Pourquoi l'action Apple n’est toujours pas bon marché

Avec une action autour de 400 dollars, Apple pourrait être une bonne affaire pour certains investisseurs. Un sentiment que ne partage pas le blogueur Salvatore Mattera. Dans un billet publié sur le site The Motley Fool, il estime qu’il ne faut pas se laisser tromper par les chiffres et que l’action Apple n’est toujours pas bon marché. Retour sur les problèmes qui touchent la firme à la pomme.

MàJ à 23h24 : Apple a révélé ses résultats trimestriels (décembre 2012 - mars 2013). Le chiffre d'affaires de 43,6 milliards de dollars est en hausse (+11,22 %) par rapport au même trimestre l'année dernière. Cependant, les bénéfices s'établissant à 9,5 milliards de dollars sont en recul pour la première fois depuis 2003 (-18,10 %). Apple voit également sa marge brute fondre, passant de 47,4 % à 37,5 %.

Pour certains analystes, l’action d’Apple semble bon marché et le moment d’acheter serait arrivé. Une idée que réfute le blogueur Salvatore Mattera. Le 21 septembre 2012, l’action bat son record en montant à 705,07 dollars. Depuis, elle n’a fait que descendre, se situant aujourd’hui autour de 400 dollars. Si on s’en tient seulement aux chiffres et aux diverses mesures, l’action Apple serait donc une bonne affaire. Salvatore Mattera balaie les théories d’un possible rebond, expliquant qu’elles se basent sur ce que la firme à la pomme a fait dans le passé et non pas ce qu’elle peut faire dans le futur.

D’une situation de monopole à une concurrence exacerbée

Apple doit faire face à plusieurs problèmes majeurs qui pourraient empêcher une remontée spectaculaire du cours de son action. Pour Salvatore Mattera : "La récente montée puis descente du cours de l’action n’est pas dure à comprendre. Apple a introduit un nombre impressionnant de nouveaux produits ; la compagnie a eu alors une forme virtuelle de monopole". Mais désormais, la situation a changé. Ces produits comme l’iPad ou l’iPhone ne sont plus seuls sur le marché. D’un monopole rendu possible par l’innovation, Apple se retrouve dans une situation de forte concurrence où d’autres constructeurs proposent des produits proches des siens, à des prix souvent inférieurs. Ainsi Salvatore Mattera pense que les profits d’Apple vont continuer de chuter, car la marque va "perdre des ventes à cause de ses concurrents ou va devoir baisser ses prix de vente".

L’ennemi Google

Pas la peine de chercher loin pour trouver la cause de ces maux, "Steve Jobs avait raison d’être en colère contre Google Android. Cela a détruit l’empire iDevice". Poursuivant son analyse, le blogueur estime qu’il y a un an, l’iPhone était encore le meilleur téléphone sur le marché. En 2013, les smartphones fonctionnant sous Android sont aussi bons voir meilleurs que les smartphones d’Apple. Pire, Le Nexus 4 coûte la moitié du prix de l’iPhone 5. La victoire de Google va plus loin. Les utilisateurs d’Android ont plus de chance d’utiliser les services du géant comme son moteur de recherche, Gmail, Google Docs etc... Conscient de cette situation, Apple a tenté de chasser les services de Google de ses téléphones. Ainsi, l'entreprise a remplacé Google Maps et enlevé Youtube des applications installées par défaut sur les mobiles.

Ne pas se baser sur l’exemple de Microsoft

Toujours selon Salvatore Mattera, certains défenseurs d’Apple se rassurent en prenant exemple sur le passé de Microsoft. Le blogueur leur répond : "Cela est stupide". Microsoft a effectivement eu une croissance faible après l’an 2000, mais a toujours été en situation quasi monopolistique sur le marché des PC. La compagnie s’est également diversifiée en développant des services Web et en se lançant sur le marché des jeux vidéo avec la Xbox. Pour sa part, Apple reste trop dépendant de l’iPhone et de l’iPad, et ces deux produits pourraient voir leurs ventes baisser durant les prochaines années à cause de la compétition avec Android. Le jugement de Salvatore Mattera est alors ferme : "Les investisseurs devraient éviter Apple pour un temps […] l’entreprise fait face à des menaces importantes comme Android et contrairement à Microsoft n’est plus en situation de monopole".

Imposer de nouvelles normes

L’analyse de Salvatore Mattera est pour le moins pertinente. Au-delà de savoir comment va se comporter l’action d’Apple durant les prochains mois, elle rappelle que l'entreprise est condamnée à innover sans cesse et à créer ses propres monopoles.

Or, depuis la mort de Steve Jobs, les produits révolutionnaires se font attendre. L’iPhone reste toujours dans la philosophie du premier modèle sorti en 2007 et son système d’exploitation n’a toujours pas connu de bouleversement majeur. Il en est de même pour l’iPad et sa déclinaison Mini. Ce dernier produit est le parfait exemple du problème majeur qui touche Apple en ce moment. La firme à la pomme n'a pas imposé cette nouvelle norme mais c'est le marché qui a encouragé la sortie de l'iPad Mini.

Innovation(s)

Certains espèrent voir Apple rebondir avec des produits comme une télé connectée ou une montre intelligente. Cependant, là encore, l’entreprise ne sera pas seule sur les starting-blocks. Enfin, en proposant ses propres applications et services sur les appareils d’Apple, Google joue la politique du cheval de Troie. Quand la compagnie à la pomme tente de chasser le loup de la bergerie, cela se retourne contre elle, à l’image de l’application Plans remplaçant Google Maps. Inaboutie et surtout bourrée d’erreurs, elle a poussé Tim Cook à adresser une lettre d’excuse à ses clients. Quand l’application Google Maps est revenue sur l’Apple Store en décembre, elle a été téléchargée plus de dix millions de fois en 48 heures. Les utilisateurs ne pouvaient se contenter de la même chose en moins bien et faute de nouveauté n’ont pas vu d’intérêts à accepter Plans. Au final, le salut d’Apple ne tient qu’à un seul mot : innovation. Sans elle, la compagnie pourrait vivre des prochains mois difficiles.

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