Montage Wauquiez Collomb guerre
© montage Lyon Capitale

Wauquiez déclare la guerre à Collomb et à ses successeurs

Le départ de Gérard Collomb avait fluidifié les rapports entre la région de Laurent Wauquiez et les collectivités lyonnaises. La trêve aura été de courte durée. Entre le musée des Tissus et un amendement budgétaire LREM néfaste pour les finances régionales, les affrontements se multiplient. Dernière étape dans ce regain de tension, le vœu du conseil régional promettant de récupérer l’argent manquant en diminuant ses partenariats avec la métropole de Lyon.

Depuis quelques semaines, les relations entre le conseil régional et les collectivités lyonnaises (la mairie et la métropole de Lyon) ne cessent de se tendre. La dernière assemblée plénière du conseil régional en a apporté cette semaine des preuves supplémentaires et même un semblant d’officialisation. La période d’accalmie qui s’était ouverte après la nomination de Gérard Collomb au gouvernement n’aura donc duré qu’une saison. Les relations se sont envenimées au début de l’automne. D’abord autour du musée des Tissus, le projet de Laurent Wauquiez ayant été retenu à la place de celui porté par le trio Collomb-Képénékian-Kimelfeld (lire ici). S’est ajouté ensuite un amendement déposé en douce à l’Assemblée nationale par le député lyonnais LREM Thomas Rudigoz. Ce correctif budgétaire a permis à la métropole de récupérer une enveloppe de 45 millions sur dix ans jusqu’à présent allouée à la région Auvergne-Rhône-Alpes. La démarche – jugée cavalière par tous les autres groupes politiques de l’Assemblée nationale, qui ont dénoncé un fait du prince de Gérard Collomb – a passablement irrité la région, qui l’a prise comme une déclaration de guerre. Jean-François Debat, le président du groupe socialiste au conseil régional, s’étouffe devant la réaction outrée de Laurent Wauquiez : “Il fait la vierge effarouchée, mais l’année dernière quand il était député il avait déposé un amendement dans le sens inverse. Il n’y a pas d’un côté le gentil perdreau et de l’autre le vieux corbeau…”

L’annexe de la Maison de la danse victime collatérale ?

La guerre froide entre les deux collectivités est passée au stade supérieur avec l’adoption en assemblée plénière du conseil régional, ce jeudi, d’un vœu présenté par la majorité de Laurent Wauquiez enjoignant le conseil à ne pas répercuter le manque à gagner sur les autres départements. Dans une expression moins officielle, les proches de Laurent Wauquiez annoncent la couleur : “La région sera contrainte de réduire ses engagements vis-à-vis de la métropole.” Laurent Wauquiez avait fait preuve durant les deux jours d’assemblée plénière d’à peine moins de vigueur. Les 40 millions manquants seront donc, a minima, compensés. Il y a désormais fort à parier que, sur des dossiers où les collectivités lyonnaises attendent des réponses de la Région, celle-ci fasse la sourde oreille. C’est par exemple le cas de l’annexe de la Maison de la danse au musée Guimet, pour laquelle la Ville de Lyon espère toujours une réponse positive à hauteur de 2 millions d’euros.

Le musée des Tissus, sujet idéal pour raviver les braises

En toile de fond, c’est aussi la passe d’armes autour du musée des Tissus qui a joué le rôle de l’élément incendiaire. Ce que n’a pas manqué de rappeler le conseiller régional communiste Boris Bouchet, pour qui l’amendement de Gérard Collomb “est une rétorsion contre le musée des Tissus”. Sur ce site culturel, Laurent Wauquiez avait obtenu une victoire éclatante sur le périmètre politique du ministre de l’Intérieur. Le président LR du conseil régional ne se prive d’ailleurs jamais de le rappeler, avec sa délicatesse habituelle. Il en a eu l’occasion mercredi et jeudi puisque l’avenir du musée des Tissus était à l’ordre du jour de l’assemblée plénière, dont il a profité pour taper sur le trio Collomb-Képénékian-Kimelfeld : “Ce n’était pas à la Région de sauver le musée des Tissus, mais à la Métropole et à la Ville de Lyon. Mais nous avons compris qu’il jouait la montre et nous avons dit stop. Nous leur avons tendu la main pendant un an et demi, mais ils ne venaient même pas aux réunions alors que cela aurait dû être leur priorité numéro un. Je ne comprends pas que le maire de Lyon, qui était le premier adjoint à la culture, se désintéresse du sort du musée des Tissus, qui fait partie du patrimoine des Lyonnais. Je leur dis d’ailleurs qu’ils sont toujours les bienvenus.” Une déclaration qui tient plus du baiser de la mort.

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