La montagne ne s’arrête pas de vivre l’hiver. Lyon Capitale vous emmène à la rencontre de la faune et de la flore haut-savoyardes, à découvrir avec un guide pour ne pas bouleverser cet écosystème délicat et menacé. Puis embarquez en famille pour une immersion dans le Grand Nord, sans quitter la Haute-Savoie !
La faune à pas de loup
Dominique Maire est passionné depuis toujours par les oiseaux. “Sans eux, beaucoup de choses n’existeraient pas”, affirme le Haut-Savoyard, qui milite pour leur protection au sein de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Pour transmettre sa passion, Dominique Maire est devenu accompagnateur en montagne. “Je travaille presque plus en hiver qu’en été, parce qu’en été les gens se débrouillent seuls”, sourit-il.
Depuis Les Gets où il est basé, à 2 heures 30 de route de Lyon, il emmène les curieux à la découverte de la faune locale, dont il connaît les coins favoris. À la longue-vue, pour ne pas troubler leur quotidien, vous pourrez apercevoir des chamois, ces gracieux animaux emblématiques des Alpes. Ou encore des mouflons, ces moutons sauvages trapus aux longues cornes recourbées.
Vous aurez certainement l’honneur d’apercevoir le vol majestueux d’un aigle royal, tout là-haut, ou d’un gypaète barbu, ce grand vautour reconnaissable à son corps orangé et à son envergure impressionnante qui peut atteindre trois mètres. “Ils nichent déjà en décembre-janvier, observe Dominique Maire. Les oisillons doivent être prêts pour la fonte des neiges, lorsque les cadavres de l’hiver affleurent.”
Ces sorties se font en raquettes, à la demi-journée et sont accessibles à partir de 7 ans, avec un maximum de 12 personnes par groupe. Pendant la balade, l’ornithologue sensibilise aussi les touristes aux sons de l’hiver.
“En février, on peut entendre les petites chouettes de montagne. Les chants des oiseaux ont chacun une signification.”
En hiver, la faune est plus fragile que jamais. Les animaux doivent faire face à des températures très basses et le tourisme de masse n’arrange rien. “Depuis le Covid, il y a une véritable explosion du ski de randonnée, soupire Philippe Munier, accompagnateur en montagne également. Les gens vont partout, y compris dans des zones restées sauvages, ce qui dérange énormément la faune. Des chamois ou des cerfs dérangés lorsqu’il y a un mètre de neige, c’est leur survie qui est en jeu.”
D’où la nécessité, selon lui, de se renseigner sur les zones à éviter et de faire appel à un accompagnateur en montagne, au moins une fois. Dans les Alpes du Léman, la partie la plus au nord du Chablais, entre le mont Banc et le lac Léman, Philippe Munier propose des sorties à la journée ou à la demi-journée, à pied, en raquettes ou avec des crampons, adaptées au public et aux conditions météorologiques. Ces promenades sont accessibles à tous, enfants, personnes âgées et personnes en situation de handicap.
Plus d’informations au 06 81 05 60 82 (Les Gets) et sur plusduntourdansmapoche.weebly.com (Alpes du Léman)
Skier avec les rois du ciel
À 14 ans, quand la plupart des adolescents n’ont qu’une vague idée de leur avenir professionnel, Jacques-Olivier Travers est devenu fauconnier. Dix ans plus tard, il a fondé les Aigles du Léman à Morzine, une station village située à quelques kilomètres des Gets, à deux pas de la frontière suisse. Son idée paraît folle : skier avec des aigles.
Et pourtant. Sur le plateau de Nyon, à 1 413 mètres d’altitude, oserez-vous défier le faucon gerfaut dans une course à ski haletante ? Le pygargue à queue blanche, en cours de réintroduction aux alentours de Morzine, vous fera peut-être même l’honneur de sa présence. Deux fois par jour, les rois du ciel dévoilent leur majesté et leur fragilité lors d’un spectacle à visée pédagogique devant le restaurant de la pointe de Nyon. Le vol en piqué de Darshan, l’aigle impérial, est beau à couper le souffle.
Réservations sur ski-morzine.com
Deux oiseaux emblématiques et menacés de Haute-Savoie
Le tétras-lyre
Cet animal emblématique des Alpes est un oiseau sédentaire de la famille des galliformes. Les mâles ressemblent à de grosses poules noires aux reflets bleutés avec une queue blanche en forme de lyre et des sourcils rouges. Les plumes des femelles sont un camaïeu de bruns strié de noir. Adapté à la rudesse du climat montagnard, le tétras-lyre vit généralement entre 1 400 mètres et 2 500 mètres d’altitude. On estime qu’il y a 16 000 à 20 000 individus dans les Alpes françaises d’après l’Observatoire des galliformes de montagne (OGM), une association qui regroupe plusieurs organismes œuvrant pour leur protection. Le tétras-lyre est classé sur la liste rouge des espèces menacées en France de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En cause, les aménagements humains qui empiètent toujours un peu plus sur son habitat naturel (construction de pistes de ski et d’infrastructures, exploitation forestière et pastorale…), mais aussi les touristes hivernaux. À la saison froide, le tétras-lyre creuse sous la poudreuse un petit igloo dans lequel il passera l’hiver. Il est alors dans un état proche de la léthargie et limite au maximum les dépenses énergétiques. La visite d’un être humain est un bouleversement qui peut lui être fatal. Dérangé, il doit quitter son nid de neige et déménager ailleurs. Une dépense d’énergie massive qui peut lui coûter la vie. Son grand frère, le mythique grand tétras, a disparu des Alpes françaises dans les années 90. Il en existe encore dans les forêts jurassiennes, les Vosges, les pays scandinaves, les Balkans et en Europe de l’Est. Les stations tentent de limiter les dégâts. Celle des Gets, par exemple, a signalé les zones d’hivernage du tétras-lyre sur les secteurs du mont Chéry et au sommet du Ranfoilly et mis en place des panneaux d’information pour sensibiliser les skieurs s’adonnant au hors-piste. Les câbles des télésièges ont été équipés de balises avifaunes pour éviter des collisions mortelles pour les oiseaux.
Le lagopède alpin
Le lagopède alpin, souvent appelé “perdrix des neiges”, qui fait lui aussi partie de l’ordre des galliformes, ne se porte guère mieux que le tétras-lyre. Cet oiseau beige d’une trentaine de centimètres de long se couvre de plumes blanches en hiver, qui lui permettent de passer inaperçu au milieu de la neige. Il vit sur des terrains caillouteux, à la limite des neiges éternelles, entre 1 800 et 3 000 mètres d’altitude.
En raison du changement climatique, le lagopède monte de plus en plus haut pour trouver des températures confortables. Lui aussi est sur la liste rouge de l’UICN. D’après la LPO Auvergne-Rhône-Alpes, l’oiseau est “en régression constante depuis les années 50”. “Il a disparu de 92 communes des Alpes dont 27 cette dernière décennie et pourrait prochainement disparaître totalement de nos montagnes”, alertait l’association début octobre.
Le déclin des populations de lagopède et de tétras-lyre ne les empêche pas d’être chassées, de mi-septembre à mi-novembre en ce qui concerne la Haute-Savoie. Le 15 octobre, le tribunal administratif de Grenoble a toutefois suspendu l’arrêté préfectoral haut-savoyard autorisant la chasse au tétras-lyre et à la perdrix bartavelle, considérant le nombre d’individus trop faible pour en prélever. Et tant pis pour le lagopède alpin.
Les secrets des plantes
Michel Rostalski est surnommé “monsieur plantes”. Cet ancien chef d’entreprise arrivé en Haute-Savoie il y a une quinzaine d’années est littéralement tombé amoureux de sa flore. “On trouve des fleurs médicinales rares comme l’arnica ou la gentiane pourpre”, s’émerveille celui qui a radicalement changé de vie pour se consacrer à sa passion. Et la partager. “Aujourd’hui, j’apprends les plantes sauvages aux gens et des remèdes de grand-mère”, explique-t-il.
En hiver, Michel Rostalski emmène les passionnés dans d’agréables balades autour des Gets, au milieu des épicéas et des sapins, à la recherche de racines, de petits fruits, de rameaux et de résine.
“On trouve aussi du lichen médicinal, appelé usnée barbue, qui ne pousse qu’avec un air très pur, précise-t-il. Il est très connu en Amérique du Nord pour booster le système immunitaire.” L’homme n’a pas volé son surnom. Il est incollable sur la flore haut-savoyarde et regorge de recettes méconnues qu’il enseigne aux vacanciers. Comment fabriquer un sirop de sapin bon pour les bronches – et les papilles – avec les aiguilles des conifères, des allume-feux à partir de leur sève ou encore ce baume cicatrisant spécial skieurs à base d’huiles de plantes macérées ?
Ces promenades en pleine nature sont aussi l’occasion d’“ouvrir les consciences”, comme dit Michel Rostalski, qui fait en sorte qu’elles soient accessibles à tous. Il a à cœur de sensibiliser les touristes à la fragilité de cet écosystème montagnard et la nécessité d’en prendre soin. “On profite de l’ambiance feutrée de la neige et de son calme. On déconnecte, on respire, on écoute, on se relie à la nature.”
Plus d’informations au 07 86 10 54 49
À une quarantaine de kilomètres de là, du côté des Alpes du Léman, sur la petite commune de Habère-Poche, Geoffroi a décidé de se consacrer lui aussi à sa passion pour les plantes. Au pied des crêtes d’Hirmentaz, il distille par vapeur d’eau des conifères, du thym, du laurier ou encore de l’eucalyptus récoltés en France et au Portugal.
Dans l’alambic, les plantes se transforment comme par magie en huiles essentielles puissantes et en délicats hydrolats. Un véritable travail d’alchimiste qui ne manquera pas d’émerveiller petits et grands.
Au-delà de la (re)découverte de ce savoir-faire artisanal, Geoffroi vous expliquera les vertus de ces essences naturelles. Saviez-vous, par exemple, que l’hydrolat de rose hydrate les peaux sèches tandis que celui de romarin purifiera les plus grasses ? Quant à l’hydrolat d’épicéa, dont la Haute-Savoie regorge, il sera votre meilleur allié pour l’hiver en raison de ses propriétés exceptionnelles pour dégager les voies respiratoires et renforcer les défenses immunitaires.
Plus d’informations sur hydrolacime.fr
Expériences arctiques
Vos enfants sont fascinés par Balto, cet héroïque chien-loup d’Alaska ? Emmenez-les pour une journée en immersion dans le Grand Nord aux Carroz, une charmante station village posée sur un plateau ensoleillé, à une demi-heure de route au sud des Gets.
Le cadre est parfait pour une virée en traîneau. Sous l’œil bienveillant d’un musher professionnel, apprenez à connaître la meute, le caractère des huskys de Sibérie, leur positionnement dans l’attelage et comment les diriger. Puis lancez-vous dans les grandes étendues blanches des Carroz, avec votre propre attelage (à partir de 10 ans) !
Un moment de partage inoubliable avec la meute, au contact brut de la nature haut-savoyarde. Concluez cette journée arctique par une soirée trappeur sous le tipi de Martial, planté dans la plaine enchanteresse des Molliets, à l’écart de toute pollution lumineuse, sonore ou technologique. Cet habitant des Carroz passionné par la culture indienne vous régalera de contes autour d’une délicieuse fondue au chaudron faite maison.
Plus d’informations sur evasion-nordique.com et auprès de l’office de tourisme des Carroz au 04 50 90 00 04
Toujours dans le cadre paisible des Molliets, chaussez les raquettes et partez pour une excursion ludique d’environ une demi-heure, à adapter selon les participants. Au détour d’une clairière, à près de 2 000 mètres d’altitude, vous découvrirez un dôme de neige surprenant. Votre guide vous expliquera en détail les secrets de la construction des igloos, les blocs de neige soigneusement taillés et entassés à la main.
À l’intérieur, une surprise gourmande vous attend : chocolat chaud et pâtisseries pour les petits ; vins, fromages, charcuterie locale pour les grands ! Le soir, vous pourrez déguster une authentique fondue savoyarde, accompagnée de vin chaud, de vins de Savoie et du traditionnel Génépi du guide. Le retour sous les étoiles vous fera réintégrer la civilisation en douceur.
À présent que vous maîtrisez les arcanes de l’architecture des igloos, c’est à votre tour de jouer. En famille, construisez votre nouvelle maison de glace. Depuis les fondations jusqu’à la dernière brique de neige, il vous faudra rivaliser d’ingéniosité pour construire un igloo solide et élégant. Parents, remontez vos manches, les blocs sont plus lourds qu’il n’y paraît !
Plus d’informations sur lescarroz.com
Après ce séjour en terres nordiques, vos enfants se voient déjà en futurs explorateurs du Grand Nord ? Ils seront ravis de passer quelques heures dans la peau d’un trappeur, au cœur des Alpes du Léman. Construire une cabane pour vivre dans les bois, faire du feu sans feu, reconnaître les empreintes d’animaux dans la neige… Les voilà parés pour partir sur les traces de Nicolas Vanier !
Après cet après-midi riche en enseignements, détendez-vous en famille en testant une activité exclusive aux Alpes du Léman : la pulka. Ce petit traîneau emblématique des expéditions polaires est aussi utilisé en Scandinavie pour tirer les enfants en bas âge. Dès 4 ans, l’un des enfants pourra voyager dans la pulka, si le terrain le permet, tandis que ses parents assisteront le chien nordique qui tire l’engin. Relié à votre nouveau compagnon à quatre pattes par une ceinture spéciale, vous pourrez marcher presque sans effort à ses côtés. Vous apprendrez à le guider par la voix, à anticiper la route et les obstacles, établissant une relation privilégiée avec cet animal fascinant. Cette activité est envisageable aussi par groupe de trois ou quatre enfants par pulka, âgés de 6 à 9 ans.
Plus d’informations sur alpesduleman.com et traineaux-passion.com
Infos pratiques
Où manger ?
• Café-restaurant Le Petit Cordonnier à Bellevaux – lepetitcordonnier.com
• Le Wetzet (omelettes, salades, charcuterie, crêpes…) sur les pistes des Gets, secteur Chavannes – 06 87 93 10 32
• Restaurant des Bulles des Mines d’Or à Morzine (cuisine savoyarde traditionnelle face aux montagnes, service le midi uniquement) – bulles-minesdor.com
Où loger ?
• Chalet d’hôtes Croc Blanc avec spa et sauna, au cœur de la station de Morzine – croc-blanc-chalet.com
• Les Servages d’Armelle (hôtel 4* et restaurant, accès skis aux pieds) aux Carroz – servages.com
Événements
• Le 15 décembre : Spartan Winter Trail (trail hivernal) à Morzine
• Le 10 janvier : Rando sous les étoiles (ski de randonnée) aux Carroz
• Le 18 janvier : Trail d’hiver des Gets (première édition hivernale)
• Du 25 au 31 janvier : Les Gets Comédie (spectacles d’humoristes) aux Gets
• Les 9, 16 et 23 mars : animations pour les 10 ans de l’espace ludique “la cool zone de l’Oasis” de la station des Carroz
• Du 10 au 14 mars : semaine du bien-être (ateliers de massage, yoga, aromathérapie…) à Morzine
• Du 16 au 22 mars : Rock the pistes (concert de pop skis aux pieds) à Morzine
• Le 29 mars : Electro Snow (festival de musique électro) au cœur du Grand Massif
Comment s’y rendre ?
• En voiture : 2 heures 45 par l’A43 pour aller jusqu’à Bellevaux ou Les Carroz, rajouter dix minutes pour rejoindre Les Gets
• En train : TER Lyon-Bellegarde (1 heure 30) puis TER Lyon-Magland (1 heure 45) pour les Carroz ou bus jusqu’aux Gets/Morzine (2 heures) / TER Lyon-Annemasse (2 heures 30 avec une correspondance) puis bus jusqu’à Habère-Lullin, Habère-Poche (30 minutes) ou Bellevaux (1 heure)