C'est le nouveau et très triste record du nombre de personnes détenues dans les prisons françaises au 1er juillet 2008. En hausse de 0,6% par rapport au mois de juin où 63 838 détenus s'entassaient déjà dans les 192 établissements pénitentiaires du pays. Et lorsque l'on demande des chiffres affinés sur une région particulière, c'est non et c'est catégorique. Au ministère de la justice, le service de presse ne sait même pas pourquoi il ne faut pas divulguer les chiffres des administrations interrégionales. Mais les décisions de la hiérarchie sont scrupuleusement respectées. Les chiffres ne sortent pas. Du coup, Il ne nous reste plus qu'à nous rabattre sur des statistiques un peu datées. Ainsi, sur la direction interrégionale de Lyon, le nombre de détenus s'élevaient à 5 243 personnes au 1er janvier 2008 pour une capacité d'accueil qui n'excède pas les 3800 places. Pour Bernard Bolze, l'instigateur de la campagne " Trop C Trop " pour l'instauration d'un numerus clausus en prison, il s'agit d'une " rétention d'information ridicule. Ils ont forcément les chiffres. Ça prouve tout simplement qu'ils n'en sont pas très fiers ". `
Dans son communiqué, le ministère de la justice se félicite en revanche de la baisse du nombre de personnes maintenues en détention provisoire (- 4% sur un an). Pour plusieurs observateurs, la lecture d'un tel chiffre de manière isolée ne veut rien dire. " Il faut plutôt regarder cette baisse en fonction du nombre de comparutions immédiates. Car plus il y a de comparutions immédiates, moins il y a de maintiens en détention provisoire " ajoute M. Bolze.
L'administration pénitentiaire ne respecte pas la loi
On savait les prisons françaises bondées. Mais désormais les détenus peuvent traîner l'Etat devant les tribunaux. Depuis le 13 juin 2008, l'administration pénitentiaire ne respecte pas la loi en matière de population carcérale. Le code de procédure pénale (art. 716) prévoit en effet que chaque détenu soit enfermé dans une cellule individuelle. Un arrêté pris en juin restreint ce principe aux détenus en attente d'un jugement. Même avec cette restriction, les procédures risquent de se multiplier contre l'Etat. Un détenu vient d'ailleurs d'obtenir 3000 euros par le tribunal administratif de Rouen en raison de ses conditions d'incarcération liées à la surpopulation.
Le bracelet électronique comme solution ?
Le surpeuplement carcéral rend en effet quasiment impossible l'encellulement individuel. La nouvelle loi pénitentiaire que doit présenter Rachida Dati devant le parlement avant la fin de l'année prévoit justement de multiplier les placements sous bracelet électronique pour les personnes en attente de jugement et pour les détenus condamnés à de courtes peines. Ce qui, aux yeux du gouvernement, permettra de désengorger les prisons. Bernard Bolze considère au contraire que ce nouveau dispositif ne règlera pas le problème. " Ça consiste simplement à mettre plus de monde sous contrôle judiciaire. La seule solution, c'est de décider que pour une personne, il y a une place ". Sur la grande région de Lyon, trois nouvelles prisons vont sortir de terre entre janvier 2009 et octobre 2009 avec 1980 places à la clé. A quoi serviront-elles ? A accueillir plus de mondes ou à garantir plus de places ? La réponse est dans le camp de la justice et de ceux qui prennent les décisions en son nom : les juges.
Slim Mazni
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