Nicolas Droin, directeur de l'Auditorium -Orchestre national de Lyon
Nicolas Droin, directeur de l’Auditorium -Orchestre national de Lyon, sur le plateau de 6 minutes chrono / Lyon Capitalr

"C’est un peu comme Beaubourg, ça va devenir classique" assure Nicolas Droin

Nicolas Droin, directeur de l'Auditorium-Orchestre National de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

"Toute la musique que vous pouvez aimer." C'est ainsi que présente la programmation riche et éclectique de l'Auditorium de Lyon, Nicolas Droin, son directeur depuis le 1er novembre 2023. "Il y a absolument toutes les musiques. Bien sûr, il y a beaucoup de musique classique avec l’Orchestre National de Lyon, l'un des très grands orchestres français, mais aussi avec beaucoup d’autres ensembles lyonnais. L’Opéra vient chez nous, et on est très heureux de les accueillir. Mais aussi tous les grands ensembles français. Et puis du jazz, des ciné-concerts, des musiques actuelles... Tout le monde peut trouver une musique qu’il aime."

Au programme, en vrac : Zaho de Sagazan (tête d'affiche le 3 mai prochain dans le cadre de sa tournée symphonique (accompagnée de l’Orchestre national de Lyon), mais aussi les 30 et 31 octobre prochains), le quartet d'Anouar Brahem qui réinvente la tradition musicale arabe millénaire du ‘oud en la confrontant aux musiques occidentales et au jazz, le violoniste Renaud Capuçon, les musiques de films d'Ennio Morricone jouées par l'ONL, Le sacre du Printemps, Beethoven Wagner, Mahler...

L'édifice culturel incontournable, créé sous l’impulsion d’André Malraux et réalisé sous le mandat de Louis Pradel, qui avaientt le projet de bâtir une grande maison de la culture dans le quartier de la Part-Dieu, fête ses 50 ans. Une architecture brutaliste qui, si elle a pu être parfois décriée, "va, à mon sens, devenir classique" pense Nicolas Droin qui loue les qualités sonores inouïes de la salle de 2 100 place, plus grande derrière après la Philharmonie de Paris.

"Un Auditorium itinérant ? On y réfléchit pour aller plus loin."

Nicolas Droin, à l'image de l'Opéra de Lyon itinérant, souhaite "aller plus loin". Déjà présent à la salle de la Mutualité et à la salle Molière ou dans de nombreuses mairies d’arrondissement, en proposant notamment des concerts, de la musique de chambre, pour le jeune public aussi, développe une itinérance. "À l’inverse de l’Opéra, on n’est pas aidés par la Région, donc on n’a pas d’incitation à aller plus loin. Mais peut-être plus tard, on ira. On serait très heureux. Je pense qu’on peut aller plus loin, toujours dans cette ouverture sur tous les publics ici à l’Auditorium."

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La retranscription intégrale de l'entretien avec Nicolas Droin

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Nicolas Droin. Bonjour. Nicolas Droin, merci de nous faire le plaisir de venir sur le plateau de 6 minutes chrono. Vous êtes directeur de l'Auditorium et de l'Orchestre National de Lyon, qui fête ses 50 ans cette année. Alors tout a débuté en 1962 sous l'impulsion d'André Malraux, qui avait le projet de bâtir une grande maison de la culture dans le quartier de la Part-Dieu. Il y avait des ambitions maximalistes : c'est une salle de 2 100 places en forme de théâtre à la romaine, mais qui a un peu déconcerté parce qu'il y avait une approche Beaubourg...

C'est une architecture brutaliste mais qui, à mon sens, va devenir classique. Il ne fallait pas qu'il y en ait dix comme ça à Lyon mais, un peu comme Beaubourg, ça a marqué son temps. Elle restera un symbole. Moi, je trouve d'immenses qualités à cette architecture, en particulier par la qualité de la salle : il y a une vision parfaite, une très bonne acoustique, il n'y a pas de piliers.

Il n'y a pas de piliers. Alors c'est vrai que, contrairement à l'opéra, où l'on peut se retrouver avec un pilier devant, ici on a une vision globale de la salle et, comme vous le disiez, une acoustique extraordinaire.

Tout à fait. Effectivement, à l'époque, c'était un pari architectural de faire une voûte comme ça, qui tient sur trois côtés. Je pense que ça va devenir un monument de Lyon que les gens vont s'approprier, et probablement il va être classé bientôt.

Nicolas Droin, vous venez de Paris, vous avez été à la tête de la Philharmonie...

... pas la tête de la Philharmonie, l'un des orchestres de la Philharmonie.

Rectification faite. Aujourd’hui vous êtes directeur de l’Auditorium et de l’Orchestre National de Lyon. Quel bilan peut-on tirer de ces 50 ans au final ?

Le pari de faire une salle aussi importante, c'était à l’époque la plus grande salle de France pour la musique classique. C’est maintenant la deuxième après la Philharmonie de Paris — après, on peut faire des calculs — mais ce pari est à Paris gagné parce que le public est là. C’est très plein, il y a toujours un peu de place.

Combien de billets par an ?

230 000 billets par an, et c’est en train d’augmenter encore. On est en train de rajouter des concerts et le public répond constamment. Donc ce pari est gagné, alors qu’on aurait pu imaginer qu’une salle comme celle-là aurait pu avoir des problèmes à remplir. Non, le public est là, très important. Et c’est aussi un pari par la programmation, très large : 160 concerts, mais de tout.

Quel est le projet artistique global de l’Auditorium ?

Toute la musique que vous pouvez aimer. Tout le monde peut trouver une musique qu’il aime. Bien sûr, beaucoup de musique classique — on va dire la moitié — avec l’Orchestre National de Lyon, qui est quand même un des très grands orchestres français, mais aussi avec beaucoup d’autres ensembles lyonnais. L’Opéra vient chez nous, et on est très heureux de les accueillir. Mais aussi tous les grands ensembles français. Et puis le jazz, les ciné-concerts, les musiques actuelles... Il y a absolument toutes les musiques.

Ça peut passer de Jordi Savall à Zaho de Sagazan (les 30 et 31 octobre à l'Auditorium de Lyon), enfin voilà, c’est très éclectique.

Absolument, tout le monde passe chez nous.

Vous êtes arrivé il y a un peu plus d’un an, presque un an et demi. Qu’est-ce que vous allez changer, qu’est-ce que vous allez modifier pour mettre un peu votre patte ?

Alors c’est très dur de mettre une patte après 50 ans. Mais je pense qu’on peut aller plus loin. Un, toujours dans cette ouverture sur tous les publics ici à l’Auditorium. Et, en même temps, mettre en avant cet Auditorium qui a pu être un peu injustement décrié, mais bien le mettre en avant comme pôle culturel de la Part-Dieu, de ce quartier lui-même en mutation. Il y a beaucoup de travaux, mais il est en train de changer, il y a énormément de passages. Et nous, en même temps, avec l’Orchestre National de Lyon, aller au contact de tous les Lyonnais partout en ville. On fait beaucoup de...

Beaucoup de concerts hors les murs, c’est ça ? Parce qu’on parlait tout à l’heure de l’Opéra qui a son dispositif d’opéra itinérant. Est-ce qu’il y a quelque chose comme ça pour l’Auditorium et l’ONL ?

Alors on y réfléchit, pour aller plus loin. Mais déjà, on est présent à la salle de la Mutualité, à la salle Molière. On essaie d’être présents aussi dans beaucoup de mairies d’arrondissement. On essaie de proposer des concerts, musique de chambre, pour le jeune public aussi, ou des petits ateliers. On a énormément d’ateliers pour les parents et autres, et donc on essaie de les proposer partout en ville, au plus proche, et de faire une sorte d’itinérance. À l’inverse de l’Opéra, on n’est pas aidés par la Région, donc on n’a pas d’incitation à aller plus loin. Mais peut-être plus tard, on ira. On serait très heureux.

Peut-être un dernier mot sur l’ONL : quelle place tient-il en Europe ?

C’est 104 musiciens au plus haut niveau européen, avec cette particularité : c’est un orchestre français, excellent en répertoire français, mais aussi une très grande force avec son chef, Nikolaj Szeps-Znaider, sur le répertoire allemand. Et là aussi, on est, je pense, le meilleur orchestre français pour le grand répertoire allemand.

Merci beaucoup Nicolas Droin d’être venu sur le plateau de 6 minutes chrono, nous expliquer les ambitions de cet Auditorium – Orchestre National de Lyon. À très bientôt. Merci, au revoir.

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