Grégory Doucet à la sortie de sa garde à vue à Lyon le 9 avril 2025. (@NC)

Après sa garde à vue, Grégory Doucet se dit "convaincu que la Ville de Lyon fonctionne de manière exemplaire"

Après avoir passé presque 10h en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics, Grégory Doucet s'est exprimé à la sortie du commissariat. Pour le maire de Lyon "la Ville fonctionne de manière exemplaire".

Depuis plusieurs heures déjà les journalistes attendaient sa sortie devant le commissariat de police de la rue Marius Berliet, dans le 8e arrondissement de Lyon. Depuis 9h ce mercredi matin, Grégory Doucet était entendu par les enquêteurs de la brigade financière sous le régime de la garde à vue dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics. A 19h, le maire de Lyon est finalement sorti du bâtiment, accompagné de son avocat Didier Seban, et s'est exprimé devant la presse, retraçant le fil de cette journée pas comme les autres.

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"J'ai été entendu ce mercredi, comme d'autres personnes, et comme l'un de mes prédécesseurs" a débuté l'édile de Lyon. "J'ai donné les éléments d'explications sur ce que nous considérons être la nature de ces emplois et ce que nous avions déjà présenté à la chambre régionale des comptes (CRC)" a complété Grégory Doucet. Avant de poursuivre : "Le débat porte sur la qualification de plusieurs emplois au sein de l'Hôtel de Ville. Si la conclusion devait être que ce sont des emplois politiques, il serait considéré qu'il s'agit d'un détournement de leur fonction, et si ce n'est pas le cas, s'ils sont reconnus comme des agents administratifs qui sont au service des Lyonnaises et des Lyonnais et de ce fait, il n'y aura absolument rien à nous reprocher". 

"Je me suis mis à disposition de la justice et des enquêteurs"

Se disant "très heureux d'avoir pris le temps et d'avoir été entendu aussi longtemps", le maire écologiste a estimé que son rôle "était aussi de contribuer à faire la lumière sur cette affaire".  "Je me suis mis à disposition de la justice et des enquêteurs. L'enquête va suivre son cours et c'est normal" a-t-il complété refusant de commenter les possibles répercussions de cette garde à vue sur les prochaines élections municipales de 2026 à Lyon.

Une audition prévue de longue date et menée dans le cadre d'une enquête ayant déjà donné lieu à des perquisitions et des auditions à l'Hôtel de Ville le mardi 13 mars 2024. Elles avaient été réalisées dans le cadre d'une commission rogatoire de trois magistrats instructeurs, saisis d'une information judiciaire ouverte le 7 février 2024 par le parquet de Lyon, du chef de "détournement de fonds publics par personnes dépositaires de l'autorité publique". Contacté, le Parquet de Lyon indique qu'un "ancien maire de Lyon" a également été entendu dans cette affaire. Selon nos informations, Georges Képénékian, éphémère édile de Lyon entre juillet 2017 et novembre 2018 a également été placé en garde à vue ce mardi 8 avril. Une audition qui a duré deux heures et demie. "Les investigations se poursuivent sous l'autorité des juges d'instruction" complète le Parquet.

Les chargés de mission "constituent en réalité des collaborateurs de cabinet" indiquait la CRC

L'enquête qui a poussé à la mise en garde à vue de Grégory Doucet ce mercredi avait été ouverte après la réception par le parquet d'un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) examinant la communication externe de la Ville de Lyon de 2016 à aujourd'hui. Il épinglait la collectivité pour sa gestion des chargés de mission auprès des adjoints au maire sur l'ensemble de la période. "Sur la période contrôlée, durant laquelle trois maires se sont succédés, ces chargés de mission, au nombre d'une vingtaine, recrutés avec la participation des adjoints et souvent hors du cadre légal, exercent des missions correspondant à celles confiées à des collaborateurs de cabinet du maire et non pas des activités administratives", relevait la CRC.

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Les magistrats considèrent ainsi que ces salariés "constituent en réalité des collaborateurs de cabinet et que la ville dépasse donc largement le plafond de 12 collaborateurs de cabinet que la loi lui impose". Dans un communiqué diffusé mardi 10 septembre 2024, avant même que le rapport ne soit rendu public, la Ville de Lyon indiquait de son côté qu'elle "ne partage pas l'analyse juridique de la CRC qui remet en cause l'organisation de la collectivité". Et ajoutait alors : "Pour autant, pour protéger l’institution, la Ville de Lyon fait le choix de mettre en œuvre la recommandation émise par une autorité de contrôle et supprimera le pôle des chargés de mission thématique. Les agents seront redéployés et leurs missions évolueront à l’issue d’un processus de dialogue social comme pour toute réorganisation."

D'autres collectivités dans le viseur de la justice

Cette ambiguïté entre collaborateur politique et personnel administratif au service de la collectivité fait l'objet d'investigations à la région Auvergne-Rhône-Alpes, dirigée anciennement par Laurent Wauquiez (LR), menées par le parquet national financier (PNF). La région Île-de-France avait également été perquisitionnée en 2020 dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics suite à un signalement de la CRC qui pointait du doigt le trop grand nombre de collaborateurs politiques (25 au lieu de 13) employés par la Région.

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