Baptisé “l’émeraude des Alpes” par Stendhal pour ses montagnes couvertes de vertes forêts, trouées d’alpages et sillonnées de rivières, le massif de la Chartreuse exerce une fascination particulière. Berceau de l’ordre des Chartreux – les moines s’y sont installés en 1084 –, ses montagnes sont empreintes de leur histoire millénaire. Les Caves de la Chartreuse, à Voiron, ont récemment fait peau neuve avec un espace entièrement réaménagé. L’opportunité parfaite pour (re)découvrir les dessous de cette fascinante liqueur produite par les moines et s’élancer sur les nombreux chemins de randonnée qui traversent le massif.
On ne se lasse pas du massif de la Chartreuse, accessible en moins d’une heure trente de Lyon en voiture. Il abrite de merveilleuses cascades, parfois méconnues et de beaux sommets dont le plus emblématique, le Grand Som, dévoile une vue plongeante sur le monastère de la Grande-Chartreuse. Mais nombre de cimes révèlent un panorama exceptionnel comme la dent de Crolles, ou encore le mont Granier, où il n’est pas rare, sur ses sentiers escarpés, de croiser des bouquetins. Ce massif, réputé parfois austère, a su conserver une nature préservée, souvent ponctuée de marques laissées dans le paysage par les moines chartreux.
Le nouveau site touristique des Caves de la Chartreuse
Après dix-huit mois de travaux, le nouveau site des Caves de la Chartreuse a récemment ouvert ses portes. Cet espace muséal, de 2 500 m2, entièrement réaménagé et rénové, conte, le long d’un parcours ponctué de 1 200 pièces patrimoniales, l’histoire de la célèbre liqueur alpine, toujours produite par les moines.
Encore aujourd’hui, seuls deux chartreux en connaissent la précieuse recette qui compte pas moins de 130 plantes ! L’histoire raconte que le maréchal d’Estrées remit un manuscrit avec la mystérieuse recette aux moines en 1605. Après 150 ans de recherches et d’expérimentations, ils mirent au point l’élixir végétal en 1764 puis, en 1840, la chartreuse verte et jaune, toujours à la mode dans les bars branchés des capitales, jusqu’à New York !
Une visite guidée, suivie d’une dégustation, emmènera le visiteur au cœur de cette palpitante histoire. Films et affiches d’époque, maquettes, expériences visuelles et sensorielles vous immergeront dans le savoir-faire des moines chartreux, tandis que les ingrédients demeurent, eux, bien secrets !
Plus d’informations et réservations : www.chartreuse.fr
Tous les jours de 10 h à 18 h, visites guidées d’1 heure 15 (réservation fortement conseillée, groupe limité à 19 personnes par visite). Visite en nocturne libre chaque premier jeudi du mois entre 18 h et 21 h (dernière entrée à 20 h).
Le saviez-vous ?
L’ordre des Chartreux a été fondé par saint Bruno en 1084. Guidé par un songe, il s’installe en Chartreuse avec ses six compagnons. L’ordre atteint son apogée au XVIe siècle avec plus de 200 monastères dans le monde entier. Aujourd’hui, l’ordre compte 22 maisons (16 de moines et 6 de moniales).
Le musée Arcabas : un étonnant témoin de l’art sacré contemporain
Au cœur du parc de la Chartreuse, le hameau de Saint-Hugues abrite l’étonnant musée Arcabas. Il s’agit en fait d’une petite église, entièrement décorée par le peintre et sculpteur Arcabas pendant plus de trente-cinq ans. On peut y voir son style s’affirmer et évoluer. Le musée constitue une des plus surprenantes réalisations d’art sacré contemporain.
Entrée libre. Tous les jours de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h (fermé le mardi)
Plus d’informations : https://musees.isere.fr/page/musee-arcabas-en-chartreuse-le-musee
Remonter la source du Guiers Mort
La cascade du cirque de Saint-Même, où le Guiers Vif prend sa source, est ultra connue et prisée. Au point qu’en été un parking payant régule sa fréquentation. Pourtant, une autre promenade, facile d’accès, mais beaucoup moins renommée, offre une agréable approche en forêt et conduit à la source du Guiers Mort, qui jaillit d’une grotte. Une curiosité géologique pleine de charme ! Au départ du hameau de Perquelin, à deux pas de Saint-Pierre-de-Chartreuse, un chemin balisé vous conduit à une première cascade, celle de la Fontaine noire, et continue en forêt.
En fonction du débit du Guiers, il est possible ou non d’entrer dans la grotte qui forme une assez grande salle. Pensez à vous munir d’une lampe torche ! Très souvent accessible en été, on peut voir la source sortir de la paroi, quelques dizaines de mètres après l’entrée. La grotte est aussi le point de départ d’excursions spéléo, mais là, il vous faudra être accompagné d’un guide.
Contempler la Grande-Chartreuse depuis le sommet du Grand Som
Quatrième sommet de Chartreuse, le Grand Som offre un magnifique panorama sur l’ensemble du massif. De son sommet, qui culmine à 2 026 mètres, vous pourrez admirer le monastère de la Grande-Chartreuse. Il abrite encore aujourd’hui une trentaine de moines mais ressemble, vu d’en haut, à une véritable petite ville !
Dans la zone de silence du désert de Chartreuse (qui entoure le monastère), la randonnée invite à la contemplation. Plusieurs circuits sont envisageables (avec possibilité d’effectuer des boucles), néanmoins il vous faudra compter avec une dénivelée d’au moins 600 mètres et environ cinq heures de marche.
À la découverte des haberts
Ces anciennes granges témoignent de l’activité agro-pastorale des moines chartreux qui faisaient paître de larges troupeaux de vaches et moutons. Le habert se compose d’une vaste grange et d’un petit logis attenant où se faisait le fromage. Une vingtaine de haberts existaient autour du monastère, tous reliés par de petits sentiers. Beaucoup sont aujourd’hui en ruines mais plusieurs, en bon état, sont facilement accessibles comme le habert de Billon ou de Malamille. Une jolie boucle, bien balisée, au départ de la Correrie vous amènera via le habert de Billon au col de la Ruchère avec un retour par la jolie chapelle Notre-Dame de Casalibus, construite sur un gros rocher.
Les délices de Rouge Gorgette
À Saint-Christophe-la-Grotte, installée dans une ancienne grange cartusienne, retapée en famille, Marie-Hélène Billard s’est lancée depuis 2020 dans la production de fruits rouges tout en bio. Ses confections, concentrées en fruit – pâtes de fruit, sirops (de fraise, mais aussi de menthe ou verveine), confitures de fruits rouges ou encore de cynorhodon –, sont vendues directement à la ferme (sur commande), sur les marchés de Chartreuse ou dans les épiceries locales. Ici, pas de pesticides et c’est un petit troupeau de brebis qui sert à la tonte du terrain, traversé par le ruisseau de la Gorgette. Éprise de nature, Marie-Hélène l’est aussi de voyages. Avec son mari et ses trois enfants (alors âgés de 8, 10 et 12 ans), la famille s’est lancée en 2019 dans un périple à vélo de Chambéry au Sénégal (7 000 kilomètres) ! Une aventure à retrouver dans un film documentaire et un livre.
Plus d’informations et commandes : 06 58 25 86 26 – rougegorgette@gmail.com – www.petitprinceavelo.net
Un mystérieux glacier sous la Chartreuse
Peu connu du grand public, le mont Granier abrite une cavité au nom qui fait rêver : le Grand Glacier de Chartreuse. Les entrailles de la montagne cachent-elles un mystérieux glacier souterrain ? Il s’agit à proprement parler davantage d’une glacière que d’un glacier, c’est-à-dire d’une grotte servant de piège à froid. Petit à petit, comme pour un glacier de surface, la neige accumulée se transforme en glace. Un phénomène unique en Chartreuse et dont la beauté vertigineuse – un des puits d’entrée au-dessus du lac gelé mesure 50 mètres de haut – lui a fait gagner le nom de gouffre du Grand Glacier.
Malheureusement, victime du réchauffement climatique, il commence à fondre. “La grotte est longtemps restée dans des températures négatives, mais depuis 2014, la température est passée en positif”, explique Kévin Carpin, alias Iconogone, photographe spécialisé et explorateur spéléo. Émerveillé par sa découverte chartroussienne, il a depuis entrepris un projet photographique un peu fou. Son objectif ? Photographier une quinzaine de glaciers souterrains dans les Alpes, qui menacent, avec la hausse des températures, de disparaître à jamais. Et constituer ainsi des archives de ces lieux peu explorés et qui déjà, pour certains, ont disparu de nos cartes IGN.
Infos pratiques
Où loger ?
• La Trafolle, deux cabanes cocoon et tout confort dans les arbres
• Les Essarts – Saint-Pierre-de-Chartreuse – www.chartreuse-tourisme.com
• Château d’Apremont – Maison d’hôtes dans un ancien château féodal www.chateauapremont.com
• Le chalet de Manu – Nid douillet dans un ancien grenier savoyard – www.gites-de-france
Où se restaurer ?
• La Table du moulin des Chartreux – Cuisine gourmande et raffinée – Saint-Pierre d’Entremont - www.moulin-des-chartreux.com
• L’auberge du Sappey – Cuisine de montagne – Le Sappey-en-Chartreuse
• La ferme de Brévardière – Cuisine de produits locaux – Saint-Pierre-de-Chartreuse – www.brevardiere.fr
À ne pas manquer
• 12 dates du 13 juillet au 18 août : Révolution, spectacle déambulatoire sur la Voie sarde, à Saint-Christophe-la-Grotte – www.grottes-saint-christophe.com
Comment s’y rendre ?
• En voiture : environ 1 h pour Voiron
• En train : Lyon-Voiron, 1 h