Comme chaque année, des familles se déchireront sur des débats stériles durant les repas de fêtes, tout en se demandant s'il faut investir toutes ses économies en bitcoin. Mais un autre sujet pourrait prendre l'ascendant : Die Hard – Piège de cristal n'est-il pas le meilleur film de Noël ?
Los Angeles, fête de Noël, le policier new-yorkais John McClane et son épouse Holly sont séparés depuis plusieurs mois. McClane espère recoller les morceaux en l'accompagnant à la soirée de fin d'année de son entreprise, une multinationale japonaise. Alors que McClane s'isole quelques instants, un groupe de terroristes prend en otage l'immeuble. Ils ont tout prévu, sauf McClane.
Ainsi débute l'un des meilleurs contes de Noël jamais réalisé, adapté du livre Nothing Lasts Forever de Roderick Thorp. Car oui, Die Hard – Piège de cristal, qui fêtera ses trente ans en 2018, est bien un film de Noël. Les symboles de la fête sont omniprésents : dialogues, chansons, mais aussi les facéties de McClane, qui tel le père Noël emprunte les conduits d'aération, à défaut de cheminée, tout en prenant à son compte le célèbre Ho-Ho-Ho. Mi-décembre, le Premier ministre du Canada Justin Trudeau a lui aussi rappelé l'évidence lors d'une interview : "Oui, Die hard est un film de Noël, il n'y a aucun doute là dessus". Au-delà des symboles, un film de Noël doit donner de l'espoir, être entouré d'une certaine nostalgie, offrir un vrai enjeu, et une Némésis sans pitié qui poussera le héros à se dépasser. Autant d'éléments où Die Hard fait un sans-faute.
Pieds nus et verre brisé
En 1988, alors que le cinéma d'action était monopolisé par les muscles de Schwarzenegger et de Stallone, Die Hard rompt la tradition avec un gars moyen, Bruce Willis, qui vient gripper le plan des preneurs d’otages. Calvitie naissante, physique de jeune père de famille, fragile en apparence surtout lorsqu'il se retrouve pieds nus dans un enfer de verre brisé, McClane va vivre un véritable martyr tout le long du film. Pourtant, il s'en sortira toujours grâce à ses punchlines savoureuses et le cynisme de l'homme désespéré. Pourtant, il ne cessera pourtant jamais de croire en son combat et sera aidé dans sa quête par un ange gardien à l'autre bout de la radio. C'est aussi la victoire du héros solitaire auquel personne ne croit. Face à Bruce Willis, Alan Rickman livre une savoureuse prestation en chef des terroristes, plus intéressé par l'argent qu'une éventuelle cause. Die Hard respecte ainsi à la lettre le précepte d'Alfred Hitchcock : "plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film". L'ensemble est sublimé par la réalisation de John McTiernan qui utilise le gratte-ciel comme un personnage à part entière et fait preuve d'un sens de l'espace, encore considéré comme une référence aujourd'hui.
Toujours moderne
Trente ans après sa sortie, et même si quelques écrans d'ordinateurs rappellent son âge, Die Hard parvient à conserver une modernité rafraîchissante à l'heure où les blockbusters sans saveur s'enchaînent au cinéma. Ces mêmes blockbusters qui enfilent les petites blagues plus ou moins lourdes sans vraiment faire avancer la narration, quand, de son côté, le cynisme de McClane contribue à apporter des aspérités à un personnage devenu culte. Piège de cristal peut se savourer aussi bien en version originale qu'en français grâce au doublage de Bruce Willis confié à Patrick Poivey et sa voix inimitable. La nostalgie monte d'un cran et la magie de Noël prend définitivement le dessus. Pour des fêtes de fin d'année réussies, rien ne vaut un bon vieux Die Hard (et Gremlins !).