Dans le cadre de travaux de réalisation d’un nouvel ossuaire au cimetière de Loyasse, perché sur la colline de Fourvière, à Lyon, les fouilles archéologiques ont permis la découverte de la première porte monumentale antique de l’enceinte de Lugdunum.
Situé sur la colline de Fourvière, le cimetière de Loyasse (5e arr.) est un lieu stratégique et prometteur dans la recherche archéologique grâce à sa proximité avec le cœur administratif, financier et politique de l’ancienne colonie romaine de Lugdunum.
Dans le cadre d’un investissement de 8 millions d’euros pour son service funéraire public, la Ville de Lyon a entrepris en 2021 la construction d’un nouvel ossuaire municipal de 500 m2, ainsi que d’un jardin cinéraire, afin d’accueillir les prochains restes mortels des cinquante prochaines années, a indiqué Laurent Bosetti, adjoint au maire de Lyon à la politique funéraire, ce jeudi 10 avril. Des fouilles préventives ont alors été lancées et menées par le Service archéologique de la Ville de Lyon en 2023 et ont permis une première découverte importante.
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Deux découvertes majeures
Si les travaux d’aménagement de l’ossuaire se sont achevés en avril 2024, les archéologues ont découvert, à plus de cinq mètres de profondeur, les restes des enceintes antiques et médiévales de la ville. Cette découverte s’est accompagnée, quelques semaines plus tard, d’une autre trouvaille exceptionnelle au nord du chantier. Les travaux du futur jardin cinéraire ont, en effet, dû être interrompus l’été dernier suite aux fouilles préventives réalisées sur le site après la découverte de la première porte monumentale antique de l’enceinte de Lugdunum datant du 1er siècle après J-C.

Cette vaste porte monumentale, composée d’une tour de 8 mètres de haut, comportait ainsi des voies pour les piétons, mais également une ou deux portes charrières (pour les charrettes). Pour l’heure, plus de la moitié de la porte est encore enfouie de l’autre côté du mur du bastion. Tout autour, des galets, sûrement de granite, encerclent le site, révélant une grande voie dallée datant du milieu du 1er siècle après J-C, elle aussi. Cette dernière constituait l’un des principaux axes de Lugdunum, selon le Service archéologique, et pourrait faire partie du réseau de voies gallo-romaines Agrippa, dont Lyon serait "la tête." Remarquablement conservés, les vestiges révèlent différents niveaux de voie et d’ensablement naturels encore étudiés par les archéologues.

Un fossé datant de la bataille de Lyon, en 197, se trouve en travers de cette voie, dans sa longueur. Ce type de fossé était souvent camouflé pour tromper les soldats de Septime Sévère et les empêcher d’accéder aux portes de la ville, alors aux commandes de Clodius Albinus. Le Service archéologique précise qu’il s’agirait du "seul témoin physique" de cette bataille retrouvé à l’heure actuelle. Avec le temps, le fossé est devenu un dépotoir de mobilier en céramique, dont les restes sont encore nombreux sur le site.
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Potentielle reprise des travaux à l’automne
De son côté, la Ville de Lyon se veut prudente quant à la reprise des travaux du jardin cinéraire. Laurent Bosetti a indiqué qu’une potentielle reprise serait prévue "à l’automne 2025 pour une livraison fin 2025", sous réserve d’un accord de la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne Rhône-Alpes. Devant le caractère "exceptionnel" de ces découvertes, la municipalité a fait le choix de les réenfouir d’ici une dizaine de jours. La Ville de Lyon indique également qu'une étude sur la valorisation future de ces vestiges est également prévue.
Des visites pour le grand public sont par ailleurs prévues ce samedi 12 avril et samedi 19 avril à 14 heures, 15 heures et 16 heures, avant le réenfouissement des vestiges pour les préserver pendant la poursuite du chantier du jardin du souvenir. Les inscriptions sont d'ores et déjà ouvertes.

Le Service archéologique a quant à lui annoncé que les fouilles archéologiques réalisées dans le cadre des travaux de réhabilitation de l’École des Beaux-Arts, sur le site Neyret (1er arr.), ont permis des découvertes "intéressantes" lors des fouilles préventives, notamment des terrasses et des habitats de prestige. Des recherches plus poussées seront réalisées à la mi-juin.
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