Moderne, fidèle, musicale et engagée… Tels sont les adjectifs qui peuvent définir l’affiche 2016-2017 du théâtre de la Croix-Rousse.
Plus de 48 000 spectateurs accueillis la saison dernière, un taux confortable de fréquentation de 81 %… Dans un contexte morose et avec des moyens en “baisse infime mais régulière”, selon Jean Lacornerie, son directeur, le théâtre de la Croix-Rousse tire bien son épingle du jeu. On peut affirmer qu’il a su attiser et même entretenir la curiosité de ses spectateurs, aussi bien abonnés qu’occasionnels, avec une affiche souvent originale, où la musique tient une place prééminente.
C’est dans le prolongement de la saison qui vient de s’écouler que peut se lire celle qui débutera dans quelques mois. Sur l’air, revendiqué par l’équipe aux manettes, d’une “contestation joyeuse” et d’une réflexion énergique et profonde sur notre monde tel qu’il va mal.
“De la musique avant toute chose”
Depuis son arrivée (en septembre 2010), le directeur de l’institution croix-roussienne, Jean Lacornerie, n’a eu de cesse de donner une franche orientation musicale à sa programmation. Il montre encore l’exemple cette saison avec une mise en scène du chef-d’œuvre de Bertolt Brecht, L’Opéra de quat’sous, qui aura la particularité de revenir au texte et à la musique des origines, celles du Berlin de la fin des années 1920.
On signalera également un road-trip théâtral, Vanishing Point, mis en scène par Marc Lainé. Un véritable voyage immobile accompagné par les musiciens du groupe Moriarty, avec des images filmées dans le Grand Nord canadien, dépaysement garanti.
La Croix-Rousse dégainera aussi l’arme Secrets. Un spectacle conçu par la soprano américaine Claron McFadden à partir de secrets recueillis dans un petit coffre auprès de spectateurs anonymes.
Pour clore ce chapitre musical, notez le concert de Bertrand Belin qui sera consacré à son nouvel album, Cap Waller.
Engagement et modernité
À la Croix-Rousse, on pourrait mettre en exergue les mots d’Arthur Rimbaud : “Il faut être résolument moderne.” Ainsi le spectacle Nous a-t-il été conçu par la compagnie E.V.E.R à partir de vidéos glanées sur Youtube.
Sans compter Victor F, une création de Laurent Gutman qui réactualise le roman de Mary Shelley Frankenstein, en y introduisant une réflexion sur les manipulations génétiques d’aujourd’hui et même de demain…
Même démarche chez Nicolas Stemann, qui entend lui remettre le Werther de Goethe dans notre présent. Ceci en utilisant la vidéo afin de bâtir un univers proche de ceux de Scorsese et Tarantino.
Enfin le NoShow des Belges menés par Alexandre Fecteau promet un joyeux bordel qui part d’un constat implacable sur notre modernité où l’art (dramatique notamment) peine à garder sa place.
C’est sur un texte engagé que sera accueillie Josiane Balasko. La célèbre comédienne sera seule sur scène, dans une mise en scène d’Hélène Fillières, où elle incarnera La Femme rompue, un monologue de Simone de Beauvoir qui nous confronte à une femme rejetée de tous après le suicide de sa fille.
Fidélités artistiques et régionales
Comme toute programmation artistique, celle de la Croix-Rousse se construit avec des collaborations nouées au fil du temps (notamment avec le théâtre de la Renaissance et l’Opéra de Lyon). Parmi les artistes qui reviendront tout en haut de la colline, on retrouvera le Raoul Collectif qui y avait fait un tabac avec Le Signal du promeneur. Ils continuent de casser les codes avec leur nouvelle création, Rumeur et petits jours (photo supra) toujours axée sur la crise des idéologies et les obstacles dans les rapports sociaux.
On retrouvera aussi le chanteur et comédien Abdelwaheb Sefsaf dans une création musicale, Murs, consacrée à ces murailles qui de détruisent ou se construisent à travers le monde.
Autre type de fidélité cultivée à la Croix-Rousse, celle qui concerne les comédiens de la région. Vincent Dedienne viendra présenter son one-man show S’il se passe quelque chose, dans lequel il se met à nu, au sens propre et au sens figuré. Tandis que Marianne Pommier et Ana Benito, deux comédiennes habituées à fouler les planches rhônalpines nous inviteront à voir La Mort en rose, petit bijou d’humour et de lucidité joyeuse sur ce moment où l’on cesse d’exister.
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