Loi Chatel menacée : et si on arrêtait le forfait mobile avec engagement de 12 ou 24 mois ?

ÉDITO - Le gouvernement va-t-il mettre fin, en partie, à la célèbre loi Chatel ? Ce dispositif qui permet de quitter son opérateur à moindre frais en cas d'engagement, a été largement utilisé par les abonnés partis chez Free Mobile. Sa disparition serait tout simplement un coup porté aux opérateurs low cost, mais aussi au portefeuille des clients.

La loi Chatel vit-elle ses derniers jours ? Selon nos confères des Échos, le gouvernement songerait à supprimer la partie qui permet aux clients de résilier leur abonnement avec un engagement de deux ans. Après une première année payée en intégralité, ils ne doivent verser qu'un quart de la somme restante. Dans les faits, un client engagé deux ans avec un forfait à 30 euros par mois, peut quitter son opérateur au bout d'un an en ne lui reversant que 90 euros.

La fin de la mesure, présentée aujourd'hui comme non pertinente face à la multiplication des offres sans engagement, permettrait surtout de protéger les opérateurs des résiliations. Aujourd'hui, les clients n'hésitent plus à verser 100 ou 200 euros de solde de tout compte à leur ancien fournisseur pour fuir vers des formules low cost comme Free Mobile, BandYou ou Sosh. Quitte à prétendre que la loi Chatel n'est aujourd'hui plus utile, pourquoi ne pas songer à supprimer totalement les offres avec engagement ?

Le mythe du téléphone à un euro

Présenté comme la seule façon d'avoir un téléphone à bas prix, l'engagement est surtout une forme de paiement en plusieurs fois, dissimulée aux yeux de tous. Les calculs ne mentent pas, à service égal, il est toujours plus intéressant d'acheter son mobile seul et de souscrire à une formule sans engagement. L'arrivée de Free Mobile et la baisse des tarifs des abonnements ont rendu ce constat un peu plus explicite. Le téléphone à 1 euro est un mythe qui n'a jamais existé et son coût est en fait lissé sur la durée de l'abonnement. Tout client qui laisse courir son forfait au-delà des deux ans réglementaires, sans acquérir un nouveau mobile à petit prix, continue donc de payer pour son terminal.

Dans les faits, un Galaxy s3 acheté nu à 650 euros et associé à un forfait de 19,99 euros chez Free Mobile ou Bouygues reviendra toujours moins cher qu'un Galaxy S3 acheté 179 euros lié à un abonnement de deux ans à 60 euros (moyennes constatées). Même en quittant son opérateur au bout d'un an et en profitant de la loi Chatel, le coût total reste toujours moins avantageux (1079 euros à 60 euros par mois contre 889,88 chez BandYou ou Free) .

La fin des engagements et du mythe du téléphone à 1 euro, permettrait plus de transparence de la part des opérateurs, mais aussi une vraie concurrence sur les prix des terminaux. Quant à ceux qui craignent déjà de payer leur mobile plein tarif sans paiement étalé, qu'ils se rassurent. Free Mobile, Sosh, ou bien encore BandYou proposent chacun leur formule de règlement en plusieurs fois, où le coût du crédit est parfaitement séparé de l'abonnement et reste in fine toujours moins cher que n'importe quelle formule incluant un mobile prétendument à petit prix.

Résilier dès maintenant pour partir sur une offre sans engagement

Fin de la loi Chatel ou non, les abonnements avec engagement sont aujourd'hui un anachronisme qui n'a plus de raison d'être pour le client. Clairement avantageux pour les opérateurs, ils servent avant tout à garder les abonnés captifs de forfaits parfois dépassés. Bien que SFR, Bouygues ou Orange fassent régulièrement des points avec leurs clients pour leur proposer de nouvelles formules mieux adaptées, ils en profitent parfois pour les réengager pour deux nouvelles années supplémentaires.

Par ailleurs, bien que les offres non low cost, sans engagement et sans mobile, existent déjà, elles restent encore bien trop chères et dissuasives. Ainsi, dès à présent, mieux vaut résilier son abonnement et partir sur une offre sans engagement à petit prix, faute de proposition plus intéressante pour l'instant. Sosh, Red, bandyou ou bien encore Free Mobile proposent tous des forfaits qui correspondent au plus grand nombre pour des tarifs réduits, même en cas d'achat d'un mobile à plusieurs centaines d'euros.

Quant à la tradition qui veut que le service soit réservé à ceux qui se sont engagés, mettons y fin là encore dans un souci de transparence. Sous prétexte qu'ils sont moins technophiles que les jeunes, les seniors ne doivent pas devenir les victimes d'un système qui les fera payer plus cher durant deux ans uniquement pour qu'ils puissent avoir un conseiller en boutique chargé de configurer leur mobile. N'est-il pas plus pertinent de faire payer le service à ceux qui en ont besoin, avec une facturation à l'acte ou à la carte ?

Enfin, l'absence d'engagement n'est pas incompatible avec le service client et les boutiques. En déployant progressivement des magasins à travers la France, Free Mobile prouve qu'il est aujourd'hui possible d'avoir une aide physique sans qu'il soit nécessaire de s'engager. De ce fait, bien avant que la loi Chatel soit éventuellement supprimée, tout abonné à grand intérêt à refuser dès maintenant toute formule avec engagement.

Le fin de l'engagement destructrice d'emploi ?

Soucieux de conserver leur pré carré aux allures de rente automatique, les opérateurs invoqueront sans doute la question de l'emploi pour protéger la notion d'engagement. Pourtant, en cas de disparition du système, l'effet inverse pourrait bien apparaître. Encore une fois, il est parfaitement possible de distinguer low cost et sans engagement. Rien n’empêche les opérateurs de proposer des forfaits à 30 euros, voir plus, avec des options et des prestations complémentaires sans les accompagner obligatoirement d'un contrat de deux ans.

La fin de l'engagement obligerait surtout les fournisseurs à se dépasser pour ne pas perdre leur précieux clients tout en proposant toujours plus de services pour les satisfaire. Un bon réseau, des conseillers efficaces ou bien un SAV à l'écoute deviendraient un peu plus incontournables dans un contexte où les abonnés pourraient partir du jour au lendemain. Personne ne souhaite voir un monde où l'élément humain est remplacé un simple site de vente en ligne tandis que les petits déboires de jeunesse de Free Mobile ont prouvé que certains étaient prêts à payer plus cher pour avoir l'esprit tranquille. Cela ne doit cependant pas les obliger à signer des contrats sur plusieurs années.

Les opérateurs se plaisent à proclamer que leur réseau est le meilleur, leurs boutiques les plus efficaces et leur SAV toujours à l'écoute. S'ils ont tant confiance en leur système, ils n'ont donc aucune bonne raison de garder captifs leurs abonnés et l'engagement n'a plus aucune raison d'être.

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