TER SNCF gare lyon part-dieu
Photo d’illustration d’un train de la SNCF en Gare de Lyon Part-Dieu. (Crédit Cheyenne Gabrelle)

Retards, suppressions, rames bondées, qu’est-ce qui cloche avec les TER en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Alors que 230 000 personnes empruntent quotidiennement les TER en Auvergne-Rhône-Alpes, les usagers font aussi face à une accumulation de retards, de suppressions ou à des rames tellement bondées qu’ils doivent attendre le prochain train. Une situation qui ne semble pas se résorber et exaspèrent les usagers.

Une employée renvoyée à cause de retards récurrents, un homme qui tente de se suicider ou encore une jeune femme qui développe de l’agoraphobie après un malaise dans un wagon noir de monde. Ces quelques exemples sont, certes des exceptions, mais révèlent toutefois une situation qui touche près de 230 000 usagers quotidiens des trains express régionaux, les TER, en Auvergne-Rhône-Alpes. Une situation qui exaspèrent certains usagers, à tel point que collectifs et associations de voyageurs se multiplient pour faire entendre leur colère. 

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Des "usagers usés"

"On parle d’usagers usés", confie Corentin Levil, chargé de relations presse pour le collectif TER AU-RAS LE BOL. Le collectif, chargé de dresser un constat des répercussions de ces aléas dans les entreprises, alerte sur cette situation depuis déjà plusieurs mois. Pour le collectif, impossible d’établir un dialogue avec SNCF Voyageurs, filiale de la SNCF chargée de l’exploitation des trains, "l’entreprise ne nous aime pas, c’est un dialogue de sourds", déclare Corentin Levil avant d'ajouter, "à nos yeux, c’est un problème de mentalité. Il y a trop de personnes pour prendre des décisions et il y a des comportements qui n’arrangent pas les choses." Résultat, SNCF Voyageurs "se noie dans un verre d’eau dès lors qu’il y a le moindre petit souci, et ils n’aiment pas du tout rendre des comptes", estime-t-il encore. Un "dialogue des sourds" qui ne semble pas être qu'un ressenti puisque, contacté par Lyon Capitale, SNCF Voyageurs à tout simplement décidé de ne pas donner suite à notre demande. Sans aucune autre précision.

"Il faut bien comprendre que si les usagers prennent le train, c’est qu’ils l’apprécient, mais il y a trop de dysfonctionnements sur certaines lignes."
François Lemaire, vice-président de la fédération FNAUT-AURA
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Une fatigue partagée par François Lemaire, vice-président de la fédération FNAUT-AURA. "Il faut bien comprendre que si les usagers prennent le train, c’est qu’ils l’apprécient, mais il y a trop de dysfonctionnements sur certaines lignes", déclare-t-il. La faute pour lui à SNCF Réseau, chargé de l’entretien des infrastructures. "SNCF Réseau ne prend pas assez de précautions. On perd de la fiabilité dès qu’il y a des aléas climatiques, c’est inadmissible", s’exaspère encore François Lemaire. Mais là aussi, le dialogue semble rompu. "Ils nous sortent des camemberts alors que ce n’est pas inéluctable, et c’est un reproche que je fais aussi bien à SNCF Réseau qu’à SNCF Voyageurs."

Dans un communiqué transmis à la rédaction de Lyon Capitale, SNCF Réseau explique de son côté s’engager "à limiter au maximum les désagréments pour les voyageurs", soit "l’évitement des travaux en heures de pointe, la préservation des trains du matin et la réduction des ralentissements et des retards." L’entreprise affirme également que "la maintenance courante est au coeur de la performance du réseau", balayant donc les reproches d'un manque de précaution. "Nos agents réalisent des opérations grand entretien pour assurer leur pérennité", et ajoute, "nos agents se déploient partout, y compris aux abords des voies pour maîtriser la faune et la flore ou en bravant les éléments pour rétablir les circulations en cas d’aléas climatiques", conclue enfin SNCF Réseau. 

"La Région rejette sans cesse la faute sur l’État, mais ils n’investissent pas non plus et cela à des répercussions sur les infrastructures et donc sur SNCF Voyageurs."
Corentin Levil, chargé de relations presse TER AU-RAS LE BOL
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Le plan à 5,7 milliards de la Région, com' ou véritable investissement ?

Mais les associations sont claires, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’autorité organisatrice, aurait aussi sa part de responsabilité. "SNCF Voyageurs ne peut pas faire de miracle si la Région ne fournit pas assez de trains", renchérit François Lemaire, et Corentin Levil d’ajouter, "la Région rejette sans cesse la faute sur l’État, mais ils n’investissent pas non plus et cela à des répercussions sur les infrastructures et donc sur SNCF Voyageurs." Alors que le nombre de voyageurs devrait atteindre les 300 000 d’ici 2035, Frédéric Aguilera, vice-président délégué aux transports à la Région, assure pourtant être "fortement mobilisé" et chacun se renvoie un peu la balle. 

Le nouvel intérieur des rames. (Photo Région Auvergne-Rhône-Alpes)

"On a aujourd’hui un taux de régularité de 90%, on s’est nettement amélioré", continue-t-il. Le résultat selon lui des différentes conventions signées avec SNCF Voyageurs et SNCF Réseau qui instaurent notamment un principe de bonus-malus en cas de retards récurrents. Des contrats accompagnés par le vote de la Région en décembre d’un nouveau plan de 5,7 milliards pour les lignes de TER, "du jamais-vu", estimait Laurent Wauquiez. Découpé en deux volets, ce plan prévoit un budget de 3 milliards d’euros pour le ferroviaire, dont l’achat de 130 nouvelles rames pouvant accueillir 60 000 places supplémentaires, et 2,7 milliards d’euros dédiés à l’infrastructure. "On demande à l’État de mettre le paquet sur les infrastructures et que chacun fasse des efforts pour que l’on relève ce défi."

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Un budget prometteur qui cacherait une réalité plus complexe, comme l’affirmait Cécile Michel, conseillère régionale écologiste, dans Lyon Capitale en janvier dernier. "Laurent Wauquiez nous fait une opération de prestidigitation avec des gros chiffres. Par exemple, pour cent trente nouvelles rames : en fait, soixante-dix anciennes doivent obligatoirement être remplacées, et dix-neuf sont déjà commandées depuis 2019. C’est donc beaucoup moins massif qu’annoncé. Il annonce aussi 2,7 milliards d’euros d’investissements sur l’infrastructure sans préciser que 2,3 milliards sont déjà payés en péages et redevances à SNCF Réseau", dénonçait-elle. Concernant les rames commandées depuis 2019, Frédéric Aguilera se défend : "l’autorité environnementale (entité indépendante chargée de l’évaluation environnementale, Ndlr) a pris deux ans de retard et cela nous rend furieux. Quand on prend des décisions absurdes dans un bureau, il y a des conséquences sur le terrain", s’insurge-t-il. 

Un RER en Auvergne-Rhône-Alpes ? 

En plus de ce nouveau plan, la Région Auvergne-Rhône-Alpes mise également sur les services express régionaux métropolitains (SERM), ou RER métropolitains. Cette nouvelle "articulation multimodale avec le train comme colonne vertébrale" s’étendrait sur six étoiles ferroviaires que sont Lyon, Saint-Étienne, Chambéry, Annemasse-Genève, Grenoble et Clermont-Ferrand, et concernerait six millions de personnes. Des courriers signés par la Région et les différentes Métropoles concernées ont été envoyés à l’État il y a une dizaine de jours dans ce sens. "On espère un début de réponse à l’été", confie enfin Frédéric Aguilera. 

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