Redonner ses lettres de noblesse à l’écrit dans un monde de l’immédiat où une information chasse une autre, tel est le pari audacieux de Trafalgar Magazine. Rencontre avec des Lyonnaises.
Quand Allison Oswald et Marion Derouvroy lancent le site Trafalgarmagazine.com, en 2014, elles ont une envie commune : faire des portraits littéraires de personnalités lyonnaises audacieuses qui ont moins de 30 ans. À cet instant-là, ces jeunes filles, qui sont allées chercher leur nom dans la chanson Les Copains d’abord de Georges Brassens, n’ont d’autre ambition que celle “d’écrire et de s’éclater”. La belle plume de Marion va pourtant déclencher l’effet papillon.
Les portraits publiés en ligne attirent l’attention et le duo se retrouve face à une demande inattendue : “Une journaliste du Huffington Post nous a contactées pour nous demander qu’on fasse son portrait. On lui répond qu’on ne fait pas ça, qu’on est juste étudiantes.” Allison et Marion “ne s’enflamment pas sur le coup” mais commencent à se dire qu’il faut peut-être faire quelque chose quand les appels se multiplient.
Commander son portrait littéraire en ligne
Elles refusent de publier des commandes sur leur site Trafalgarmagazine.com et décident de monter leur entreprise pour distinguer les deux activités. Allison et Marion lancent alors leportrait-trafalgar.com, qui permet de commander des portraits littéraires. Le slogan est imbattable et efficace : “Vous avez l’aplomb ? Nous avons la plume !”
Plusieurs formules sont proposées aux clients, toujours sur devis : le portrait Linkedin pour illustrer sa page sur le réseau social pro est à 400 euros, le grand portrait comme ceux du webzine à 1 200 euros. Rien n’est figé, ajoute Marion : “On est ouvertes aux offres pour particulier. On a rencontré quelqu’un au chômage qui voulait qu’on fasse son portrait pour qu’il retrouve du travail, on adapte nos tarifs dans certaines situations.”
Après une première rencontre et un entretien, où Marion n’hésite pas à poser des questions qui dérangent, vient le moment où elle fait parler sa plume. Une fois terminés, les portraits sont livrés sur une clé USB, format carte de visite, aux couleurs de Trafalgar. Pour les pros, c’est dans un porte-documents, avec une impression papier et clé USB. “On cède les droits d’auteur, les clients sont libres de faire ce qu’ils veulent du portrait, de nous citer ou non”, précise Marion. Une limite : elles s’interdisent les portraits de politicien. Pas la peine d’appeler, ils seront éconduits.
Le début d’une belle aventure
Trafalgar s’est structuré. Bérengère la Parisienne a rejoint l’équipe pour gérer la communication. Allison s’occupe de l’organisation du magazine en ligne et Marion est devenue chef d’entreprise tout en continuant d’écrire. Les cocréatrices ne se payent pas, pour l’instant : “Les contrats servent à rémunérer notre équipe, comme les photographes ou les autres plumes.”
Leur but ultime : “Que le portrait remplace un jour le CV et la lettre de motivation”, affirme Marion, espiègle. Aujourd’hui, elles sont fières de présenter leur prochaine étape : “On a été approchées par un éditeur pour sortir un livre de portraits à Noël.” Il sera proposé sur une plateforme de financement participatif. La réussite sourit aux audacieuses.