De la pluie, du vent, de la boue et des températures fraîches : l'édition 2019 de l'Ultra Beaujolais Villages Trail n'aura épargné aucun des 748 (courageux) engagés.
Il est un peu moins de 12h45. Du vignoble au-dessus de nos têtes déboule un missile. La sono crache son nom : Ugo Ferrari, le coureur savoyard du plateau du Revard. Cote Itra 806, élite 3, niveau international. Short noir, débardeur bleu, grand sourire, celui qui a fini 13e de la Transgrancanaria (l'un des grands rendez-vous du début de saison de la planète ultra-trail) en février dernier, boucle l'Ultra Beaujolais Villages Trail (80 km – 3 920 D+) en 7h44. Vitesse de croisière : 10,3 km/h. Il fait à peine 15°C, une pluie fine et glaciale tombe sur le Perréon, l'un des derniers villages avant d'entrer en territoire "Beaujolais Vert".
Le départ du Maxi BVT, un marathon en version trail (2 100 D+), sera donné dans quelques minutes. 226 coureurs se présentent sous l'arche gonflable. C'est parti pour 42 kilomètres en passant par le col de la Croix Rosier, le col de la Croix Montmain et le col de Saint-Bonnet (bien connus des cyclistes), La Pyramide, au faîte de la forêt départementale éponyme. Et le hameau du Bout du Monde... un nom improbable qui, aujourd'hui, a tout de la lapalissade vu l'amabilité des cieux. On démarre aussitôt en pente : 2,4 km pour 316 D+ jusqu'au crêt Morion où on rejoint les sentiers. Où termine la route commence le trail (et où ceux qui ont exsudé en montée renfilent illico leur veste imperméable). On continue de monter, avant quelques kilomètres de faux plats qui cuirassent ischios et mollets.
Débalisés
Premier ravito : 6,7 km – 572 D+. Tout va pour le mieux. Arrêt de 30 secondes le temps d'avaler un quart de banane et d'orange et de vider un verre de coca et de St Yorre. Portion roulante dans les landes du Beaujolais, un site naturel de 700 hectares protégé par un classement "zone biotope". Paraît-il qu'on peut y croiser des circaètes Jean Le Blanc, des bondrées alivores et des hypolaïs polyglotte... La seule langue parlée ici est celle du râle ronflant de mon devancier que je m'empresse de doubler sous peine de finir avec les oreilles dans le crin.
Premier schuss de trois kilomètres entre forêts et vignes avec, en bonus, la traversée du ruisseau de la Ponsonnière. Entrée dans la gadoue, la gadoue, la gadoue "faudrait des bottes en caoutchouc". On attaque la deuxième grosse "bosse" du parcours : une première partie à 10% sur 2,5 km et une seconde à 12% sur 2 km. Arrivée à La Pyramide (888 m), et sa vue époustouflante. La redescente se fait sur un sentier 4x4 puis sur un long long faux-plat jusqu'au 2e (et dernier) ravito à la Ferme du Creux, à Saint-Cyr-le-Chatoux. 24e kilomètre et 1 360 D+ dans les jambes. Ça rouspète un peu : un groupe d'une trentaine de coureurs s'est apparemment trompé de chemin mais a par veine retrouver le balisage... après un léger raccourci. On est entre le Beaujolais viticole et les monts du Beaujolais. Il pleut, les corps sont transis.
La corde aux genoux
Les quelques bénévoles sous l'immense auvent de la ferme (élevage de 160 chèvres, en promenade pour l'occasion) ont la lumineuse idée de proposer un bouillon avec des vermicelles (auquel on accorderait presque un macaron Michelin tant il fait du bien). Une petite bosse forestière, traversée de la D49. On est presque au 31e kilomètres. Devant nous, une pente à 10% qui s'étire sur près de 3,5 kilomètres. Sans bâtons, ça tire. Petit passage d'une raideur à faire pâlir certains juges, pratiqué ici avec une corde et dans la boue. On arrive au col de Saint-Bonnet. Les derniers 7 kilomètres et 200 mètres de dénivelé positif se courent dans la forêt. En sortie de bois, les vignes à perte de vue et les villages. Ça sent la fin. Passage par Vaulx puis dernier coup de cul jusqu'au Perréon. Il est 18h31. La boucle est bouclée. La pluie continue de tomber. 5h01 minutes, 49e. Je file, je suis de mariage...
Palmes Seuls 7,5% des inscrits ne se seront pas présentés sur la ligne de départ, samedi 27 avril. Pas énorme quand on sait les conditions météo agitées de la journée : un petit 15°C (en plaine) aiguisé d'averses glaciales et de gros coups de vent (sur les crêtes, avec des ressentis à 6-7°C). Au total, ils étaient 748 coureurs à s'élancer sur les trois jolis parcours de l'Ultra Beaujolais Villages Trail : 171 sur le 80 km – 3 920 D+ de l'Ultra BVT, 226 sur le 42 km - 2 100 D+ du Maxi BVT et 351 sur le 17 km - 910D+ du Mini BVT. Palmarès Ultra BVT Vainqueur : Ugo Ferrari en 7h44 à 10,3 km/h de moyenne dernier en 16h48 Maxi BVT Vainqueur : Dominique Renda en 3h33 à 11,8 km/h de moyenne dernier en 7h59 Mini BVT Vainqueur : Baptiste Chassagne en 1h13 à 13,9 km/h de moyenne dernier en 3h16