A moins d'habiter sur la lune, difficile d'échapper au buzz Free Mobile qui s'est emparé de la Toile. Alors que les suppositions s’enchaînent à la vitesse de la lumière, les fausses annonces et grilles tarifaires pleuvent tandis que de mystérieux codes apparaissent sur des sites officiels. Free nous livre-t-il une magistrale leçon de marketing, quitte parfois à jouer avec le feu ?
"The rocket is on launch pad" : la fusée est sur le pas de tir. Il aura suffi d'un seul message posté par Xavier Niel sur Twitter le 13 décembre pour déclencher une vague de buzz sans commune mesure. Free Mobile se prépare à débarquer en France, avec la ferme conviction de diviser le prix des forfaits par deux. Rapidement, le site mobile.free.fr remplace la photo d'une carriole par une fusée, confirmant que la métaphore sera spatiale. Ainsi, beaucoup ont espéré retrouver Free Mobile au pied du sapin. Parmi tant d'autres, le forum de hardware.fr est entré dans une ébullition sans commune mesure. Les premières offres, a priori fictives, sont apparues de toutes parts. L'excitation globale du Web fit cependant place à une certaine déception lorsque, la semaine avant Noël, Free Mobile ne s'était toujours pas manifesté. Presque résignés, les internautes firent une pause jusqu'au Jour de l'an, persuadés que le lancement se ferait désormais après les fêtes.
L'esprit de vengeance ?
Le retour du buzz ne s'est pas fait attendre. Néanmoins, point de Xavier Niel pour le coup, puisqu'il est venu d'une gaffe inattendue qui pourrait bien mener son auteur à sa perte. Le 2 janvier, le PDG d'Orange Stéphane Richard fait savoir dans une interview au Figaro qu'“une mamie du Cantal n'a pas besoin des mêmes offres qu'un geek parisien”. La levée de boucliers est immédiate, le Web y voit l'aveu que les moins technophiles continueront de servir de manne financière aux opérateurs. Par ailleurs, en faisant savoir dès à présent qu'ils s'aligneront sur Free, ils laissent sous-entendre qu'ils se sont régalés d'importantes marges pendant plusieurs années. Le rappel de la condamnation pour entente illicite sur les prix contribue un peu plus à façonner cet espoir de "justice".
Au-delà de l'aspect cool que tente de véhiculer l'entreprise, les véritables raisons du buzz sont quasi viscérales, et motivées en partie par le sentiment des abonnés français de s'être fait “plumer” par les opérateurs téléphoniques depuis 15 ans. Free serait-il alors l'esprit vengeur qui rétablira la balance et obligera les "méchants" à dévoiler leur vrai visage ? En ces temps de crise économique, où les dérives des entreprises cherchant à faire toujours plus de profit sont montrées du doigt, le trublion du Net est devenu volontairement un de ces héros modernes que l'on aimerait voir triompher. Une stratégie rondement menée par Xavier Niel, avec tous les risques que cela comporte. En cas d'échec, les espoirs soulevés pourraient se retourner contre lui.
The Free code
Parallèlement à ces déclarations, la communication de Free demeure terriblement geek. Le mardi 3 janvier, le site live.free.fr apparaît sur la Toile avec comme seule illustration une fusée dessinée avec le code ASCII, avec à son pied le nombre 1337. Bien connu de ceux qui ont suivi le lancement de la Freebox Revolution, il veut tout simplement dire “leet”, référence à un langage de la communauté geek. En outre, une exploration de la page permet de découvrir un lecteur vidéo, qui pourrait être utilisé pour diffuser une éventuelle conférence de presse. Quelques heures plus tard, un compte twitter @mamieducantal est apparu, postant des messages humoristiques rédigés dans l'état d'esprit du futur opérateur. Là encore, le Web a largement suivi tandis que la machine médiatique s'est une nouvelle fois mise en branle. Il ne faisait plus aucun doute que l'arrivée de Free Mobile était imminente. Le Nouvel Observateur, informé par une source interne, annonça même un lancement avant le vendredi 6 janvier.
De son côté, l'activité de la page live.free.fr eut tendance à confirmer un peu plus cette sensation. La fusée fut modifiée et afficha une suite de chiffres et de lettres en MD5. Une fois décodé, elle renvoya à plusieurs messages. Le plus récurrent voulait simplement dire : “Je sais pas.” Tels des spécialistes du décodage, les geeks français se mirent en tête de déchiffrer tout ce qui était permis. Cependant, au milieu des blagues et autres annonces fantaisistes faites par certains, difficile de démêler une nouvelle fois le vrai du faux. Pour couronner le tout, le dessin de la fusée changea. Les moteurs sont désormais allumés. Profitant de cette folie exponentielle, des sites mamie du Cantal, profils Facebook du même nom et autres canulars furent créés. Les forums et Twitter furent envahis par les faux visuels d'offres avec fautes d'orthographe et montages Photoshop pixellisés.
Certains se mirent à rêver d'un forfait à 13,37 € HT, d'autres d'une offre tout illimité à 14,99 €. Des plaisantins publièrent de nouveaux codes MD5 à décrypter, annonçant des interviews de Xavier Niel à la radio ou à la télé. Certains officiels de Free rentrèrent eux-mêmes dans le jeu, à l'image d 'Angélique Berge, directrice des relations abonnés, qui lança sur Facebook jeudi soir un “Ohhhh Free Mobile ♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥”. Enfin, de fausses invitations à une conférence de presse qui aurait lieu le 12 janvier sont apparues sur le Web vendredi matin. Perdus, les médias sérieux se mirent à reprendre des canulars. Pourtant, le flou absolu demeure.
Un jeu dangereux
Malgré tout ce remue-ménage, Free Mobile reste aujourd'hui une délicieuse abstraction. Pour l'instant, aucune vraie offre n'a été dévoilée, en théorie. Une montre cassée indique toujours l'heure deux fois par jour. Il est possible que l'un des faux soit juste malgré lui. Cependant, Free joue actuellement un jeu dangereux, auquel aucune entreprise française ne s'est jamais attaquée. Laissant chacun s'imaginer une offre idéale, l'opérateur se heurte au risque d'engendrer une profonde déception. Les tarifs de 14,99 euros ou 15,99 pour du tout illimité sont ceux qui reviennent le plus souvent dans les faux. Trop bas, voire irréalisables, pour certains, ils sont devenus des sortes de prix psychologiques. De ce fait, si l'on se retrouvait avec une offre au final supérieure à 24,99 euros, il est indéniable que Free pourrait être confronté à l'un des pires "bad buzz" de l'histoire du Net français. Par ailleurs, au début du lancement, la véritable offre pourrait bien être noyée dans cette masse de fausses informations qui a déjà marqué les esprits.
Par excès de confiance, ou peut-être parce qu'il va véritablement révolutionner le marché du mobile, Xavier Niel a lancé une machine qui semble aujourd'hui incontrôlable et qui pourrait se retourner contre son créateur. Les prochains jours seront ceux de la révélation et de la réaction en chaîne. Cependant, impossible de dire dans quel sens tomberont les dominos. Une chose ressort de tout cela : les Français semblent espérer que Free mette un terme à une situation qui n'a que trop duré. Un petit regard sur l'Europe permet de se rendre compte des prix élevés pratiqués en France. Ainsi, en Autrice, Orange propose un forfait de 1 000 minutes avec 1 000 SMS et 1Go de données avant bridage à 7,50 euros (capture à gauche). Nos forfaits actuels sont donc en voie de disparition.
MAJ : Vendredi 6 janvier à 16h, une animation cachée est arrivée sur la page officielle. Une fois dessus, il suffit de faire le Konami code avec son clavier ↑ ↑ ↓ ↓ ← → ← → B A pour voir apparaître une fusée.
MAJ 2 : Les freenautes ont eu la surprise de voir un message s'afficher ce soir sur leur freebox :
"Le lancement de l'offre mobile de Free est imminent. Préparez dès à présent votre changement d'opérateur mobile. Pour conserver votre n° de téléphone mobile actuel, appelez maintenant le 3179 (appel gratuit) depuis votre mobile afin d'obtenir votre Relevé d'Identité Opérateur (RIO) qu'il vous suffira de communiquer à Free lors de votre inscription." Une annonce identique avait été faite dans la journée sur ce qui semble être la page facebook officielle de l’opérateur.
MAJ 3 : la vraie carte Sim se montre en photo
Les choses s’accélèrent et prennent pour le coup un ton plus sérieux. Une photographie de la carte Sim Free Mobile vient d’apparaitre sur le site mobile.free.fr. Prédécoupée, elle s’adaptera automatiquement à tous les formats du marché.
MAJ 4 du 7 janvier : "la caravane se met en route vers le château"
Une nouvelle image composée de plusieurs cartes Sim est désormais visible sur le site mobile.free.fr. Une phrase est cachée sur la page : "la caravane se met en route vers le château". Cette dernière est une nouvelle référence aux propos de Martin Bouygues en 2004 qui avait affirmé à propos des opérateurs virtuels : "Le château m’a coûté une fortune, ce n’est pas pour que des romanichels viennent s’installer sur ma pelouse". Ces derniers avaient déjà été tournés en dérision lors du lancement de la page mobile.free.fr qui affichait à ses débuts une roulotte tirée par un cheval.
MAJ 5 du 8 janvier : "Le château est enfin en vue mais on n'aperçoit pas encore bien les pelouses".
Un nouveau visuel composé de cartes Sim a fait son apparition sur mobile.free.fr, ainsi qu'une nouvelle phrase cachée se moquant une fois encore de la citation de Martin Bouygues : "Le château est enfin en vue mais on n'aperçoit pas encore bien les pelouses".
MAJ du 9 janvier : La conférence de lancement se déroulera Mardi 10 à 8h30. Elle sera diffusée en direct sur le site https://live.free.fr/. Nous vous tiendrons informé des tarifs et offres dès qu'ils seront dévoilés.
Retrouvez également notre article : Free Mobile : les conseils pour changer facilement d’opérateur
Très juste. La com' de Free reste geek et un peu élitiste par rapport aux offres des gros joueurs.Je préfère pour ma part attendre un peu, le temps que le réseau soit optimal.
Le code qui se cache derrière la photo de la carte Sim sur le site mobile.free.fr est : 'Ca y est : on harnache les chevaux aux roulottes'...Ca se met en place tout doucement !!
Bonjour je trouve votre article très réaliste félicitation à la rédaction de LYON CAPITALE. J'espère que FREE MOBILE ne va pas décevoir perso je trouve la France très en retard quand je vois l'évolution en Europe il y a rien d'extraordinaire. Un sujet à suivre en 2012 à Lyon afin de palier au manque de place sur la bande FM c'est la RNT Lyon a besoin de place pour des nouvelles radio. Merci pour l'article Frabçois.