Le Théâtre national populaire se tourne vers l’Italie avec des textes classiques ou contemporains venus de la péninsule. Il y aura aussi des productions nationales et internationales, des reprises et des créations prometteuses. En dépit d’un contexte budgétaire revu à la baisse.
À l’heure où nous publions ces lignes, nous ne savons pas si Christian Schiaretti aura pris, ou non, la tête de la Comédie Française. Le patron du TNP fait en tout cas partie des candidats pressentis pour succéder à Muriel Mayette au poste d’administrateur général de la prestigieuse institution*. Aura-t-il surmonté ses rancœurs envers un ministère qui a amputé ses subventions dédiées à l’institution villeurbannaise de 250 000 euros, en dépit d’excellents résultats ?
En tout cas, il sera présent dans la sélection du Festival d’Avignon cet été (et en juin 2015 au TNP), avec un spectacle époustouflant de maîtrise et de profondeur historique Mai, juin, juillet. Mais pas de grosses créations prévues pour la saison prochaine pour le directeur des lieux. Pas plus que de reprise de sa mise en scène du Roi Lear, portée par un Serge Merlin impressionnant, qui a pourtant fait le bonheur de la critique et des spectateurs.
On se consolera avec celle de L’École des femmes où brille Robin Renucci en Arnolphe. La poursuite de l’exploration des Chevaliers de la Table Ronde, avec un épisode consacré à Lancelot promis sulfureux, une manière de coming-out inattendu. Et de nouvelles représentations de La Jeanne de Delteil. Tous ces spectacles faisant désormais partie du patrimoine du TNP, c’est-à-dire créés au TNP avec des comédiens appartenant à sa troupe permanente. C’est le cas aussi de la mise en scène exceptionnelle signée par Michel Raskine du Triomphe de l’amour de Marivaux. Elle sera reprise dans la grande salle après un incroyable succès la saison dernière.
Excursions italiennes
C’est dès octobre que l’affiche prendra ses couleurs italiennes. Antonella Amirante mettra en scène un auteur transalpin contemporain Saverio de La Ruina. Avec Arrange-toi, il propose un texte engagé sur une jeune femme de Calabre qui se heurte au machisme ordinaire alors qu’elle a décidé d’avorter. Un sujet hélas encore actuel.
Le détour par l’Italie se poursuivra par Pier Paolo Pasolini. Gilles Pastor, metteur en scène lyonnais, devrait rendre justice à son sens de la provocation et au tragique d’Affabulazione, dans une version où l’on entendra la voix de Jeanne Moreau. Autre grand classique, la pièce mythique de Pirandello, Six personnages en quête d’auteur, sera mise en scène par l’expérimenté Emmanuel Demarcy-Mota.
Événement international et curiosités
Robert Wilson est incontestablement le metteur en scène le plus capé internationalement à l’affiche cette saison. Il revient au TNP après le souvenir impérissable laissé dans les années 1970. Il mettra en scène Les Nègres de Jean Genet, pièce à la fois clownesque et profonde.
Mais, dans les metteurs en scène qui n’ont pas cette notoriété, relevons la présence de Marcial di Fonzo Bo qui s’attaquera à Philippe Minyana dont la pièce Une femme, a été écrite pour Catherine Hiegel. Ça tombe bien, la comédienne tiendra le rôle qui lui était destiné.
Enfin, David Mambouch, l’un des comédiens les plus talentueux de la troupe du TNP, montera Juan, une pièce consacrée au mythique séducteur qui mélange les versions de Molière et de Byron.
* Il a rendez-vous au ministère de la Culture ce lundi 2 juin pour un entretien avec Aurélie Filipetti.
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