À moins de trente minutes en voiture de Chamonix, la station de ski de Courmayeur, aux portes de la Vallée d’Aoste, déroule ses larges pistes au panorama époustouflant sur le Monte Bianco. Embrassez l’ambiance chic et décontractée de ce village valdôtain, où chante le bel accent italien. Un séjour à la neige transfrontalier, promesse d’un véritable voyage gustatif.
Juste à la sortie du tunnel du Mont-Blanc, côté italien, Courmayeur, avec ses 2000 habitants à l’année, a gardé le charme des villages montagnards d’antan. La station, qui s’est développée dans les années 1960-1970, est composée de plusieurs petits hameaux dotés de baitas, ces chalets traditionnels italiens en pierre et bois, recouverts de toits de lauzes, typiquement valdôtains. Rappelant nos chalets savoyards, ils alternent avec des constructions plus modernes, dans une harmonie savamment dosée.
Un cœur de village piéton
Entièrement piéton, le centre-ville historique est traversé par la via Roma, petite rue principale où se succèdent hôtels, boutiques de luxe et bâtiments historiques.
Repérable à son haut clocher, l’église Saint-Pantaléon, au décor baroque, fait face au musée des guides, tandis que la tour de pierre Malluquin témoigne du passé médiéval du village.
Station huppée, au chic décontracté, les vitrines illuminées des grandes marques françaises rivalisent avec les noms de la haute couture italienne. Car les Milanais, depuis les années 1970, ont fait de Courmayeur leur pré carré.
L’offre hôtelière, variée, présente de beaux établissements haut de gamme, où spas et espaces bien-être permettent de se détendre après le ski. Établi dès 1854, le Grand Hôtel Royal & Golf vit ainsi passer Marguerite de Savoie, reine d’Italie, passionnée d’alpinisme. Si le centre-ville est dominé par le mont Chétif cachant le mont Blanc, celui-ci se révèle dans toute sa splendeur une fois sur les pistes.
Du grand ski face au Monte Bianco
Desservi par trois téléphériques au départ de Courmayeur centre-ville, Dolonne et val Vény, le domaine skiable s’étend sur deux versants connectés : Plan Chécrouit et val Vény.
Plus de trente-trois pistes, tous niveaux, déroulent leur tapis blanc avec pour toile de fond le majestueux mont Blanc. Dévalez les pistes mythiques de l’Internazionale ou de l’Aretù, à la vue vertigineuse sur le village de Courmayeur, rendu célèbre en Italie dans les années 1970 par le comique Fantozzi, le Mr. Bean italien.
Côté val Vény, la piste rouge Gigante face au mont Blanc descend jusqu’au pied du toit de l’Europe. Sensation étourdissante garantie, le mont Blanc n’a jamais été aussi proche !
Féerie hivernale au val Ferret
Royaume du ski de fond et des raquettes, le val Ferret est une longue vallée, au départ du hameau de Planpincieux.
Une promenade facile mène sur environ 5 kilomètres, aller-retour, à Pra Sec. Vous marchez ici au pied du massif du Mont-Blanc, où se découpent l’aiguille Noire et les Grandes Jorasses.
Rendue piétonne depuis cet été, cette vallée, au pied des montagnes, semble tout droit sortie d’un conte de fées avec ses arbres ployant sous la neige et ses chalets typiques. La Suisse est toute proche ! Au fond de la vallée, le col Ferret marque le passage vers le val Ferret suisse.
Voyage des papilles en pays valdôtain
Avec ses recettes valdôtaines et italiennes, plongez dans la tradition culinaire à Courmayeur, promesse d’un véritable voyage gustatif.
Au menu se déclinent nombre de produits d’Aoste dont la seule évocation fait saliver : lard d’Arnad, d’une blancheur à la grande douceur, jambon cru de Bosses, motsetta, carpaccio de cerf…
Côté fromages, la fontina se retrouve aussi bien sur un plateau à côté du bleu d’Aoste ou de la tomme de Gressoney, que fondue, comme notre raclette.
Découvrez aussi le fromage de chèvre produit on ne peut plus localement à Courmayeur par la Société agricole Mont Blanc. Les pâtes, risottos ou la polenta sont indétrônables en primi piatti et le gibier, dans cette région de montagne, souvent commun en secondi.
Autre particularité de la Vallée d’Aoste : du pain noir accompagne toujours le pain blanc.
En dessert, laissez-vous surprendre par les châtaignes au miel recouvertes de chantilly, ou encore le mont-blanc, gourmandise à la crème de châtaignes, autre produit local.
Le saviez-vous ?
Si le nom de Courmayeur ne sonne pas très italien, c’est que la Vallée d’Aoste, qui faisait partie de la maison de Savoie, a une longue tradition de langue française.
En 1561, le duc de Savoie déclare le français langue officielle. Aujourd’hui encore, la Vallée d’Aoste bénéficie d’une autonomie grâce à son bilinguisme français-italien.
Le franco-provençal, dialecte local, est lui aussi encore répandu. Pendant la période mussolinienne, les fascistes tentent d’italianiser la Vallée d’Aoste en supprimant l’enseignement du français et en italianisant les toponymes.
La ville de Courmayeur est ainsi rebaptisée Cormaiore, avant de reprendre son nom après-guerre. De nombreux noms de famille, d’échoppes ou de restaurants, comme La Chaumière ou L’Auberge de la Maison, ont ainsi des consonances bien françaises !
Cave Mont Blanc : un des vignobles les plus hauts d’Europe
Rassemblés en coopérative depuis 1983, les quatre-vingts propriétaires de la Cave Mont Blanc exploitent un vignoble de dix-huit hectares entre Morgex et La Salle, à une quinzaine de kilomètres de Courmayeur.
Sa particularité ? Son vignoble s’étageant de 900 à 1 200 mètres d’altitude, c’est un des plus hauts d’Europe. “Nous travaillons avec des vignes franches de pied. Notre seul cépage, le prié blanc, n’a jamais été greffé à des cépages américains résistant au phylloxéra comme la plupart des autres vignes européennes attaquées par le parasite à la fin du XIXe siècle. Nos hivers rudes et notre sol très pauvre n’ont jamais permis au puceron de se développer”, explique Nicolas Bovard, président de la Cave Mont Blanc.
Les vignes très hautes, presque à hauteur d’homme, ont ainsi un long cycle de vie, de 100 à 150 ans. La production – 140 000 bouteilles par an – se partage à moitié entre un vin tranquille et un mousseux, vieilli vingt-quatre mois. Depuis 2015, Cave Mont Blanc produit une Cuvée des Guides, où la seconde fermentation s’effectue dans la station du Pavillon, à près de 2 200 mètres d’altitude.
Plus d’infos : www.cavemontblanc.com
Un haut lieu de l’alpinisme
Sommet de l’Europe oblige, la Société des guides alpins de Courmayeur, créée en 1850, est la première d’Italie et la deuxième au monde après la Compagnie des guides de Chamonix, établie en 1824.
Une profession dont le nom, comme sa consœur française, est lié au naturaliste suisse Horace Bénédict de Saussure. Obsédé dès ses jeunes années par la conquête du mont Blanc, il promet une récompense pour son ascension et multiplie les tentatives, cherchant un parcours entre la Haute-Savoie et la Vallée d’Aoste.
L’ascension est finalement réalisée côté français en 1786 par Jacques Balmat et Michel Gabriel Paccard, puis par Saussure l’année suivante. Réputée bien plus difficile (encore aujourd’hui), il faudra attendre 1863 pour que le Valdôtain Julien Grange complète l’ascension du mont Blanc par le versant de Courmayeur.
Dès la fin du XVIIIe siècle, se développe ainsi à Courmayeur un tourisme alpin, jusqu’alors davantage tourné vers les thermes. Un petit Musée alpin retrace cette histoire au cours des siècles à travers d’anciens outils ou équipements, de nombreux guides de Courmayeur ayant participé aux plus folles expéditions du pôle Nord au K2.
Clin d’œil
La famille Grivel, originaire de Courmayeur, est à l’origine de la célèbre marque d’équipements d’alpinisme, fondée en 1818, et dont le siège est toujours à Courmayeur.
Skyway : une gageure technologique pour toucher le ciel
Remplaçant depuis 2015 le premier téléphérique qui, dès 1947, s’envolait de Courmayeur vers la pointe Helbronner, Skyway Monte Bianco est un pari fou d’ingénierie et de technologie.
Doté de cabines sphériques, aux parois de verre, qui tournent sur elles-mêmes tout en offrant un spectacle à 360 degrés, Skyway nous emporte en quinze minutes à 3 466 mètres d’altitude.
Première halte : la station Pavillon, à 2 173 mètres, semble tout droit sortie d’un film de James Bond. Le Pavillon héberge le Hangar 2173, qui raconte en images cette aventure technologique, mais également un cinéma de 150 places (le plus haut d’Europe), un restaurant, une salle dédiée à Cave Mont Blanc ainsi que l’Infinity Room, expérience immersive où les murs en miroir nous emportent au cœur de la montagne. Grâce à des cabines complètement silencieuses, bouquetins et chamois sont très souvent observables pendant la montée.
L’ascension continue, direction la pointe Helbronner. Cette dernière station, à l’architecture futuriste et asymétrique, rappelle le découpage de cristaux de montagne. Posée à 3 466 mètres, on y trouve un petit musée sur les cristaux du mont Blanc, un bar, la Feltrinelli (la librairie la plus haute d’Europe) et à l’extérieur une terrasse panoramique avec vue à 360 degrés sur les sommets du Mont-Blanc. Une prouesse technologique qui, en quelques minutes, hiver comme été, nous fait franchir plus de 2 000 mètres de dénivelé. Le vertige à portée de tous !
Plus d’infos : www.montebianco.com/fr
Où manger ?
• La Terrazza
Cuisine traditionnelle raffinée
https://ristorantelaterrazza.com/
• Château branlant
Restaurant sur les pistes, cuisine régionale aux portions généreuses
www.chateaubranlant.com
• L’Aubergine
Cuisine de terroir sophistiquée
www.aubergemaison.it/fr/restaurant-laubergine/
Où se loger ?
• Gran Baita, hôtel 4 étoiles à l’ambiance cosy, cheminée et spa
www.alpissima.it/gran-baita/
• L’Auberge de la Maison, hôtel 5 étoiles
Décor chaleureux et raffiné, avec spa
www.aubergemaison.it
• Hôtel Dei Camosci, hôtel familial 3 étoiles
www.hoteldeicamosci.com
À noter : la plupart des hôtels sont dotés de navettes gratuites pour rejoindre le téléphérique. Des navettes gratuites relient également tous les hameaux de Courmayeur.
À faire
• Courmayeur design week-end, du 1er au 4 février 2024
Rencontres, expositions et conférences avec un relooking des télécabines de Dolonne.
• Mountain Gourmet Ski Experience, 9e édition du 22 au 24 mars 2024
Rendez-vous de haute cuisine en altitude avec les chefs étoilés Jean-Philippe Blondet et Claude Bosi.
Comment y aller ?
• En voiture, comptez 3 heures 30 via le tunnel du Mont-Blanc (ouvert toute la saison hivernale)
• En train, comptez 4 heures jusqu’à Chamonix et 30 minutes de transfert en bus ou taxi