Hadopi se vante d'avoir fait baisser le piratage pour mieux se protéger avant la présidentielle

Dix sept mois après l’envoi du premier mail d’avertissement, Hadopi vient de publier une nouvelle analyse. Selon elle, le piratage par peer-to-peer aurait baissé tandis que l’offre légale aurait progressé. Hadopi a-t-elle vraiment fait baisser le piratage ou se protège-t-elle avant l’élection présidentielle ?

Des méthodes contestables

La Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet vient de se réjouir d’une baisse du téléchargement par peer-to-peer, en 2011. La conséquence est parfaitement logique puisque, le P2P a été largement surveillé et seuls ses utilisateurs ont reçu des avertissements. Ainsi, selon une étude Médiamétrie/NetRatings, les plate-formes de ce type, auraient vu leurs audiences baisser de 29 % en 2011, tandis que Nielsen apporte le chiffre de 17 %. Par ailleurs, toujours selon Hadopi, 95 % des personnes ayant reçu un mail d’avertissement, n’auraient pas été à nouveau averties tandis que 92 % ayant reçu deux avertissements n’auraient pas eu "de nouveau comportement illicite".

Les adeptes du téléchargement ne seraient pas partis ailleurs...

Prenant les devants face aux critiques qui argumenteraient que les adeptes du téléchargement seraient partis ailleurs, l’autorité conclut sa démonstration en précisant que "Rien ne permet d'affirmer qu'il y a eu un report massif des usages vers les technologies de streaming ou de téléchargement direct". Néanmoins, cette affirmation est à nuancer. Hadopi base sa démonstration sur des enquêtes nécessitant une participation volontaire des usagers du net. Ces derniers ont tous accepté d’installer un mouchard sur leur ordinateur, qui se charge alors de faire remonter les informations sur leurs habitudes de navigation. Dès lors, rien ne les empêche d’utiliser des moyens plus discrets pour télécharger sans surveillance. Les instituts de sondage ont beau corriger leur chiffre, il est difficile de croire que les internautes vont volontairement se dénoncer.

Mais l’audience de Megaupload est en hausse

Tous ces chiffres témoigneraient donc "d’un net recul du téléchargement illégal en France". Pourtant, lorsqu’on s'attarde attentivement sur les données, on découvre qu’avant sa fermeture, Megaupload bénéficiait d’une hausse de son audience. Il en est de même pour les sites de films en streaming comme streamiz, dpstream et film 2 streaming qui voient leurs audiences fortement progresser. L’ensemble de ces sites ayant été fortement impacté par la fermeture de Megaupload, il est dommage que l’étude s’arrête fin décembre.

Légitimer son bilan pour ne pas disparaitre après les élections

Enfin, toujours durant l’année 2011, l’offre légale aurait, elle-même, progressé. L’audience des plate-formes labellisées PUR a augmenté de 20 %. Problème, Hadopi raisonne uniquement en matière de visites et non pas en volume d’achat ou de panier moyen. Dès lors, les conclusions empruntent des raccourcis faciles. Pour de nombreux internautes, une visite ne se traduit pas toujours par un achat et permet parfois même de s’inspirer pour mieux télécharger illégalement par la suite. Par ailleurs, l’étude d’Hadopi ne mentionne à aucun moment les chiffres des ventes physiques. Cette publication ne manquera donc pas d’alimenter les critiques et les réserves. De nombreux candidats à la présidentielle ont déjà fait part de leur volonté de réformer l'autorité ou bien de la supprimer. A quelques semaines de l’élection, Hadopi tente donc de légitimer son rôle sans parvenir à convaincre.

Retrouvez l'intégralité de l'étude d'Hadopi.

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