La Roche de Mio (2739 m), à La Plagne, lors de la 6+000D

Trail : l’aventure des temps modernes

Les courses en pleine nature et semi-autonomie explosent dans la région : entre 250 000 et 350 000 personnes participent à un ou plusieurs des 368 “trails” organisés, bon an mal an, en Auvergne-Rhône-Alpes. Un marché florissant dans la Mecque de cette jeune discipline florissante.

En courant 250 kilomètres d’une seule traite sur les sentiers du Péloponnèse pour demander de l’aide aux Spartiates dans la bataille de Marathon (490 avant notre ère), le coureur Phidippidès a-t-il été le premier trailer de l’histoire ? Ou est-ce Gordy Ainsleigh, qui, le 3 août 1974, faute de monture, avala les 100 miles (161 km) d’une course équestre californienne, la Western States Trail Ride, en trottinant ? Personne n’en sait bigrement rien. Ce qui est sûr, c’est que le mot vient de l’anglais trail signifiant “sentier”, “chemin”. Selon les autorités officielles, le trail est une “compétition pédestre ouverte à tous, dans un environnement naturel (montagne, désert, forêt, plaine…) avec le minimum possible de routes cimentées ou goudronnées (qui ne devraient pas excéder 20 % de la distance totale)”. La chose s’est développée au milieu des années 1980, quand quelques frappadingues se sont échappés des stades pour courir en montagne. Sur de très longues distances. Folle aventure qui est devenue trente ans plus tard une référence pour la course à pied hors des sentiers battus (c’est le cas de le dire) et un véritable phénomène. Lequel, en se professionnalisant peu à peu, génère un marché florissant qui rejaillit sur le développement local.

Annecy-Chamonix, l’axe du trail

Même les villes s’y sont mises. Le Lyon Urban Trail, sorte de Journées du patrimoine chaussures de running aux pieds, en est l’exemple le plus saisissant, avec 9 000 coureurs au départ. “Ce sont des événements porteurs, estime Yann Cucherat, l’adjoint aux sports du maire de Lyon. On fait découvrir la ville autrement. Les courses à pied, les trails, sont des investissements sur le plus long terme pour faire rayonner Lyon sur le plan sportif. Ce sont des outils de promotion touristique évidents.” Aujourd’hui, plus du tiers des trails français se courent en Auvergne-Rhône-Alpes. Et Chamonix en est l’épicentre. “Courir dans le massif du Mont-Blanc, c’est difficile de faire plus beau”, admet le viticulteur beaujolais François d’Haene, champion du monde d’(ultra)trail en titre et dernier vainqueur de l’Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB), la référence mondiale. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que tous les grands équipementiers outdoor y ont leur principale filiale, quand ce n’est pas leur siège. Et que les élites mondiales en sont originaires. Lyon Capitale a plongé dans ce “réenchantement de l’ordinaire” (pour reprendre les mots du philosophe-coureur Guillaume Le Blanc).

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