Fabrice Ballanche, maître de conférences spécialiste du proche-Orient, en particulier de la Syrie à Lyon 2
Fabrice Ballanche, maître de conférences spécialiste du proche-Orient, en particulier de la Syrie à Lyon 2

Lyon 2 : "c’est de l’entrisme islamiste à travers des groupes d’extrême-gauche" assure Fabrice Balanche

Fabrice Balanche, maître de conférences à l'université Lyon 2, victime d'un intrusion dans son amphi par des étudiants et militants pro Palestiniens cagoulés, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Note : à la minute 5'00 sur "L'OPA de la France Insoumise sur le vote musulman, notamment Vaulx-en-Velin avec l'élection d'un députe LFI " : il s'agit d'Abdelkader Lahmar (pas de Gabriel Amard).

"Je dénonce le fait de le publiciser et d’appeler à une cérémonie officielle de rupture du Ramadan au sein de l’université. C’est une entrave à la laïcité que nous ne devons pas tolérer. C’est de l’entrisme islamiste à travers des groupes d’extrême-gauche. Mais on sait depuis longtemps qu’il y a une collusion entre ces mouvements d’extrême-gauche, qui veulent capter le vote musulman, et certains militants islamistes, Frères musulmans ou autres, qui les manipulent."

Fabrice Balanche, professeur de géographie politique à Lyon 2, a porté plainte contre X quelques jours après l'intrusion d'un vingtaine de personnes cagoulées dans son amphi, en plein cours. De son côté, l'université Lyon 2 a fait un signalement auprès du parquet de Lyon qui a ouvert une enquête pour "entrave à l'exercice de la fonction d'enseignant".

"On m'a traité d'islamophobe parce que j’ai dénoncé la tenue d’iftar, c’est-à-dire de rupture du jeûne, au sein de l’université Lyon 2."

Petit rappel des faits.
Le 1er avril, un vingtaine de personnes cagoulées et vêtues de noirs, certains portant un keffieh, prennent d'assaut l'amphi où est dispensé un cours de Fabrice Balanche, maître de conférences spécialiste du Proche-Orient, en particulier de la Syrie. Le cours n'a rien à voir avec le conflit israélo-palestinien et porte sur le voisinage de l'Union européenne. Le groupuscule crie "racistes, sionistes, c’est vous les terroristes", arborant une banderole pro-palestinienne. "Ils ont encerclé la chaire où je me trouvais et ont commencé à m’invectiver en me traitant de complice du génocide à Gaza, d’islamophobe parce que j’ai dénoncé la tenue d’iftar, c’est-à-dire de rupture du jeûne, au sein de l’université Lyon 2."

"Climat délétère" à Lyon 2

"J’étais à moitié surpris. Depuis le 7 octobre (2023, attaque du Hamas contre Israël faisant 1 195 victimes, NdlR), il y a un climat délétère au sein de l’université. Il suffit de se balader sur le campus Porte des Alpes pour voir les tags pro-Palestiniens un peu partout, qui défigurent l’université. Il y a des interruptions de cours, des blocages".

Le 28 mars, une trentaine d’étudiants (probablement les mêmes) avaient bloqué l’accès à l’université quelques minutes ce vendredi matin. Ils protestaient contre l’interdiction de soirée "rupture du jeûne" du ramadan qu’ils voulaient organiser dans l’enceinte de l'université.

Absence de réaction de la Ville de Lyon

"La municipalité de Lyon entretient une collusion coupable avec les mouvements pro-palestiniens."

"Nous ne nous laisserons pas intimider." Si l'affaire Lyon 2e est remontée jusqu'au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, qui a soutenu le professeur de Lyon 2, et à la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne qui dénonce "une situation inacceptable", appelant "à la plus grande fermeté", la Ville de Lyon, interrogée par Lyon Capitale, ne "souhaite pas commenter". "C’est regrettable, déplore Fabrice Balanche. Quelle image cela donne-t-il de l’université à Lyon, de Lyon 2 ? À ce titre, ils devraient au moins prendre position. Mais je suis désolé, la municipalité actuelle entretient une collusion coupable avec les mouvements pro-palestiniens. On se souvient de la tentative d’organiser une conférence à la mairie de Lyon avec Salah Amouri, totalement à charge contre Israël. Finalement, cela a été interdit. Ils visent les élections municipales prochaines, ils comptent, à mon avis, sur ce résultat."

"Il faut arrêter de reculer sans cesse devant ces gens qui exercent un terrorisme intellectuel à l’université."

"J’espère que ces personnes vont être identifiées et condamnées pour entrave à l’enseignement. C’est la moindre des choses. Il faut arrêter de reculer sans cesse devant ces gens qui exercent un terrorisme intellectuel à l’université, qui, à 20 personnes, bloquent une université de 27 000 étudiants, qui occupent des amphithéâtres et des locaux pour leurs activités militantes, chassent les professeurs de leurs cours et maintenant mènent une véritable chasse aux sorcières. C’est inadmissible."

Lire aussi :
- L'UNEF apporte son soutien aux étudiants ayant interrompu un cours à Lyon 2
- À Lyon 2, un enseignant intimidé par des individus masqués après s'être opposé à une soirée de rupture du jeûne du ramadan


La retranscription intégrale de l'entretien avec Fabrice Blanche

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd’hui Fabrice Balanche. Bonjour. Fabrice Ballanche, vous êtes maître de conférences à Lyon 2, vous êtes spécialiste du Proche-Orient, en particulier de la Syrie. Alors, le 1er avril, ce n’est pas une blague, vous dispensiez un cours au campus de Bron, Porte des Alpes. Votre cours a été interrompu par une quinzaine, voire une vingtaine de militants cagoulés, vêtus de noir. Vous avez été encerclé. Que s’est-il passé ? Racontez-nous les événements.

Oui, je faisais un cours sur le voisinage de l’Union Européenne, donc a priori rien à voir avec le conflit israélo-arabe ou l’islam. Une vingtaine de militants sont arrivés en criant "racistes, sionistes, c’est vous les terroristes", arborant une banderole pro-palestinienne. Ils ont encerclé la chaire où je me trouvais et ont commencé à m’invectiver en me traitant de complice du génocide à Gaza, d’islamophobe parce que j’ai dénoncé la tenue d’iftar, c’est-à-dire de rupture du jeûne, au sein de l’université Lyon 2. Je n’interdis pas aux musulmans de rompre le jeûne à l’université Lyon 2, mais je dénonce le fait de le publiciser et d’appeler à une cérémonie officielle au sein de l’université. C’est une entrave à la laïcité que nous ne devons pas tolérer. Ils m’ont aussi traité de pro-Assad, de pro-sioniste. Quand j’ai vu cela, j’ai plié mes affaires et je suis parti.

Oui, on voit sur une vidéo que vous ne vous démontez pas. Il n’y a pas d’échange parce qu’il n’y aurait pas eu d’échange possible, j’imagine ? Est-ce que vous avez été surpris par cet envahissement de cours ? C’est vrai que la veille, vous aviez été interrogé par CNews sur le fait que la direction de l’université Lyon 2 avait interdit cette soirée de rupture du jeûne du Ramadan dans l’enceinte. Est-ce que c’est en réaction à cela ? Donc vous avez été surpris ?

C’est en réaction à cela. Je ne m’y attendais pas, bien sûr, mais j’étais à moitié surpris. Depuis deux ans, depuis le 7 octobre (attaque du Hamas contre Israël faisant 1195 victimes, NdlR), il y a un climat délétère au sein de l’université. Il suffit de se balader sur le campus Porte des Alpes pour voir les tags pro-palestiniens un peu partout, qui défigurent l’université. Il y a des interruptions de cours, des blocages. L’an dernier, lors du mouvement contre la réforme des retraites, en deux mois, nous n’avons pas pu faire cours. Il y a un climat délétère dans cette université, avec des associations étudiantes, ce groupe-là, qui occupent une salle avec l’accord de l’université pour organiser leurs actions militantes. Il y a aussi un coin prière dans cette salle, ce qu’ils revendiquent sur leur site, et cette volonté d’organiser des iftars officiels. Cela n’est pas tolérable. Lorsque l’université s’est enfin décidée à leur fermer cette salle, ils ont bloqué le campus vendredi matin au nom de revendications islamiques, islamistes, il faut bien le préciser.

Clairement, considérez-vous qu'il s'agit d'entrisme islamiste ?

C’est de l’entrisme islamiste à travers des groupes d’extrême-gauche. Mais on sait depuis longtemps qu’il y a une collusion entre ces mouvements d’extrême-gauche, qui veulent capter le vote musulman, et certains militants islamistes, Frères musulmans ou autres, qui les manipulent.

Parce qu’en effet, il y a des vidéos où l’on voit bien l’envahissement de votre cours par ces militants cagoulés. Est-ce que ce sont des militants ? Des étudiants ? Un peu de tout ?

Oui, il y a un mélange. Il doit y avoir quelques personnes qui possèdent une carte d’étudiant à Lyon 2, mais d’autres viennent de l’extérieur pour leur prêter main-forte.

Alors vous, vous avez décidé de porter plainte contre X. L’université Lyon 2 a fait un signalement auprès du parquet, c’est-à-dire qu’une enquête va être diligentée par la police, par le parquet. En revanche, la Ville de Lyon – on a essayé de les joindre à Lyon Capitale – ne souhaite faire aucun commentaire. Est-ce quelque chose de regrettable ? Quel regard portez-vous sur le fait que la Ville de Lyon ne souhaite pas réagir ?

Oui, c’est regrettable. Quelle image cela donne-t-il de l’université à Lyon, de Lyon 2 ? À ce titre, ils devraient au moins prendre position. Mais je suis désolé, la municipalité actuelle entretient une collusion coupable avec les mouvements pro-palestiniens. On se souvient de la tentative d’organiser une conférence à la mairie de Lyon avec Salah Amouri, totalement à charge contre Israël. Finalement, cela a été interdit. Ils visent les élections municipales prochaines, ils comptent, à mon avis, sur ce résultat.

Il y a un agenda politique ? Derrière cet envahissement, il y a un agenda politique plus global ?

Il y a un agenda politique plus global. On a vu, lors des dernières élections législatives et européennes, comment La France Insoumise et d’autres partis de gauche ont fait une OPA, ou tenté de faire une OPA, sur le vote musulman. Cela leur a bien profité. On le voit à Vaulx-en-Velin notamment, avec l’élection d’un député de La France Insoumise (Abdelkader Lahmar, NdlR) à partir de ce vote qui s’est porté sur cette circonscription. À un an des municipales, je pense que cette stratégie se poursuit de la part d’une partie de la gauche, qui cherche à récupérer ce vote. Ces étudiants, à mon avis, ce groupe, doivent être affiliés à ce mouvement politique.

Oui, parce que cette histoire a quand même pris une tournure nationale. Il y a eu une réaction du ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, qui a dénoncé ces actes, comme Élisabeth Borne. Pensez-vous que l’enquête va aller un peu plus loin ?

J’espère que ces personnes vont être identifiées et condamnées pour entrave à l’enseignement. C’est la moindre des choses. Il faut arrêter de reculer sans cesse devant ces gens qui exercent un terrorisme intellectuel à l’université, qui, à 20 personnes, bloquent une université de 27 000 étudiants, qui occupent des amphithéâtres et des locaux pour leurs activités militantes, chassent les professeurs de leurs cours et maintenant mènent une véritable chasse aux sorcières. C’est inadmissible.

En tout cas, je précise – ce sera le mot de la fin – que Fabrice Balanche, vous êtes aujourd’hui sous protection fonctionnelle suite à cet envahissement de cours. Vous reprenez les cours cette semaine. Merci beaucoup d’être venu sur le plateau de 6 minutes chrono. Pour plus d’informations, c’est sur www.lyoncapitale.fr. À très bientôt, merci.

Merci à tous.

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