Comme il y a près de quinze ans, quand elle décroche un stage pour suivre Gérard Collomb dans sa campagne. Quinze ans plus tard, damoiselle est pour certains une hyène indomptable, passée de la fille prodige de Collomb à son opposante de l'intérieur.
Nathalie Perrin devient en 2001 maire d'arrondissement. Elle reste alors tapie dans l'ombre de son mentor, travaillant le terrain. Le moment de la constitution des listes municipales de 2008 constitue un tournant dans leurs relations. Elle s'inquiète d'abord de ne pas être retenue comme tête de liste. Elle prend les devants et signifie au cabinet du maire qu'elle n'acceptera pas une autre position. Mais ce n'est vraiment qu'après sa réélection qu'elle rompt avec lui, portée par son score élevé. Par des mots très durs, la frondeuse des Pentes donne l'impression de vouloir tuer le père, lui qui a lâché un jour - une boutade ? - qu'elle serait sa dauphine. Refusant de se situer sur le terrain de l'affectif, elle lui reproche pèle-mêle son soutien trop marqué aux grands patrons, la relative faiblesse de ses budgets sociaux, son accord pour OL Land "conçu pour inciter les supporters à consommer", son management qui s'appuie trop sur son cabinet au détriment des élus et surtout une frilosité dans son orientation politique. "J'attendais de Gérard Collomb qu'il se lâche après sa réélection triomphante. Qu'il renoue avec des convictions profondes au lieu de donner des signes à la droite et aux réseaux existants. Aujourd'hui il n'est pas représentatif du PS". Marri, le maire l'engueule souvent, souffle le chaud et le froid, jouant des liens affectifs qui les lient. Il l'a plusieurs fois menacée de "la tuer politiquement", en plantant ses dossiers d'arrondissement. Et de fait, il renâcle à lui signer sa lettre de mission pour revitaliser le bas des Pentes. "On va y arriver sans lui", réagit bravache la maire d'arrondissement. Pourrait-il l'écarter lors des prochaines municipales ? Elle pense le contraire : son indépendance la protège. "Elle veut endosser la légitimité militante", décrypte Romain Blachier, adjoint dans le 7e. Ce qu'elle réussit plutôt à en juger par sa popularité au sein des adhérents. Isolée en municipalité, sa position se renforce à Paris : Martine Aubry l'a appelée à ses côtés pour plancher sur le logement. "De toute façon, je ne suis pas sûr que Collomb lui en veuille, suppose Christiane Demontès. Il n'est pas rancunier et il doit être fier de son parcours". Pour définitivement couper avec le père, elle devra aller encore plus loin. En se présentant face à lui aux prochaines municipales ? Elle écarte l'hypothèse d'une candidature dissidente qui ferait perdre la gauche. En revanche, elle envisage de se soumettre au vote des militants, lors d'une primaire interne au parti.
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