Bellecombe-en-Bauges © C. Haas / Grand Chambéry Alpes Tourisme

Escapades en Savoie : ressourçant massif des Bauges

Telle une île de montagnes s’élevant de la plaine, bordant les lacs du Bourget, d’Annecy et la combe de Savoie, le massif préalpin des Bauges, comme ceux de la Chartreuse ou du Vercors, est probablement le plus méconnu. Sa nature préservée et ses authentiques villages en font pourtant une destination de choix pour déconnecter le temps d’un week-end, loin de la ville, et découvrir à pied, à ski ou en raquettes, ses paysages poudrés.

À environ 1 heure 30 en voiture de Lyon, le massif des Bauges, à cheval sur les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, se dresse comme une forteresse rocheuse émergeant des vallées urbanisées. Situé entre Chambéry, Aix-les-Bains, Annecy et Albertville, le massif déploie ses falaises sauvages aux reliefs calcaires marqués de plis et replis et offre au visiteur de passage un patrimoine naturel et culturel exceptionnellement préservé. 

L’Unesco ne s’y est pas trompée puisqu’en 2011, elle a labellisé le parc naturel régional du massif des Bauges “Géoparc”, reconnaissant là sa richesse géologique. La France n’en compte que six autres, dont celui de notre Beaujolais voisin. 

Avec pour plus haut sommet l’Arcalod, culminant à 2 217 mètres, le massif des Bauges reste de la moyenne montagne mais qui offre, avec un total de quatorze sommets à plus de 2 000 mètres, de belles promenades sportives, à explorer en ski de randonnée, en raquettes ou à pied si la neige vient à manquer.

© Alpigraphie / Kröll Mathias

De petites stations de ski alpin familiales

Si ici les domaines de ski alpin sont certes bien plus modestes que ceux des Alpes voisines, les stations d’Aillons-Margériaz et celles du Revard proposent des pistes bien adaptées pour les débutants ou skieurs intermédiaires et parfaites pour les familles. Le Revard donne ainsi accès à 32 kilomètres de pistes, avec environ 40 kilomètres à Aillons-Margériaz. Cette dernière, fondée en 1964, fête d’ailleurs cette année ses soixante bougies avec deux journées d’animations au programme en février pour marquer cet anniversaire [voir notre rubrique événements].

© Peignée verticale /  Clément Hudry-Clergeon

Un immense domaine pour s’élancer en ski nordique

Côté ski nordique, le domaine de Savoie Grand Revard déroule pas moins de 150 kilomètres de pistes entre clairières et forêts, dans un environnement préservé. Trois portes d’entrée (La Féclaz, Porte de Revard - Crolles, Saint-François de Sales) donnent accès au domaine, avec chacune une ambiance singulière. Et, pour les novices, cinq écoles permettent l’apprentissage du ski classique, skating ou encore du biathlon. Le petit plus ? Des vacances de Noël à fin mars, skier au clair de lune et sous les étoiles. Il est, en effet, possible de skier en nocturne tous les mardis et les jeudis soir (avec possibilité de location de ski les soirs de nocturne).

L’abbaye de Tamié © Abbaye de Tamié

Abbaye de Tamié : près de 900 ans d’histoire

C’est au Moyen Âge, en 1132, que des moines cisterciens s’installent à l’abbaye de Tamié. Comme ailleurs dans les Bauges – à la chartreuse d’Aillon, fermée au public depuis cet été ou au monastère aujourd’hui disparu du vallon de Bellevaux –, les religieux défrichent les forêts et développent l’agriculture et l’élevage. Ils favorisent également l’installation d’une activité métallurgique, comme les taillanderies (fabrique de clous), qui perdure jusqu’à la fin du XIXe siècle. Le fer provenant des mines des Hurtières, au nord du massif de Belledonne, était transporté, à dos de mulet, par les cols, pour atteindre les vallées au cœur des Bauges.

Les bâtiments de l’actuelle abbaye datent du XVIIe siècle et, depuis 1860, sont occupés par des moines trappistes. L’abbaye ne se visite pas mais un petit magasin attenant permet de se procurer le fameux fromage produit par les moines : le tamié.

Prenez le temps de vous laisser envelopper par l’atmosphère du lieu et d’explorer le site. Le vallon de Tamié est sillonné de nombreux sentiers de randonnée, qui offrent de superbes balades autour du monastère.

Village de La Compôte © Peignée verticale / Grand Chambéry Alpes Tourisme

Pittoresques villages baujus

Le cœur des Bauges abrite de petits villages typiques, à l’architecture traditionnelle en pierre, particulièrement pittoresques sous la neige comme Aillon-le-Jeune, Aillon-le-Vieux, Arith, Bellecombe-en-Bauges, Le Châtelard, La Compôte ou encore Lescheraines. Vous y croiserez les grandes fermes baujues rectangulaires, avec leur toit à forte pente, souvent dissymétrique et débordant largement sur une façade.

Chalet du Drizon : une nuit en refuge non gardé

Il n’est pas toujours nécessaire d’aller loin pour vivre une petite aventure. Une nuit dans un refuge non gardé n’apportera peut-être pas le confort ou le sommeil le plus réparateur mais offrira d’insolites moments conviviaux, rehaussés d’une pointe d’inattendu. Pour une sortie sportive mais aisément réalisable en deux jours avec un minimum d’entraînement, direction la pointe de Chaurionde, au départ du parking du Nant Fourchu, par le chalet du Drizon, situé à 1 640 mètres.

Pour une première nuit en refuge non gardé, le chalet offre des commodités de grande qualité : grande salle au rez-de-chaussée avec poêle à bois, larges tables et bancs et à l’étage deux dortoirs avec une vingtaine de matelas disponibles. Il vous faudra bien sûr vous munir de vos sacs de couchage, tapis de sol par précaution ainsi que d’habits chauds et prévoir de faire votre popote.

Randonnée pointe de Chaurionde © Nadège Druzkowski

Cette boucle d’environ 16 kilomètres (avec un dénivelé total de plus de 1 000 mètres) vous offrira de la pointe de Chaurionde, à 2 137 mètres, un somptueux panorama à 360 degrés sur les treize autres sommets baujus et le lac d’Annecy. Attention, raquettes aux pieds, le temps de progression par rapport à un itinéraire similaire en été peut facilement, sur une couche de neige poudreuse, augmenter de 30 %.


Clin d’œil

École, autre petit village pittoresque des Bauges, sert de toile de fond à Sept Vies à vivre, la dernière BD du dessinateur et scénariste lyonnais Charles Masson.

L’auteur narre la vie de René, né dans une famille de paysans des Bauges, ballotté par la vie. Son existence est découpée en sept chapitres, les sept vies de ses frères et sœurs décédés en bas âge. Une vie dure, ordinaire, au cœur des Bauges, mais contée avec une belle dose d’humanité et d’espièglerie.
(© Éditions Delcourt, 2024 - Masson)


© Emmanuel Dutordoir

Vivre un rêve étoilé

À La Féclaz, Emmanuel Dutordoir, accompagnateur en montagne et passionné d’astronomie, propose des randonnées nocturnes afin d’observer les étoiles. En petit groupe, différentes soirées sont proposées, selon la saison et la météo. Un moment privilégié, au calme, dédié à admirer, à travers des instruments, étoiles, planètes et galaxies et à apprendre à reconnaître les principales constellations à l’œil nu.
Session de 3 heures dont 2 heures d’observation.À partir de 20 euros par personne. Plus d’informations : revesetoiles.myportfolio.com/work


© Cécile Bouchayer

Portrait : Julien Cartier, un retour aux sources

Itinérances polaires. C’est le nom de la cuvée emblématique du néo-vigneron Julien Cartier qui, début 2023, crée le domaine des Albatros, à Chignin, sur les contreforts du massif des Bauges. Si ce passionné de vin depuis toujours a grandi entouré de grands-parents et d’un oncle vignerons, il a d’abord embrassé une brillante carrière dans la santé qui l’a conduit aux confins des pôles. Julien Cartier participe, en effet, à de nombreuses missions en Antarctique, passant jusqu’à quatorze mois sur les îles Crozet, où il s’implique dans des missions scientifiques sur les albatros, cet oiseau géant dont le domaine a pris le nom.

L’année 2019 marque le retour aux sources. Il reprend des études au lycée agricole de Beaune, se forme comme ouvrier dans différents domaines avant de se lancer à son compte. “Je cherche à produire des vins vivants, sans intrants et avec le minimum d’intervention possible”, explique-t-il. Son petit domaine, de 2,5 hectares, en bio et biodynamie, décline les cépages savoyards typiques tels que la jacquère, l’altesse, le bergeron, la mondeuse mais également la petite arvine, plus communément trouvée en Suisse et Vallée d’Aoste.

Sur les contreforts du massif des Bauges, se travaillant parfois sur de fortes pentes allant jusqu’à 40 %, nécessitant le port de crampons ainsi que l’aide de treuils forestiers, le vignoble est ici exigeant. “Entouré de forêts, à parfois 500 mètres d’altitude, je travaille tout le temps sous la montagne”, partage Julien Cartier. Si on peut même parler de viticulture héroïque, les vignes bénéficient en contrepartie de toute l’énergie des Bauges. “ Un courant d’air froid qui glisse le long de la montagne apporte une ventilation naturelle aux vignes. On retrouve une fraîcheur dans nos vins, qui aujourd’hui est un atout”, confie Julien Cartier. Une fraîcheur que renforcent tous les noms de ses cuvées (Une Altesse pour l’Empereur, Grand Albatros, Cairn…) dont les étiquettes ont été dessinées par l’auteur de BD multi-primé Emmanuel Lepage, rencontré, dans son autre vie, lors d’une mission en Antarctique.

Plus d’informations et rendez-vous au caveau : domainedesalbatros.fr

© C. Haas / Grand Chambéry Alpes Tourisme

Incontournable tome des Bauges

C’est toute la singularité de la tome des Bauges. Contrairement aux autres fromages de montagne de Savoie, la tome des Bauges a perdu un “m” mais a gagné son appellation d’origine protégée. Son nom vient du patois savoyard “toma” qui signifie “fromage fabriqué dans les alpages”. La tome des Bauges est uniquement produite artisanalement dans le massif des Bauges, à partir du lait cru des vaches de race tarine, abondance ou montbéliarde. Elle est affinée pendant cinq semaines dans des caves humides. Sa pâte de couleur ivoire à jaune est recouverte d’une croûte grise caractéristique.

À Aillon-le-Jeune, ne manquez pas la fromagerie du val d’Aillon. Au premier étage de cette ferme typiquement baujue, avec son large toit pour la protéger des intempéries et de la neige, un espace muséographique permet de comprendre l’agriculture de montagne et la fabrication du fromage en suivant le cycle du lait cru, de la vache au fromager. Le parcours pédagogique et ludique inclut des fresques commentées, des questionnaires, des jeux, etc.

Visite autonome tous les jours pendant les horaires d’ouverture du magasin de 9 h à 12 h et de 15 h à 19 h.

Pratique

Où loger ?

• Gîtes d’Aillon et d’Ailleurs, cinq gîtes tout confort de 2 à 8 personnes avec wifi, à Aillon-le-Jeune – gites-aillon-ailleurs.com

• Village Tipi, nuitée insolite avec cinq tipis équipés au cœur de la forêt à 1 350 mètres d’altitude, à La Féclaz  village-tipi.com

• La Source des cabanes, cabanes insolites dans la forêt de La Gornaz, avec petit-déjeuner panier, à Les Déserts lasourcedescabanes.fr

Où se restaurer ?

• Auberge d’Aillon et d’Ailleurs, belle carte gastronomique à base de produits du terroir, à Aillon-le-Jeune – aillon-ailleurs.com

• Auberge Les Clarines, cuisine de terroir faite maison, à Le Châtelard  hotel-les-clarines.fr/

• Le chalet des trappeurs, plats montagnards du terroir, au col de Tamié lechalet-des-trappeurs.com

Événements

• Le 1er février : Journée d’animations pour fêter les 60 ans de la station, à Aillons-Margériaz 1400

• Le 27 février au soir : Feux d’artifice, descente aux flambeaux et ambiance conviviale pour les 60 ans de la station, à Aillons-Margériaz 1000

Comment s’y rendre ?

• En voiture depuis Lyon, comptez entre 1 heure 30 et 1 heure 45

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