© UTMB® Franck Oddoux

UTMB. La TDS 2019 : un ultra-trail de classe internationale

Pour sa nouvelle formule, avec un parcours rallongé de 147 kilomètres et 9 100 mètres de dénivelé positif, la TDS ("Sur les Traces des Ducs de Savoie"), l'une des 7 courses de la semaine UTMB, s'est hissé au rang des grands ultras de la planète.

Quand l'Espagnol Paul Capell gagne l'UTMB 2019 (171 km et 10 000 m D+), il termine en 20 heures et 19 minutes. Lorsque, trois jours avant, son compatriote Pablo Villa s'impose sur la TDS (147 km et 9 100 m D+), son temps est de 18h03.

24 km, 900 m D+ et 2h16 mn les séparent. Un écart impossible, sauf à imaginer que cette distance supplémentaire a été avalée à 10,6 km/h (l'UTMB le plus rapide de l'histoire a été couru à 8,8 km/h par François d'Haene, en 2017). En prime, si on regarde la vitesse moyenne des 10 premiers sur chacune des deux courses, elle est de 7,71 km/h pour l'UTMB et de 7,74 km/h pour la TDS. Autant dire la même arithmétique, alors que sur une plus petite distance, on aurait pu conjecturer une allure plus élevée. Et ce n'est pas une question de niveau, car la cote Itra* moyenne du top 10 des athlètes est de 853,5 sur l'UTMB et de 854,6 sur la TDS.

* Cote Itra :  indice correspondant au potentiel de vitesse de chaque coureur sur une échelle de 1000 points

Conclusion : la TDS s'est avérée plus difficile que l'UTMB. Michel Poletti, créateur de l'épreuve, le reconnaissait avant course dans Lyon Capitale : "la TDS est plus technique et plus sauvage que l'UTMB, elle est pour les amoureux de la grande nature. La comparaison avec le Tour de France étant pour l'UTMB." Et deux nuits passées dehors pour l'UTMB, quand il n'y en a qu'une pour la TDS.

Un cran supplémentaire

©UTMB® Thomas Bekker

Que l'enjeu devienne le même que pour le Tour de France, c'est ce que redoute François d'Haene, triple vainqueur de l'UTMB, dans la revue spécialisée Trails Endurance Mag . "Je n'ai pas envie que l'ultra soit réduit à une seule course. On sait très bien que l'UTMB c’est la course internationale (…). Mais si on continue comme ça, il y aura l'UTMB et le reste du monde." Et l'un des plus beaux palmarès en ultra de la planète de dire que les élites s'étaient plus ou moins entendus pour ne pas venir à Chamonix cette année, se donnant rendez-vous en 2020.

Depuis sa création il y a dix ans, la TDS joue dans la catégorie inférieure. Dans l'ombre de la grande sœur, de celle qui chaque été fait rêver des dizaines de milliers de coureurs du monde entier, de celle par laquelle on boucle le tour du mont Blanc entre 19h00 et 46h00, quand de bons randonneurs mettent entre 6 et 10 jours. Avec cette nouvelle formule et ce parcours rallongé et escarpé, la TDS est montée d'un cran, tant en difficulté qu'en visibilité. Elle fait désormais partie des grands ultras s'accordent à dire les amateurs de tous rangs.

La TDS ne détrônera probablement pas l'UTMB, qui restera l'étalon de l'ultra-trail mondial. Elle se distinguera en revanche par sa plus grande technicité, ses passages isolés et sauvages (Pas d'Outray), aériens (Passeur de Pralognan) et sa succession de montées/ravitaillement/col/ village infiniment plus irrégulière, avec notamment deux sections d'affilée très longues et inclinées (Bourg-Saint-Maurice/Cormet de Roselend 16,3 km 1754 D+ , suivi du Col de la Gittaz/Beaufort 17,1 km 516 D+ 1440 D-), la dernière étant particulièrement compliquée pour une grande partie du peloton car se faisant de nuit dans un univers très technique, cafi de pierriers plus traîtres les uns que les autres.

Vers un UTMB 2020 d'anthologie ?

©UTMB® Franck Oddoux
Jim Walmsley, Kilian Jornet, François d'Haene, Tim Tollefson, Xavier Thévenard, Pau Capell : le gratin de l'ultra réuni à Chamonix en 2017

Si la difficulté d'une course peut se juger au nombre d'abandons, alors la TDS est la course la plus difficile de la semaine UTMB avec 694 renoncements sur 1 785 partants, soit un taux de 38,9% (à un cheveu de l'UTMB et très largement plus que sur la CCC de 101 km 6 100 D+). Dont près d'un quart au 92e km 5 850 D+, à Beaufort, le plus gros poste d'abandons (Arnouvaz, au 98e km 5 956 D+ pour l'UTMB).

L'année prochaine, l'UTMB promet donc d'être une édition d'anthologie, après celles de 2017 et 2018, avec très probablement Kilian Jornet, François d'Haene, Xavier Thévenard qui se disputeront un 4e sacre, et les plus grosses cotes Itra en embuscade qui feront le spectacle. Car l'UTMB est un show planétaire qui dépasse les frontières de l'ultra-trail. Les chiffres serinés à l'envi en sont l'indice : 50 000 visiteurs, 15 millions de vues pour l'UTMB TV, 790 000 visiteurs uniques sur le site de l'événement pendant les sept jours, 300 journalistes internationaux accrédités. Seul l'UTMB peut se targuer de telles statistiques.

 

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