25 000 personnes (11 000 selon la police) ont défilé ce jeudi “pour la défense de l’emploi, des salaires et des retraites”. Un succès au delà des espérances des six organisations syndicales (CGT, CFDT, CFTC, UNSA, FSU et Solidaires) qui appelaient à se mobiliser.
Jeudi 24 juin. Le premier jour de mobilisation après l’annonce gouvernementale sur les retraites a rencontré un “succès” pour les organisations syndicales lyonnaises. Selon eux, “veille de vacances estivales”, ils étaient 25 000 ce jeudi contre 16 000 le 27 mai. Avec 11 000 personnes annoncées, les chiffres de la police sont jugés “exagérément” bas par les leaders syndicaux alors que, généralement à Lyon, le nombre de manifestants ne varient pas du simple au double. Certainement un signe de la tension qui monte entre la “rue” et le gouvernement.
Dans tous les cas, la forte mobilisation était bien visible sur le parcours. Alors que la tête du cortège atteignait la place Gabriel Péri de la Guillotière, la queue partait de la Manufacture des Tabacs. Il était midi. Encore très fortement représentée, la CGT formait la moitié des manifestants. Mais c’est surtout du côté des autres syndicats que le contraste entre la mobilisation du 27 mai et celle du 24 juin semblait la plus nette. Les enseignants de la FSU étaient “deux fois plus nombreux” selon un de ses responsables. A la CFDT, on comptait “au moins trois fois plus de monde”.
“Prise de conscience individuelle”
Pour expliquer cette mobilisation, les représentants syndicaux parlaient de “prise de conscience individuelle”. “Auparavant, on parlait de la réforme des retraites mais les gens n’arrivaient pas à se situer, explique le secrétaire départemental de l’UNSA, Gilbert Debard. Maintenant que le texte est tombé, chacun peut faire ses calculs. Les plus touchés seront ceux qui ont des carrières interrompus : les chômeurs et les femmes qui se sont arrêtés pour élever leurs enfants”.
A la CFDT, on met l’accent sur l’absence d’engagement crédible sur la pénibilité du travail. Dans les usines de métallurgie, comme chez Renault Trucks, les ouvriers seraient très remontés. “Avec les cadences qu’on nous impose, les opérateurs sont cassés, raconte Hervé Dalphin, délégué du personnel. Mais le gouvernement nous dit qu’il faudra qu’un médecin reconnaisse 20% d’incapacité pour partir à la retraite. En gros, il faudra qu’il nous manque un bras pour arrêter de travailler !”
La première étape de mobilisation passée, les syndicats annoncent déjà un rendez-vous pour septembre. En attendant, la CGT Rhône appelle à un rassemblement devant la préfecture le 13 juillet, jour de la présentation devant le Conseil des ministres du texte sur la réforme des retraites.
Paroles de manifestants
Romain, 42 ans, travail pour le conseil régional Rhône-Alpes
« Je suis là pour protester contre les dirigeants. Et puis c'est un traquenard de présenter le texte en plein mois de juillet, comme d'habitude, la seule période de l'année où nous avons un peu de répit ».
Jean-Pierre, retraité RVI, 76 ans dont 60 ans à la CGT
« Quand je suis parti, je n'en pouvais plus, je n'aurais pas plus travailler plus longtemps. Il y a beaucoup de gens qui vont souffrir, beaucoup. Je me battrai jusqu'à la fin de mes jours pour les jeunes, je la vis mal cette période, très mal. »
Jacqueline, 80 ans, retraitée
« Avant, nous c'était à 69 ans la retraite, mes collègues je les voyait mourir avant d'y arriver, c'est pas une vie ça, beaucoup de gens attendent la retraite pour profiter de la vie. Aujourd'hui, si on vit plus longtemps, c'est justement parce qu'on ne se tue plus au boulot, quand on travaille 40 ans on a quand même besoin d'en profiter un peu à la fin... »
Mourad 34 ans et son fils, Reda 7 ans
« J'ai le sentiment que je vais devoir travailler toute une vie. J'emmène mon fils pour qu'il comprenne, c'est aussi un peu pour son futur après tout. »
Claude 45 ans et Camille 40 ans, sapeurs-pompiers en Rhône-Alpes
« Demain les sapeurs-pompiers partiront entre 57 ans et 67 ans à la retraite. Or quand on est sapeur-pompier et qu'on a 60 ans, monter une échelle, aller sauver des vies, éteindre des feux, c'est incompatible avec notre profession. On veut une reconnaissance, comme beaucoup de travailleurs, de la pénibilité qu'à promis le gouvernement mais qui n'est toujours pas d'actualité. »
Stéphane 22 ans et Mickaël 23 ans, travaillent à la SNCF
« Les mecs qui travaillent dans le bâtiment, sur les chantiers, c'est pas possible, ils ne peuvent pas continuer jusqu'à plus de 60 ans ! Les jeunes trouvent pas de boulot, si les vieux travaillent encore plus longtemps, c'est un cercle vicieux. »