trail drôme buis les baronnies
@Hervé Simon

Buis-les-Baronnies : affluence d'élites pour le Trail Drôme

Au pied du mont Ventoux, le Trail Drôme (dimanche 13 avril) qualificatif pour les championnats de France, propose des parcours exigeants au cœur du Parc naturel régional des Baronnies provençales. Entretien avec son directeur de course, le Lyonnais Hervé Simon.

Diplômé de Lyon 1 et de l'EM Lyon, membre fondateur de l'ITRA, responsable
mission raids et administrateur de la fédération française de triathlon, vacataire à l'Université Grenoble Alpes, chef du pôle évènements du département de la Drôme. Hervé Simon a plusieurs cordes à son arc. Connu comme le loup blanc dans le monde du trail, engagé et visionnaire, il a beaucoup oeuvré à sa construction, son développement et sa reconnaissance. Il est aujourd'hui directeur de course du Trail Drôme, manche du championnat de France, qui se court dimanche 13 avril. Interview.

Lyon Capitale : 2025 marque la 17e édition du Trail Drôme qui a vu le jour... dans le Vercors...

Hervé Simon : Oui. Au début, on travaillait pas mal avec la FFA (Fédération française d'athlétisme, NdlR) sur la structuration du trail. A l'époque, la FFA n'avait pas encore la "compétence" trail. Elle nous avait alors intégré dans une commission nationale, bien avant l'organisation des premiers championnats de France, même avant le TPN. Ils réfléchissaient à faire une épreuve phare en définissant un format. On leur a proposé de faire une première édition dans le Vercors. Ils avaient envoyé plusieurs officiels et élus de la commission nationale du running, et ça leur a bien plu. C’est parti de là. Ensuite, sur le choix de la date, se positionner en mi-avril était un peu risqué dans le Vercors. Il y avait une grosse attente sur la partie Baronnies, nous on travaillait sur toute la Drôme. C’est pour ça que la première vraie édition, on l’a faite dans le sud. Et c’est toujours resté à Buis après.

Peut dire que le Trail Drôme a accompagné le développement du trail au final ou est-ce un peu exagéré ?

Oui et non... La FFA nous a toujours associés à ses réflexions. On a toujours été une manche du TTN (trail tour national, NdlR), et deux fois championnat de France. Je pense qu’on est les seuls à avoir été deux fois championnat de France depuis la création des France de trail. On a aussi été sélection pour les championnats du monde en 2019. Il y a une vraie proximité avec la FFA dans leur réflexion. On est contents de les avoir fait évoluer, notamment pour qu’ils prennent en compte la dynamique des organisateurs associatifs ou privés non fédéraux, au début. Ce n’était pas évident pour eux, mais ils ont vu que c’était important d’intégrer ça dans le trail. Ils ont eu l’intelligence de construire un groupe de travail avec plein d’associations, pas toutes 100 % fédérales. Certaines le sont devenues par la suite, mais au départ c’était un groupe plus large, plus neutre que dans une logique purement fédérale.

@Hervé Simon

Et le fait d'accueillir ces championnat a, j'imagine, permis à la fois de vous faire connaître et d'attirer des coureurs ?

Oui, j’ai vu une grosse évolution. Les premiers championnats de France qu’on a eus, c’était en 2014, et les seconds l’année dernière, en 2024. La différence est énorme, rien que sur la reconnaissance des parcours, le nombre de personnes venues chez nous. Entre 2023 et 2024, ils avaient déjà eu autour de 1 200 personnes sur les championnats de France, comme nous sur des épreuves classiques. L’année dernière, on a eu 2 400 inscrits sur les France, donc c’est énorme.

Vous vous êtes même fait un peu déborder, non ?

Oui, sauf qu’une fois qu’on avait pris l’engagement de fonctionner avec leur système de qualification, on ne pouvait pas refuser les gens qui se qualifiaient. Donc c’était chaud.

Et pour le territoire, c'est aussi un vrai plus, non ?

Oui, pendant un mois et demi avant l’épreuve, tous les week-ends, il y avait des dizaines et des dizaines de trailers. Tous les teams ambitieux sont venus reconnaître les parcours.

@Hervé Simon

Il y a une vraie promotion du territoire, de vrais impacts.

Oui, les gens sont venus trois jours en général, avec hébergement, restauration. Je suis passé voir le gérant du supermarché local, il m’a dit que l’année dernière, c’était délirant, il voyait tous les week-ends des trailers. Les hébergements étaient pleins, tout le monde était hyper content. Et ça, c’est vraiment propre aux championnats de France. Personne ne vient faire des reconnaissances sur nos épreuves classiques. C’est spécifique aux France, voire aux Europe.

Après, c’est vrai que pour chercher un hôtel ou une chambre dans le coin, il faut s’y prendre tôt....

Souvent notre épreuve tombe pendant les vacances de Pâques, pour une ou deux des trois zones. C’est un peu le lancement de la saison touristique. C’est déjà un secteur touristique, donc certaines années, les gens allaient jusqu’à Nyons ou Vaison-la-Romaine pour se loger. Sur certaines années, on avait 700 à 800 personnes dans un rayon de 10 km autour de Buis qui n’arrivaient pas à se loger.

Combien de coureurs attendez-vous cette année ? Comment tracez-vous les parcours ?

Moi, j’ai pour philosophie de changer le plus possible, de découvrir à chaque fois de nouveaux secteurs, de changer de sens ou de faire un mix. C’est ma philosophie. On reste toujours sur une base de 10, 21, 42 km, à 4 ou 5 km près. Pas pour le 10, mais pour le 21, ça peut monter jusqu’à 23-24 km. Les 42 vont de 38 à 46 km.

Donc les parcours changent un peu chaque année ?

Oui, c’est l’idée. Mais il y a des exceptions. Il y a trois ans, j’avais voulu faire une grosse modification, on y est arrivé, mais un secteur nous a été interdit par des propriétaires privés. C’était embêtant, car c’était un très beau secteur. On a trouvé un nouveau tracé, mais dès qu’on crée du nouveau, on a plus de contraintes environnementales, ou des propriétaires qui nous disent "vous étiez bien là où vous étiez".

Il y a des particuliers, mais aussi beaucoup d’éleveurs dans le coin. Comment travaillez-vous avec eux ?

On les appelle tous, et ça se passe très bien. On a la chance, dans la Drôme, d’avoir un poids politique important. Les élus du territoire, comme ceux du Parc des Baronnies, sont sensibles au développement et à la promotion des sports nature. Même si c’est dans un cadre maîtrisé, ils sont très proches du monde agricole. Ça ne plaît pas à tout le monde, mais ils sont plutôt anti-loup. La plupart des élus locaux soutiennent les plans loup, quel que soit le niveau. Ces élus nous soutiennent, appellent les éleveurs pour nous. Ensuite, nous, on les rappelle : on leur dit par où on pense passer, ils nous disent où seront les troupeaux. Ils ont toujours des filets de protection, mais avec 1 000 coureurs, parfois le chien passe par-dessus. On les appelle chaque année. Par exemple, cette année, un éleveur est parti à la retraite, on a appelé la jeune qui a pris la suite. Elle était étonnée qu’on l'appelle. Elle a dit que c’était super. Certains organisateurs n’ont pas du tout ce réflexe, et ce n’est pas bien vu.

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@Hervé Simon

Quels types de paysages les coureurs vont-ils voir ?

Je pense que nos petites vidéos donnent un bon aperçu. Des points de vue sur le Ventoux sympas, beaucoup de végétation méditerranéenne, des champs d’oliviers, de falaises, de villages perchés, des champs de lavande, vdes ergers, des marnes et des éboulis calcaire. C’est aride, très méditerranéen : champs d’amandiers, thym, buis, romarin. C’est un secteur d’escalade important : Saint-Julien, Combeau, Ubrieux. Il y a aussi de belles rivières, des villages perchés, comme La Roche-sur-le-Buis ou Le Poët-en-Percip.

Pour les parcours au delà de 20 km, je m'attache à trouver le maximum de singles joueurs. On a quelques pépites, comme le sentier botanique, avec une progression au milieu des pins sylvestres et pins noirs, tapissés d'aiguilles de pins, les crêtes de la Nible et de Linceuil, offrant de fabuleux panoramas. Tout l'enjeu est ensuite de trouver des sections intermédiaires, avec le minimum de pistes, même si je ne dois pas négliger que cela permet des relances et que certains trailers apprécient aussi de trouver quelques portions roulantes" entre les portions techniques; Je m'attache aussi à changer chaque année les tracés. Chaque fois que possible, j'essaie de trouver quelques portions techniques, dans des pierriers, des secteurs rocheux, entre des barres rocheuses, un passage à gué.. et bien sûr, offrir des passages typiques de notre territoire, au milieu des oliviers, du thym, de la lavande et des falaises d'Ubrieux et du Saint-Julien.  Certains aiment comparer leurs chronos d'une année à l'autre mais c'est un choix assumé que de renouveler chaque année une grande partie des tracés. Enfin, pour le plus court des parcours, ce n'est délibérément pas un parcours facile, sur piste et sans dénivelé. Au contraire, c'est un condensé du trail, avec des pentes sévères et des portions techniques. Un temps de progression nettement réduit par rapport à tous les autres tracés mais un vrai trail court. 

Vous disiez que c’est très aride la météo ce week-end sera plutôt pluvieux, non ?

Pour l’instant, dimanche ce n’est pas bon. J’espère que ça va se décaler, mais ce n’est pas bon. Le matin c’est modéré, 3 mm. L’après-midi, un peu plus. La semaine suivante, il y a de grosses précipitations. Dimanche, ce sera variable : grisaille, soleil, averses.

Y aura-t-il des modifications de parcours ?

Non, juste un sommet compliqué si on est dans le brouillard : de grands pâturages à 1 500 mètres. Il faudra surbaliser. On a envoyé une newsletter aux inscrits pour imposer une veste de pluie. En montagne, il fera autour de 12 °C. Le risque d’hypothermie est faible, mais si on est mouillé en altitude, il fera frais. Une veste et un buff seront nécessaires.

Comment ça se passe pour les accompagnants ? Y a-t-il des endroits dédiés pour voir les coureurs ?

Ubrieux est accessible par la route, et le village de La Roche-sur-le-Buis aussi. Le dernier village, Le Poët-en-Percip, où il y a le deuxième ravitaillement, est accessible en vélo uniquement. Pas de voiture, c’est une impasse. On a quelques restrictions. Les gens comprennent mieux maintenant. Un souci récent, ce sont les community managers des teams, avec leurs drones. Ils ne se rendent pas compte qu’on n’a pas le droit. C’est un vrai problème, on a des zones de restriction.

Les 21 et 41 km sont-ils qualificatifs pour les championnats de France de trail ?

Oui. Le 21 km est en TTN (Trail Tour National, NdlR) et le 41 km en label régional. On a donc un plateau relevé avec 22 cotes ITRA élites > 800 pour les hommes et > 700 pour les femmes : dans le détail, 13 sur le 21 Km (10 hommes et 3 femmes) 9 sur le 41 Km  (7 hommes et 2 femmes).

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