Des arguments qui prêtent à confusion. De toutes parts, les slogans fusent : “voiture propre, seulement 120 g de CO2 par kilomètre”, “Protégez la planète en réduisant vos émissions de Co2”. Ce ne sont pas les formules qui manquent. L’industrie de l’automobile met en avant les rejets de gaz carbonique sans jamais parler des autres produits émis par nos voitures.
Les émissions de CO2 sont au cœur du débat, mais elles ne sont que la partie visible de l’iceberg. D’autres gaz sont tout aussi nocifs. Les constructeurs tendent à oublier les dangers des particules rejetées par les diesels. Ils ne manquent pas de zèle face au CO2, mais ne précisent pas que le meilleur des filtres laisse passer les plus petites particules. Or se sont ces dernières qui sont les plus dangereuses pour l’homme. Dans ce flot d’éléments nocifs, il est difficile pour le consommateur de s’y retrouver.
Pour ne pas l’aider, les constructeurs brouillent les pistes en inventant parfois des termes scientifiques pour le moins obscurs. Le gouvernement n’a toujours pas mis en place une signalétique universelle et compréhensible. Il existe bien un système inspiré des appareils électroménagers, s’échelonnant de A+ à G.
Cependant, il est incomplet et ne concerne que les émissions de CO2. L’idéal est donc de diminuer l’ensemble des rejets en s’orientant vers des solutions hybrides.
Les voitures hybrides, transition vers le tout électrique ?
Actuellement en France, seulement deux modèles de voiture Hybride sont proposés. La Toyota Prius et la Honda Civic se partagent un marché encore timide. Elles sont dotées d’un moteur classique, couplé à un moteur électrique. Les deux véhicules consomment en moyenne, moins de 4,5 litres aux cents, tout en rejetant moins de 110g de CO2/km.
Malgré des chiffres encourageant pour la nature, leur succès reste surtout d’estime. Le surcoût à l’achat décourage plus d’un conducteur. Il faut compter environ 23 000 euros pour rouler vert (après bonus déduit). Les économies d’essences sont insuffisantes pour rentabiliser l’investissement. Lorsque l’on dépasse les 50 km/h, une hybride peut consommer autant qu’une voiture normale. Il suffit de mettre en marche la climatisation pour se rapprocher des huit litres aux cents.
Malgré ces réticences, l’hybride semble plaire aux constructeurs qui se sont engouffrés dans la brèche. Les marques françaises ont annoncé l’arrivée de la technologie pour 2010, voire 2011. Mais, d’ici là, de nouvelles technologies auront eu le temps d’apparaître.
Objectif 0 gramme de CO2
Alors que l’on constatait le retard des français sur le monde entier, Nicolas Sarkozy a annoncé le lancement d’un plan gouvernemental de 400 millions d’euros sur quatre ans. Il souhaite encourager le développement d’une voiture non polluante française. Là encore, les constructeurs étrangers montrent l’exemple en inventant de nombreux véhicules tout électriques.
Malheureusement sur l’ensemble des modèles développés, seule la Venturi Fetish est proposée à la vente. Cette exception hexagonale coûte la petite somme de 540 000 euros !€Bien moins cher, mais tout aussi inaccessible, le roadster Tesla, est annoncé à 109 000$ (80 000 euros). Les voitures électriques sont pour l’instant trop chères.
Une situation qui risque d’avoir du mal à se stabiliser puisque le prix des batteries augmente rapidement. La tonne de Lithium, nécessaire à leur construction, est passée de 350 $ en 2003 à 3000 $ en 2008. D’après une étude alarmiste du cabinet Meridian International Research, les réserves de lithium terrestres ne pourraient fournir que huit millions de véhicules hybrides du type Général Motors Volt. Ce rapport accablant souligne que l’extraction du métal n’est pas sans dégâts sur l’environnement. Au Tibet et en Bolivie, la ressource est souvent extraite sans aucune considération pour les écosystèmes.
Face à ces accusations, des scientifiques ont rappelé que le lithium pouvait être tiré de la mer, avec un coût supplémentaire. De plus, de nouveaux types de batteries sont déjà à l’étude. Encore faut-il que les constructeurs s’y intéressent. Les projets continuent d’utiliser la filière lithium. L’homme d’affaire Vincent Bolloré a dévoilé son véhicule électrique qui devrait être commercialisé dès 2009.
De leur côté, PSA et Renault ont récemment signé un accord avec EDF. Le fournisseur d’électricité s’engage à mettre en place des stations de charges pour les véhicules. Cette alliance permettra d’uniformiser les systèmes. Mais ces promesses pleines de bonne volonté augurent la possibilité de voir EDF devenir la seule entreprise capable d’alimenter les véhicules. Les ingénieurs du groupe développent actuellement une méthode de rechargement des batteries révolutionnaire. Celle-ci risque de ne pas être partagée avec la concurrence. Ce monopole pourrait bien ne pas profiter aux consommateurs qui seraient tributaires des tarifs fixés par l’opérateur.
Verdict
Le pétrole a encore de beaux jours devant lui. Que ce soit sur des modèles classiques ou hybrides, il faudra encore passer à la pompe. L’avenir sera peut être électrique ou à air. Une chose est certaine, dans les deux cas, ces voitures auront besoin d’être rechargées. Le problème est alors déplacé, puisque l’origine de l’électricité aura son importance. Si elle provient des centrales à charbon, les efforts auront été vains.
Un renouvellement du parc auto risque d’augmenter la demande en énergie et de ralentir les ambitions de ceux qui veulent sortir du nucléaire. Quant aux véhicules au biocarburant, l’ONU s’inquiète de leurs répercussions sur les prix alimentaires. Quelles que soient les solutions envisagées, changer nos habitudes ne se fera pas sans sacrifices.