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Coolest, Zano : gueule de bois pour les investisseurs Kickstarter

Les belles réussites du financement participatif ne doivent pas faire oublier que tout n'est pas sans risque pour les internautes. La glacière Coolest ou le drone Zano sont aujourd'hui au cœur des polémiques pour deux raisons différentes.

L'actualité récente nous prouve que soutenir des projets de financements participatifs n'est pas sans risques. Dans deux cas différents le drone Zano ou la glacière Coolest ont déçu ceux qui y ont cru. L'entreprise du premier vient d'être placée en liquidation, quand le second a préféré vendre les glacières sur Amazon plutôt que de les envoyer à ses soutiens Kickstarter.

Des drones qui disparaissent

Le drone Zano de Torquing avait tout du projet trop beau pour être vrai. Ce petit appareil capable de suivre et filmer son propriétaire a été le plus gros succès européen sur Kickstarter. Zano avait réuni 3,3 millions d'euros et pouvait être obtenu en déboursant 200 euros. Cet été, certains ont reçu les premiers produits et ont été déçus par la très mauvaise qualité des drones. En novembre, le CEO Ivan Reedman a quitté l'entreprise pour "désaccords". La semaine dernière, Torquing a annoncé son placement en liquidation. Les 15 000 drones qui ont été commandés ne seront pas livrés. Une pétition a été lancée sur le site change.org accusant l'entreprise de fraude et d'avoir "envoyé les premiers drones à ceux qui les avaient précommandés sur le site et non les investisseurs [sur Kickstarter]". Plus de 2 000 signataires demandent aujourd'hui un remboursement. Il y a très peu de chance qu'ils obtiennent gain de cause.

La glacière n'est plus cool

Autre cas, autre problème, la glacière Coolest avait battu des records en récoltant 12 millions de dollars. Elle avait su se distinguer grâce à ses nombreux gadgets comme une batterie pour recharger ses appareils ou un mixeur. Le tout était proposé à 185 dollars. Les investisseurs qui attendaient leur produit ont eu l'étrange surprise de découvrir qu'il était déjà en vente sur Amazon.com au prix de 499 dollars. Face au tollé, Ryan Grepper, inventeur de la Coolest, a expliqué qu'une grève en Chine avait entraîné des coûts supplémentaires lors de la fabrication. Pour faire face à cette situation, l'entreprise a préféré vendre les premières glacières à tarif élevé chez Amazon. Ryan Grepper a insisté sur le fait que tous les investisseurs recevront leur glacière à terme. Cela n'aura pas suffi à calmer la colère des internautes qui postent massivement des mauvaises critiques sur la page Amazon du produit. L'épilogue n'est donc pas encore écrit, mais la confiance est rompue.

Quelles protections pour les internautes ?

En cas d'échec d'un projet de crowfunding après un financement réussi, les recours pour les internautes sont proches du zéro. Il est parfois possible de demander un remboursement aux créateurs de la campagne, sans être certain de l'obtenir. Du côté des plateformes comme Kickstarter, une fois le projet validé et financé, c'est aux initiateurs d'assurer la suite de la marche. Concrètement, s'ils partent avec la caisse ou font faillite, les internautes peuvent tirer un trait sur leur argent. En cas d'échec du projet, Kickstarter explique que son créateur doit rembourser les investisseurs, ce qui là encore n'est pas toujours possible. Kickstarter décline toute responsabilité, mais les utilisateurs peuvent toujours poursuivre les initiateurs d'un projet (chose difficile quand ils sont dans un autre pays que celui où l'on habite).

Le site se réserve le droit d'interrompre toute campagne qui serait suspecte comme cela a été le cas récemment avec le rasoir laser Skarp. Après avoir récolté quatre-millions de dollars, la page a été fermée car ses créateurs ne pouvaient pas présenter un prototype convaincant. Cela ne les a pas découragés puisqu'ils ont relancé le même concept sur IndieGogo, plateforme connue pour avoir des règles bien plus souples. Par ailleurs, Kickstarter invite les créateurs de projet à définir et présenter les risques lors de leur campagne. Selon le site, les internautes doivent se renseigner sur ceux qui lancent des concepts pour s'assurer que tout se passe bien.

Au final, avec des plateformes de crowdfunding, le risque de financer un projet n'est plus pris par les banques ou investisseurs classiques, mais bien par les internautes. Pire, ils n'ont aucun espoir de réaliser une éventuelle plus-value en cas de réussite ou revente de l'entreprise. Un fait rappelé par l'Oculus Rift, financé à hauteur de 2,4 millions et revendu à Facebook 2 milliards. En somme, les pertes sont supportées par tout le monde, les profits partagés par quelques personnes. L'utopie du financement participatif laisse parfois un goût amer.

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