Croix de Boutières – Borée. © Matthieu Dupont

Escapades : Montagne d’Ardèche, le plein air, tout un art !

Plébiscité pour ses gorges et ses grottes, le département de l’Ardèche révèle aussi, à l’ouest, une facette plus méconnue : sa montagne. Sur la bordure orientale du Massif central, aux confins de la Haute-Loire et de la Lozère, la montagne d’Ardèche, à quelque 1 000 mètres d’altitude, apporte, dans un climat du Sud, une note de fraîcheur bienvenue. Terre de sucs et de lacs, sa richesse naturelle et son patrimoine bâti s’explorent notamment au gré d’un parcours artistique à ciel ouvert, couvrant 100 kilomètres sur la ligne de partage des eaux. Après des journées au grand air, la seconde édition du festival de musique Les Nuits des Monts est promesse de soirées mélodiques !

Le Phare, création de l’artiste Gloria Friedmann, avec sa tour-refuge bleue, dotée d’une petite bibliothèque © F. Gramayze

Le partage des eaux, une randonnée dans un musée à ciel ouvert

Sillonnant le parc des monts d’Ardèche, la ligne de partage des eaux délimite deux versants – méditerranéen et atlantique – où les sources vont se jeter. Réalité géographique, cette ligne, à la forte dimension symbolique, invisible sous nos pieds, est matérialisée depuis 2017 par un parcours artistique. Huit artistes contemporains ont investi la montagne d’Ardèche, dans le but d’inviter à contempler ses panoramas immenses, (re)découvrir son patrimoine bâti ou simplement se ressourcer dans une nature au caractère sauvage.

Huit œuvres créées in situ dessinent ainsi un musée à ciel ouvert, à découvrir à pied (elles jalonnent le GR7 sur 100 kilomètres), à vélo ou séparément lors de différentes haltes. Sur le parcours, des pièces de mobilier conçues par le designer Éric Benqué, ou des points de mire, élaborés par le paysagiste Gilles Clément, épaulé par l’atelier “Il y a” invitent également à savourer le paysage.

La Grotte de cristal s’inspire des formes de fluorite (ou spath fluor) dont le village de Saint-Laurent exploitait autrefois une mine.

De l’œuvre d’Olivier Leroi, au pied du mont Gerbier-de-Jonc à La Grotte de cristal, imaginée par le duo d’artistes HeHe, offrant une vue imprenable sur le village de Saint-Laurent-les-Bains, il ne reste plus qu’à vous embarquer dans un voyage immersif.

Vous y croiserez notamment Le Phare, création de l’artiste allemande (installée en France) Gloria Friedmann, avec sa tour-refuge bleue, dotée d’une petite bibliothèque, surplombant une mer de monts et vallons ou encore, à l’abbaye de Notre-Dame-des-Neiges, étape du célèbre chemin de Stevenson, l’œuvre Terre Loire du Japonais Kôichi Kurita.

Dans une pièce toute blanche, il y présente sept cents coupelles de verre remplies de terre, aux nuances toutes différentes, prélevées sur le bassin de la Loire. Dernière en date à enrichir le parcours, une œuvre de 2023 du Brésilien Henrique Oliveira prend la forme d’un ouroboros de bois (serpent se mordant la queue, symbole d’infini) faisant écho aux méandres de la Loire, qui prend sa source dans la montagne d’Ardèche.

Plus d’informations : www.lepartagedeseaux.fr

Valorisation du patrimoine bâti

Le parcours d’art contemporain met également en valeur le patrimoine ancien. Le plasticien Felice Varini a décoré de cercles et fragments de cercles réalisés à la feuille d’or l’ancienne abbaye cistercienne de Mazan. Fondée au XIIe siècle, cette abbaye, puissante au Moyen Âge, mère de quatre abbayes filles, possédait la plus vaste église jamais construite en Vivarais.

Perdu dans la montagne, niché au creux du relief, le site se découvre par la route qui le surplombe. Mais c’est en déambulant dans les ruines de l’enceinte monacale, les vestiges de son cloître et ses chapiteaux, qu’il révèle toute son ampleur. Autre site historique d’importance : la chartreuse de Bonnefoy. Fondée au XIIe siècle, en subsiste notamment un pan de façade (reconstruit au XVIIIe siècle) aujourd’hui rehaussé de miroirs par le plasticien Stéphane Thidet. Une partie des vestiges, située dans une propriété privée, n’est accessible qu’en visite guidée (gratuite).

Abbaye de Mazan : de juin à septembre : mercredi et samedi : 11 h, 14 h 30 et 16 h / jeudi et vendredi : 11 h / dimanche : 14 h 30 et 16 h. Visite gratuite.

Chartreuse de Bonnefoy, jeudi à 16 h 30 et du Tchier de Borée à 16 h.Visite gratuite.

Le Tchier de Borée © F. Gramayze

Plongée ésotérique au Tchier de Borée

Avec ses soixante-dix pierres dressées au milieu d’un cercle de 80 mètres de diamètre, le Tchier de Borée n’est pas sans rappeler les mégalithes bretons ou de Stonehenge. Il s’agit pourtant d’une œuvre contemporaine, née de l’imagination du couple de sculpteurs Fabienne et Serge Boyer, qui dans un esprit similaire a conçu L’Aire de la Compas-Raison, à la Duchère. Ici, chaque pierre est sculptée ou gravée et entraîne le visiteur dans un dédale de symboles mystérieux. Tous les jeudis à 16 h, une visite guidée gratuite vous livrera quelques clés pour appréhender ce grand œuvre.


Le saviez-vous ?

Dans la mythologie grecque, Borée était le dieu des vents du nord. Borée est également réputé pour la violine de Borée, une pomme de terre violette au petit goût de châtaigne, poussant à 1 200 mètres d’altitude, et adoptée par plusieurs chefs étoilés. Le village de Borée se targue également d’une église à la façade atypique en damier – alternant granit et pierres volcaniques (tuf jaune, trachyte et scorie rouge) – ainsi que d’une Vierge noire.


Visites guidées gratuites de quatre villages

En complément des sites historiques, Justine Goujon, chargée de mission patrimoine, organise tous les vendredis à 14 h 30 une visite guidée tournante (et gratuite) des villages de Borne, Lachapelle-Graillouse, Le Lac-d’Issarlès et de Saint-Étienne-de-Lugdarès.

L’occasion de faire le plein de curieuses découvertes, comme celle de Papillon, un des derniers bagnards, né au village de Saint-Étienne-de-Lugdarès. Injustement condamné, évadé, il tira de sa vie rocambolesque un récit, qui accéda en 1968 au rang de best-seller.


Aller par monts et par… sucs !

Tout comme la Haute-Loire voisine, autour du Velay, la montagne d’Ardèche est aussi le pays des sucs. Ces sommets volcaniques doivent leur forme conique à une lave visqueuse qui n’a pas pu s’écouler, formant ainsi des paysages caractéristiques.

Parmi ces dômes émergeant de hauts plateaux, qui semblent s’étaler à l’infini, le mont Mézenc, point culminant de l’Ardèche à 1 753 mètres et le mont Gerbier-de-Jonc, d’où jaillissent les sources de la Loire – tous deux vieux de sept à huit millions d’années –, sont les plus emblématiques.

Le mont Gerbier-de-Jonc © F. Gramayze

Mais nombre de sucs de la montagne d’Ardèche méritent le (dé)tour d’une promenade comme les sucs de la Lauzière, de Montfol, de Sara qui culminent à plus de 1 500 mètres d’altitude ou encore celui du Gouleyou, près de Borée, surnommé le Petit Gerbier et à la parfaite forme en “pain de sucre”.

Le moulin de Masméjean

À Saint-Étienne-de-Lugdarès, au bord de la rivière de Masméjean, un ancien moulin à eau parfaitement restauré abrite une exposition sur les énergies renouvelables. Visite guidée avec anecdotes et expérimentations.

Le Lac-d’Issarlès © F. Gramayze

Plongée rafraîchissante dans les lacs

Joyau naturel dans son écrin de verdure, la beauté et la fraîcheur du lac d’Issarlès n’ont pas échappé aux vacanciers qui, l’été venu, plébiscitent largement ses plages. Profitez du calme de la fin de journée pour en savourer tous les charmes.

Cet ancien maar (cratère volcanique d’explosion) s’étire sur 90 hectares, à près de 1 000 mètres d’altitude, avec une profondeur exceptionnelle de plus de 108 mètres. Un sentier piétonnier, ombragé et balisé d’environ 5 kilomètres, permet d’en faire le tour en une heure.

Des grottes troglodytes, habitées jusqu’au XIXe siècle, sont toujours visibles au bord du lac. Deux autres lacs artificiels – Coucouron et Saint-Martial – proposent d’agréables étendues d’eau propices à la baignade. Il est là aussi possible d’en faire le tour à pied (balades respectives de 4,5 kilomètres et 1,5 kilomètre).

Saint-Martial et son lac © F. Gramayze

Le barrage de La Palisse, à Cros-de-Géorand, non ouvert à la baignade, propose une zone de pêche et une agréable randonnée de 10 kilomètres sur le thème de “L’eau et sa force” (400 mètres de dénivelée, comptez 4 heures). Vous y trouverez également un espace de loisirs aménagé, loin des flux touristiques en période estivale.

Les thermes de Saint-Laurent-les-Bains © Corentin Mossière

Bienfait des eaux thermales

À 840 mètres d’altitude, le petit village montagnard de Saint-Laurent-les-Bains est propice au ressourcement et à l’oubli du stress citadin. Dès le Moyen Âge, ses eaux, qui jaillissent à 53°C, sont réputées pour le traitement des rhumatismes. Elles soignent aujourd’hui encore de nombreux curistes, dans un site en pleine nature. Au cœur du village, la fontaine, érigée en 1877, est toujours alimentée par une eau à 53°C !

www.chainethermale.fr/saint-laurent-les-bains


Festival Les Nuits des monts : place à la musique !

Le festival Les Nuits des monts revient pour sa seconde édition avec quatre concerts gratuits dans quatre villages différents. Organisé par l’office de tourisme Montagne d’Ardèche, en partenariat avec la communauté de communes Montagne d’Ardèche, il met à l’honneur les musiques classique, occitane, corse et populaire. À vos agendas !

18 juillet – Lo Barrut, polyphonies occitanes, église de Saint-Laurent-les-Bains
24 juillet – Bérets des Villes, chanson française festive, halle de Coucouron
1er août – I Campagnoli, polyphonies corses, église d’Issarlès
8 août – Trio classique avec Johanne Cassar, soprano, Jérémie Maillard, violoncelle et Emmanuel Christien, piano, église de Sainte-Eulalie


© Matthieu Dupont

Une appli futée pour la rando et le VTT

Avec ses paysages préservés et ses grandes étendues, la montagne d’Ardèche est le paradis des randonneurs. Parcours sportifs ou plus familiaux sont compilés sur l’appli “Rando Monts d’Ardèche”. 

Quarante-six circuits sont ainsi proposés, avec la possibilité de filtrer selon divers critères (durée, difficulté, dénivelée). Plus de 50 itinéraires en VTT sont également disponibles.


Infos pratiques

Où loger ?

• La Table d’Élodie, chambres d’hôtes, au Béage. Restaurant le midi (produits locaux), sur réservation – 06 33 39 13 56 – www.latabledelodie.fr

• Les Éperviers, gîte de groupe, Saint-Cirgues-en-Montagne – 06 21 67 28 29 – www.gites-de-france-ardeche.com

• Auberge La Reine des prés, chambres privatives, possibilité demi-pension – 04 66 46 61 66 – www.auberge-reinedespres.com

Où se restaurer ?

• Les Violettes, cuisine gourmande de terroir,à Sainte-Eulalie – 06 75 47 19 25

• La Taverne, cuisine simple et de qualité,au Lac-d’Issarlès – 04 66 46 21 92

• Le Géorand, bistrot de pays,au Cros-de-Géorand – 07 66 12 39 70 – www.bistrotdepays.com/le-georand

À ne pas manquer

• Les 18 et 24 juillet et 1er et 8 août : Festival de musique Les Nuits des monts, voir ci-contre. Renseignements et réservation : www.montagnedardeche.com/billetterie/ ou au 04 66 69 09 37

• 14 juillet : Foire des violettes (grand marché d’herboristes, de producteurs et d’artisans), à Sainte-Eulalie

• 14 août : Foire agricole (animaux de la ferme, marché des producteurs, animations), à Saint-Étienne-de-Lugdarès

Comment s’y rendre ?

• En voiture : comptez 2 h depuis Lyon

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