Partisans et détracteurs de l’homéopathie dénoncent l’inefficacité des produits de l’industriel lyonnais. L’enquête de Lyon Capitale-le mensuel de novembre. Extraits.
Que l’on croie à l’homéopathie ou que l’on considère les granules comme de la poudre de perlimpinpin, impossible de nier qu’il s’agit d’un marché important. Plus d’un Français sur deux y a eu recours, et plus de la moitié des jeunes parents l’utilisent pour leurs enfants.
Omniprésent dans le secteur : Boiron. Du fait de son quasi-monopole sur les produits homéopathiques en France, et de sa puissance financière, la firme lyonnaise dispose d’un pouvoir d’influence considérable, notamment dans la recherche et l’enseignement.
“La survie de l’homéopathie est en jeu !”
Ce pouvoir des laboratoires lyonnais est dénoncé par des médecins et des patients, notamment ceux qui ont lancé sur Avaaz la pétition “pour la sauvegarde de la médecine homéopathique”. Leur motif d’inquiétude : la disparition de certains remèdes. “Auparavant, je pouvais tout me procurer en quelques heures, alors qu’aujourd’hui certains remèdes ont complètement disparu, explique ainsi Philippe Devos, président de l’Unio Homœopathica Belgica, association des homéopathes belges. Pour une médecine individualisante comme l’homéopathie, c’est catastrophique. La survie même de l’homéopathie est en jeu !”
“Le McDo de l’homéopathie”
“Boiron, c’est de l’homéopathie de supermarché, avec de belles têtes de gondole bien rentables. La qualité, la santé des gens, ce n’est pas leur souci principal, ils n’ont pas la notion de recherche du remède, de respect profond de l’individualité du patient”, déplore un autre homéopathe interrogé par Lyon Capitale. “Ces gens ne sont guidés que par le profit, poursuit-il. Ils n’ont aucune considération pour la vraie homéopathie. Leur devise, c’est : Simplifions la ligne, vendons nos best-sellers, Oscillococcinum, Stodal, Arnigel, etc., et engrangeons des bénéfices monumentaux. Moi, je ne prescris presque jamais Oscillo, car il est fait à partir de viscères de canards malades. À mes yeux, prendre une dose en prévention peut être dangereux : si l’on est sensible au remède, cela peut vous rendre malade.”
“Boiron est en train de répandre une homéopathie fast-food, avec toujours les mêmes remèdes standardisés, peu chers à fabriquer. Le McDo de l’homéopathie !” conclut le docteur Grandgeorge.
Alors, Boiron élimine-t-il les produits les moins rentables ? “Formate”-t-il les homéopathes français ? Est-il victime de la réglementation européenne ou s’en sert-il comme excuse pour dégager des bénéfices en réduisant son catalogue ? Réponses de la firme lyonnaise, de l’Agence du médicament et du ministère dans Lyon Capitale-le mensuel de novembre.
Également au sommaire :
– “C’est cher, pour du sucre”
Boiron fait face, depuis sa création, à des critiques virulentes dénonçant l’homéopathie comme de la charlatanerie. Aux États-Unis, plusieurs de ses produits ont fait l’objet de recours collectifs (class actions) pour publicité mensongère, notamment au motif qu’ils “ne contenaient pas la moindre trace de produit actif”.
– “Notre vraie préoccupation, c’est la baisse d’activité”
Malgré les bons résultats de l’entreprise Boiron, les salariés craignent la fermeture des établissements “préparatoires”.
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Lyon Capitale n°727 (novembre 2013) est en vente en kiosques depuis le 25 octobre, et dans notre boutique en ligne.