Au-delà des caractéristiques techniques et des polémiques sur certaines contraintes, l’affrontement entre Microsoft et Sony permet de distinguer deux types de communication. Le premier s’enfonce dans un cynisme parfois malvenu, tandis que le second joue la carte de l’humour et se moque de son concurrent.
Il faut parfois laisser son adversaire montrer sa stratégie pour éviter de faire les mêmes erreurs. En préférant opter pour le silence, Sony a marqué des points face à un Microsoft sans doute trop en avance sur son temps. En effet, en annonçant la fin de l’occasion de particulier à particulier, la non-rétrocompatibilité des jeux Xbox 360, l’obligation d’avoir la caméra Kinect 2 branchée sur une console qui doit être synchronisée toutes les 24 heures, Microsoft n’a clairement pas fait l’unanimité. Alors que le géant américain aurait pu parfaitement contrôler sa communication et faire preuve de pédagogie, il s’est enfermé dans un cynisme malvenu, laissant son concurrent Sony jouer la carte de l’humour avec efficacité.
Les erreurs de communication de Don Mattrick
“Si vous êtes rétrocompatible, vous êtes rétrograde”, “Vous n’avez pas Internet ? Nous avons l’Xbox 360, qui est un appareil offline”… Don Mattrick, président de la section Interactive Entertainment de Microsoft, multiplie les déclarations cyniques qui ne manquent pas de mettre le feu aux poudres. Forcément, en pleine polémique, les propos passent mal. Pour ne rien arranger dans la stratégie de communication de Microsoft, le géant américain a laissé trop longtemps planer les rumeurs et autres imprécisions sur les obligations entourant sa console. Alors que le produit fut annoncé le 21 mai, c’est seulement le 7 juin que Microsoft a expliqué comment fonctionnerait la revente des jeux d’occasion ou bien encore s’il était possible de désactiver la caméra Kinect. Durant quinze jours, les suppositions se sont enchaînées et il sera désormais difficile de casser les idées reçues.
Humilité et humour chez Sony
Face à Microsoft, Sony a opté pour une stratégie radicalement différente tout en présentant sa PlayStation 4 comme une console de jeu avant tout. Ainsi, lors de la conférence qui s’est tenue dans la nuit de lundi à mardi, le constructeur japonais en a profité pour tacler son concurrent, affirmant que la PlayStation 4 permettra de revendre ses jeux achetés sur support physique, de les prêter à des amis, que la caméra était optionnelle tandis que la console ne nécessitait pas une connexion Internet pour fonctionner. Sony en a également profité pour se moquer de Microsoft en dévoilant une vidéo expliquant comment se passait le prêt de jeu sur PlayStation 4 (voir ci-dessous). Cette stratégie basée sur l’humilité et l’humour a clairement réussi au Japonais, faisant oublier l’arrogance de l'ère PlayStation 3.
Paradoxalement, les annonces de Sony qui auraient pu avoir un effet négatif ont été facilement acceptées. L’obligation de payer un abonnement de 5 euros par mois pour jouer en ligne ou la rétrocompatibilité assurée par une plateforme de jeu en streaming, dont on ignore tout, sont ainsi passées comme une lettre à la poste. Un seul sentiment est resté : le Japonais n’a pas fait comme son concurrent. Des éléments récemment publiés par le magazine Edge tendent à prouver que Sony était prêt à mettre en place des mesures proches de celles de Microsoft. Mais le constructeur japonais a préféré renoncer à toute mesure négative pour marquer des points auprès des joueurs. Pour combien de temps ? La PlayStation 5 suivra sans doute le mouvement, à moins que l’Xbox One ne soit un fiasco complet. Les systèmes de contrôle étant massivement demandés par les éditeurs, ils devraient s’imposer un jour ou l’autre sur toutes les consoles.
Juste une histoire de communication
Malgré ces deux types de communication, le constat reste sans appel. Deux éléments posent véritablement problème sur l’Xbox One : l’obligation de brancher Kinect 2 et l’impossibilité de la revente de jeu ou du prêt de particulier à particulier. La connexion toutes les 24 heures tend à devenir un faux problème, les consoles étant désormais quasiment toujours reliées à Internet, notamment pour permettre aux éditeurs de mettre à jour leurs jeux vidéo. La bataille n’est donc pas perdue pour Microsoft. Le géant américain peut encore faire machine arrière, restaurer le principe de l’occasion et autoriser de débrancher Kinect 2. La console ne sortira qu’à la fin de l’année, il reste encore du temps pour voir si Microsoft assume ses décisions jusqu’au bout. Dans le pire des cas, il pourra toujours les expliquer, mais mieux vaut éviter de provoquer le consommateur avec des phrases cyniques. Le client reste roi.