La crèche People & Baby du 3e arrondissement de Lyon a été fermée suite au décès d’une fillette de 11 mois le 22 juin 2022. Une autre crèche du groupe vient d’être fermée par un arrêté de la préfecture du 21 septembre, dans le 4e arrondissement. (Photo Hadrien Jame)

Bébé tué avec du Destop à Lyon : l'ex-employée de crèche reconnaît les faits

Une ancienne employée de crèche a reconnu mardi, à l'ouverture de son procès à Lyon, avoir donné du Destop à une fillette dont elle avait la garde, tout en niant avoir voulu la tuer.

Le décès de la petite Lisa, 11 mois, en 2022, avait choqué tout le pays et jeté une lumière crue sur les dysfonctionnements des crèches privées, passés depuis au crible de nombreuses enquêtes administrative, parlementaires et journalistiques.

"Je reconnais les faits mais ce n'était pas volontaire", a déclaré Myriam Jaouen, 30 ans, devant la Cour d'assises qui la juge pour le meurtre de Lisa. "Je n'ai pas donné la mort volontairement", a-t-elle insisté face aux jurés. Malgré ses dénégations initiales, Myriam Jaouen, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, avait reconnu en garde à vue avoir empoisonné la fillette, parce qu'elle était "excédée par ses pleurs".

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Ni ses défenseurs, ni l'avocate des parents de la petite Lisa n'ont souhaité s'exprimer en marge des débats, qui s'annoncent éprouvants, tant les faits reprochés à l'accusée sont graves. Face à la douleur des parents, "on essaie de garder la plus grande discrétion", d'être "taisant, soutenant et respectueux", a résumé Sidonie Leblanc, avocate de l'association L'Enfant Bleu - Enfance maltraitée, qui s'est portée partie civile.

Produit caustique

Le 22 juin 2022, la jeune femme est seule à l'ouverture de la micro-crèche du groupe People & Baby à Lyon, où elle travaille depuis trois mois. Peu avant 8h le père de Lisa, qui doit fêter son premier anniversaire quelques jours plus tard, lui remet l'enfant et s'en va. Selon les éléments réunis par les enquêteurs, dès 8h10 une autre mère venue déposer son enfant découvre la jeune employée paniquée ainsi que la fillette vomissant, et appelle les secours. Inconsciente à l'arrivée des pompiers, celle-ci décède à l'hôpital.

Lors du procès, les débats devraient s'attarder sur la personnalité de Myriam Jaouen, une femme immature et tendant à l'affabulation selon des experts. Même si la responsabilité de la crèche n'est pas engagée, des questions devraient émerger sur les conditions de travail dans cet établissement qui souffrait de sous-effectif chronique.

"Un système à bout de souffle"

Il faudra se pencher sur les circonstances qui "permettent à l'auteur de se livrer à son crime", estime ainsi Me Jean Sannier, en dénonçant la logique de "rentabilité maximum" pratiquée dans les micro-crèches, qui accueillent au maximum douze enfants, qui fait "rogner sur la sécurité".

Trois semaines après la mort de Lisa, le gouvernement avait saisi l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour analyser le secteur des crèches privées. Son rapport pointe une pénurie de personnel et une faiblesse des contrôles.

Des rapports parlementaires et des livres-enquêtes ont ensuite épinglé "un système à bout de souffle" et une course au rendement menée au détriment des enfants, sans qu'aucune réforme de grande envergure ne soit menée à ce jour.

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