusion et préfère se tourner vers le passé de leur héros dans God of War : Ascension. Cet opus se situe juste après l'assassinat de la famille de Kratos et son choix de trahir Arès.
Un Kratos moins puissant
Dans ce contexte, le héros est loin d’avoir la puissance digne d’un dieu qu’il possédait auparavant. Simple mortel, il doit se contenter de ses lames du chaos. Un changement de taille est cependant présent puisqu’elles peuvent se parer de quatre pouvoirs basés sur les éléments : feu, glace, foudre et âmes. Cette nouveauté permet de varier les styles de jeu tout en apportant un peu de changement à la série sans la chambouler.
Par ailleurs, Kratos est désormais capable d’immobiliser un ennemi avec l’une de ses chaines tandis qu’il massacre les autres avec la seconde. Enfin, il est possible de ramasser épées, haches, javelots et autres armes explosives pour s’en servir durant quelques instants. Lors des combats, une jauge de rage se remplit progressivement, à condition de ne jamais se faire toucher par les ennemis. Une fois complète, le héros obtient de nouveaux pouvoirs particulièrement utiles pour faire le ménage plus rapidement.
Par conséquent, ce Kratos moins puissant pousse le joueur à opter parfois pour une approche plus stratégique, notamment dans les derniers niveaux où la difficulté augmente de manière brutale. Face à ce challenge inattendu qui arrive après plusieurs heures presque trop faciles, la dernière partie de God of War : Ascension en devient presque frustrantes.
La PlayStation 3 surprend encore
Heureusement, les graphismes magnifiques associés à un scénario simple, mais solide, encouragent le joueur à persévérer pour découvrir la conclusion de cette aventure. Les développeurs parviennent à montrer que la vieille PlayStation 3 est encore capable d’afficher de belles images sans broncher. Les décors gigantesques et des ennemis recelant d’une multitude de détails font clairement plaisir à voir tandis que le jeu offre plusieurs moments grandioses.
Sur des rails
Paradoxalement, si la narration est mieux maîtrisée que dans God of War 3, ce nouvel opus n’arrive jamais à retrouver la folie et la démesure de ce volet. De leur côté, les énigmes sont loin d’être tordues et ne ralentiront pas le joueur longtemps. Plus classique, presque sur des rails, Ascension peine parfois à surprendre et respecte trop bien le cahier des charges. On arrive à la fin au bout d’une dizaine d’heures, sans jamais s’ennuyer, mais avec l’impression que tout cela manque d’un souffle radicalement nouveau. La franchise devra sans doute évoluer pour les prochains épisodes, sous peine de lasser.
La surprise multijoueur
Les développeurs semblent l’avoir bien compris. Pour la première fois dans la saga, ils proposent un mode multijoueur réussi qui prolongera la durée de vie globale. Ce nouveau système de jeu, basé sur des allégeances envers des dieux qui permettent d’obtenir différents pouvoirs, parvient à convaincre en quelques minutes seulement. Les affrontements entre huit joueurs dans les arènes demanderont des réflexes d’acier ainsi qu’une bonne dose de stratégie. Enfin, des "travaux" à réaliser rajoutent un peu plus de motivation à la tâche et encouragent la progression. Il est simplement dommage que le nombre d’arènes soit trop restreint. Cela sent la mise à jour payante à plein nez pour en avoir plus.
Verdict :
Violent, puissant, épique et mythique, ce nouvel épisode de God of War réussit parfaitement sa mission. Il s’impose comme un excellent opus qui n’arrive cependant pas à retrouver toute la folie du troisième volet. La saga commence à montrer ses limites et l’aventure solo a besoin d’un peu de fraîcheur pour se renouveler. De son côté, le multijoueur surprend les plus sceptiques tout en s’imposant comme une évolution bienvenue. Quant à ceux qui cherchent un peu de finesse, d’amour, de réflexion et de dialogues remplis de bons sentiments : ils peuvent passer leur chemin. God of War : Ascension reste un monument de barbarie mythologique où un seul homme fait trembler les dieux les plus anciens.