Tunnel Croix-Rousse

Tunnel de la Croix-Rousse : pas de filtre pour les polluants

Compte tenu des coûts de fonctionnement élevés et du bilan environnemental très incertain des systèmes de traitement de l’air dans les tunnels routiers, le Grand Lyon a choisi de ne pas filtrer l’air du tunnel de la Croix-Rousse.

Les tunnels dotés de dispositif de traitement de l’air sont très rares à travers le monde. On en compte à peine une soixantaine, dont les trois quarts au Japon. À l’origine, ces systèmes ont été mis en place pour améliorer la visibilité dans les tunnels : au Japon (dès 1979, à Tsuruga), en raison de la très forte densité de voitures, et en Norvège (dès 1990, à Oslo) à cause de l’utilisation de pneus à clous qui augmentent le phénomène d’abrasion, donc de mise en suspension des particules liées à cette abrasion.

La chasse aux particules

Ces dernières années, pourtant, les préoccupations environnementales ont poussé des pays européens à tester de tels dispositifs. C’est le cas de l’Italie en Émilie-Romagne, de l’Autriche à Graz, de l’Espagne à Madrid et, plus récemment, de la France sous le mont Blanc. Tous ont opté pour des filtres à particules utilisant le principe de “filtration électrostatique” : les particules en suspension sont d’abord ionisées, puis collectées à l’aide d’électrodes portant une charge électrique opposée.

Pourquoi cette chasse aux particules ? Parce que, de tous les polluants, ces “poussières” dont le diamètre est parfois inférieur à 2,5 microns sont ceux qui posent le plus de questions en termes de risques sanitaires et qui sont, d’une manière générale, les plus préoccupants. Les particules proviennent en majorité du transport routier (imbrûlés à l’échappement, usure des pièces mécaniques par frottement, pneumatiques). Ce sont elles qui noircissent les bâtiments et qui pénètrent au plus profond des poumons, affectant l’ensemble de la fonction respiratoire. Certaines ont également des propriétés mutagènes et cancérigènes.

Une efficacité peu démontrée

Pour l’heure, explique Jean-François Burkhart, chef du pôle Ventilation et Environnement au Centre d’études des tunnels (Cetu), il n’y a eu qu’une seule évaluation complète et indépendante. Celle du tunnel de la M5 East, à Sydney, en Australie. Ce tunnel est à la fois doté d’un système de traitement des particules et d’élimination des gaz d’échappement, les dioxydes d’azote (NO2).

Outre l’investissement (61 millions d’euros), le coût d’exploitation annuel (632.000 euros pour 6 heures par jour) et le coût annuel de l’électricité (28.000 euros), l’efficacité de l’usine de filtration n’a pas été démontrée. À tel point que, le 24 octobre dernier, le ministère des Routes de Nouvelle-Galles-du-Sud (le plus peuplé des États australiens) a annoncé l’arrêt complet du système.

“En pratique, explique le Cetu, lorsque les dispositifs sont utilisés pour améliorer la visibilité dans les ouvrages, il est avéré que le résultat est atteint. Dans le cadre d’une utilisation pour limiter l’impact des rejets sur l’environnement (...), il n’existe pas à notre connaissance de retour sur expérience précis*.” S’appuyant sur ces études, et ne bénéficiant d’aucun retour d’expérience de l’actuel système du tunnel du Mont-Blanc, le Grand Lyon a donc décidé de ne pas installer de traitement de l’air vicié.

Les cheminées d’extraction de l’air installées sur le plateau de la Croix-Rousse recracheront ainsi toujours autant de pollution.

* “Le traitement de l’air des tunnels routiers – État des connaissances sur les études et réalisations”, CETU, septembre 2010.

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Cet article est paru dans Lyon Capitale-le mensuel n°721, le 29 mars 2013.

Lire aussi : Le tunnel de la Croix-Rousse continuera de polluer le plateau

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