Deux médecins des Hospices Civils de Lyon alertent sur des essais cliniques illégaux pratiqués au sein du service de transplantation rénale de l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon.
Des médecins de l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon ont-ils pratiqué des essais cliniques sur des patients greffés du rein, hors de tout cadre légal ? C'est en tout cas ce que dénonce deux médecins lanceurs d'alerte des Hospices Civils de Lyon qui, selon nos confrères de France Info, ont déposé plainte ce jeudi au pôle santé publique du parquet de Paris contre la hiérarchie du service de transplantation rénale de l'hôpital lyonnais, dénonçant notamment des essais cliniques qui auraient coûté la vie à un patient et dégradé la santé de quatre autres.
Les deux plaignants avaient déjà déposé plainte auprès du parquet de Lyon en décembre 2024 pour "mise en danger de la personne, violences mortelles" et encore "non-assistance à personne en péril et pratique illégale d’investigation clinique". Une première plainte qui serait toujours à l'examen selon le parquet à nos confrères.
Un traitement à risque pour les patients greffés du rein
Les deux médecins à l'origine de la plainte, soignants au sein des services néphrologie et de transplantation rénale de l'hôpital Edouard-Herriot, assurent que les cadres de leur service ont administrés, en 2023, des traitements à risque à des patients greffés du rein, et en dehors de tout cadre légal, et cela au nom de la recherche.
Ces essais cliniques sauvages auraient été réalisés sur cinq patients de l'hôpital. Ces patients, qui avaient tous été greffés du rein, sont décrits comme fragiles, vulnérables et pour certains âgés. Pour éviter le rejet de la greffe, les médecins de l'hôpital lyonnais leur auraient administré un traitement en dehors de tout protocole médical, composé de deux médicaments, dont l'un, le Rituximad, qui ne dispose pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les patients en transplantation.
"Des essais sur des personnes vivantes qui n'ont pas donné leur consentement"
"L’objectif c’était de tester une combinaison de médicaments pour voir ce que ça donnait. Sauf que cette expérience-là n’est pas autorisée" explique l'avocate des deux plaignants à France Info. Avant de poursuivre : "Il faut quand même mesurer qu’on est en train de faire des essais sur des personnes vivantes qui n’ont pas donné leur consentement. Là on est dans la tromperie la plus absolue, au-delà des conséquences que ça peut avoir sur la santé."
Les plaignants dénoncent notamment un décès qui serait dû à ce traitement expérimental. Si la direction des Hospices Civils de Lyon se défend et assure que "le décès du patient n’est pas lié au traitement reçu 6 mois auparavant" elle explique également que "la prescription hors AMM s’est appuyée sur les connaissances de l’équipe médicale en immunologie de la transplantation, sur de nombreuses publications rapportant l’expérience d’équipes internationales, ainsi que sur les retours d’expérience d’autres centres de transplantation français." Les HCL appuient que "la décision a été prise après une discussion collégiale impliquant plusieurs membres de l’équipe aux expertises complémentaires" ce qui, selon les deux plaignants, n'a pas été le cas.
Ces derniers ont par ailleurs déposé plainte à Lyon pour harcèlement moral et harcèlement sexuel. Après avoir alerté leur hiérarchie sur ces pratiques qu'ils jugeaient anormales, les deux médecins auraient été poussés à démissionner de leur poste et auraient subi des représailles de la part de leur direction.
"Ce sont des démarches particulièrement encadrées. Il y a inspection et c'est absolument indispensable de faire la lumière sur cette affaire" a réagi Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé ce vendredi matin au micro de France Info. Si la ministre dit ne rien condamné "sans avoir le fond du dossier", elle rappelle que "les essais cliniques en France sont parfaitement encadrés". "Le sujet qui est posé aujoud'hui c'est dans quelles conditions cet encadrement a-t-il été respecté ou non" conclut Catherine Vautrin.
Une question à laquelle devra répondre la justice.