La rentrée agitée du professeur Gollnisch

Mercredi 14 septembre, l’élu frontiste a repris ses cours de japonais à l’université Lyon 3, après cinq années de suspension pour des propos jugés négationnistes. Devant l’établissement, 200 étudiants manifestent leur hostilité à ce retour. A l’intérieur, un service de sécurité musclé protège le bon déroulement du cours magistral de M. Gollnisch.

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Etudiants du GUD

16h. La rue Rollet, devant l’entrée de l’université, est en émoi. Plusieurs associations et syndicats d'étudiants dont la Licra et l’UNEF manifestent contre le retour de Bruno Gollnisch à Lyon 3. Près de 200 jeunes munis de banderoles, barrent la rue. Dans l’hygiaphone, ils hurlent : "1ère, 2ème, 3ème génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés." En face, une trentaine de CRS contiennent 15 membres d'une organisation étudiante d'extrême-droite (le GUD) qui répliquent : "Bleu, blanc, rouge. La France aux Français !" Des altercations ont eu lieu plus tôt dans l’après-midi. Un militant d'extrême-droite a été interpellé.

Benedetti ()

Yvan Benedetti

Yvan Benedetti, élu à Vénissieux fraichement exclu du FN pour des propos antisémites, ne retient pas sa colère : "Je dénonce ce terrorisme intellectuel qui veut empêcher un prof blanchi par la justice d’exercer son métier." A une dizaine de mètres, les étudiants de l’UNEF crient leur indignation : "On veut faire comprendre à Gollnisch que sa place n’est pas là. Nous aimerions que Lyon 3 retrouve ses lettres de noblesse et que Jean Moulin ne se retourne pas dans sa tombe en voyant ce qui se passe aujourd’hui. Cette journée est peut-être le début d’une longue série…" Côté professeurs et personnels de l’université, seules deux salariées se joignent au cortège. Très vite, le service de sécurité bloque la porte principale de l’établissement. Bruno Gollnisch fait son entrée, discrètement, par une porte latérale. Il n'affrontera pas la foule.

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17h. Tout accès à l'amphithéâtre O, où enseigne M. Gollnisch, est interdit. Les hommes du service de sécurité se postent devant les escaliers qui mènent à la salle. Après plusieurs tentatives infructueuses, l'accès est enfin ouvert à une poignée de journalistes.
L’élu frontiste donne son premier cours de japonais à des étudiants en 2ème année de LEA. En bras de chemise et cravate bleue, Bruno Gollnisch semble très à l’aise. Il n’évoque pas le rassemblement hostile à son arrivée à l’extérieur, ni même le déploiement de personnels de sécurité à l’intérieur.
Après avoir distribué un exemplaire de la Constitution japonaise, il s’esclaffe : "Vous allez dire, ce type est un fou dangereux, on me l’avait bien dit. Et oui, je vais vous faire lire ce texte. Rien de moins !"
Entre deux traductions d’idéogrammes japonais, il se lance dans des digressions historiques et compare la reddition japonaise et l’occupation américaine de 1946 à l’Empire allemand, proclamé en 1871 dans la galerie des glaces du château de Versailles. "Le Japon va alors s’inspirer du modèle allemand", explique t-il. Les étudiants écoutent sans poser de questions.

Son cours magistral, qui dure 1h30, est émaillé de remarques personnelles. Lorsqu’il s’agit de traduire les mots "société commerciale", il décrit "une personne juridique où des associés peuvent taper dedans ! Cela s’appelle de l’abus de bien social, et cela arrive souvent !" Plus tard, il s’amuse de la "complexité mexicaine" des ères japonaises, puis se reprend : "oula, j’espère qu’il n’y a pas de Mexicains dans la salle. Je ne voudrais pas faire de discriminations !" Provocateur, il teste son auditoire. Aucune réaction. Alors il en rajoute : "Je dis des choses horribles, il faut être fidèle à sa réputation !"
Iona, une étudiante en LEA, ne semble pas dérangée par le personnage, "tant qu’il n’exprime pas ses idées".

A l’issue du cours, une fois les étudiants sortis, il précise qu’il ne tient pas à s’excuser concernant ses propos négationnistes : "si des excuses doivent être faites, c’est à moi qu’on les doit, car la Cour de Cassation m’a donné raison."

Gollnish Lyon 3© Tim Douet05 ()

© Tim douet

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