Arrêter les concerts à la Halle Tony-Garnier ? Le maire du 2e arrondissement de Lyon et candidat aux élections municipales émet l'idée, et s'attire les foudres des élus écologistes.
"La Halle arrive toujours à se réinventer !" prévient Audrey Hénocque, adjointe au maire de Lyon en charge de la culture et des finances, alors que le destin de ce site emblématique fait débat. Tout Lyonnais y a nécessairement un souvenir. La Halle Tony-Garnier a vu passer des centaines de milliers de spectateurs qui ont foulé ses 11 000 m2 de surface exploitable, pour des concerts, salons, ou des nuits de cinéma. Mythique, et partie intégrante du patrimoine lyonnais, elle tire sa force de son architecture, mais aussi de son exceptionnelle capacité de près de 17 000 places suivant la configuration, et de sa facilité d'accès pour les Lyonnais et Grands Lyonnais.
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Pierre Oliver souhaite que "les élections municipales servent de référendum sur la Halle Tony-Garnier"
Mais elle est aussi souvent critiquée pour son acoustique réputée mauvaise (réputation qui tient davantage de la légende que du constat factuel notamment grâce aux progrès techniques) en raison de la réverbération du son ou la distance importante entre les gradins et la scène. Malgré la concurrence de la LDLC Arena, qui enchaîne les gros coups, de Dua Lipa à Lady Gaga, la Ville de Lyon ne compte pas arrêter le combat, alors qu'elle a récemment effectué des travaux de modernisation pour un montant de 2,4 millions d'euros. En bref : rénovation du système de sonorisation, de sécurité, et modernisation des groupes froids. En juillet, des travaux de rénovation de la cellule haute tension du site seront par ailleurs réalisés.
Mais ces opérations ne sont pas au goût du maire Les Républicains du 2e arrondissement, Pierre Oliver qui considère que ceux-ci sont inutiles et dénonce un "gaspillage". Selon le candidat aux élections municipales de 2026, la salle "n'est plus adaptée aux spectacles du 21e siècle". Plus surprenant, il note des "difficultés d'accès au site pour le public", mais aussi "des spectateurs à 200 mètres de la scène contre moins de 100 mètres à l'Arena, une mauvaise acoustique". Et de conclure : "Soit on fait une énorme rénovation pour en faire un équipement moderne, soit on requalifie le site !"
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Un projet de rénovation à 15 millions d'euros en cas de second mandat des écologistes ?
Auprès de Lyon Capitale, Audrey Hénocque, adjointe au maire de Lyon en charge de la culture et des finances assure avoir été "extrêmement étonnée et choquée" par les propos de son principal opposant. Une partie de ces propos en tout cas. "Sur la fin de son message, il dit qu'il faut investir dans la halle pour que ça reste une grande salle de spectacles et de concerts, adaptée aux attentes d'aujourd'hui des tourneurs et du public, là je suis d'accord", poursuit-elle. Bousculé par l'hypothèse d'une candidature de Jean-Michel Aulas aux municipales 2026, Pierre Oliver ne s'est pas privé d'introduire dans le débat la concurrence de la LDLC Arena, façon peut-être de rappeler que l'ex-président de l'OL sera bien embêté d'évoquer le sujet sans être rattrapé par un sérieux conflit d'intérêt.
D'ailleurs, le maire du 2e ne s'en cache pas, il souhaite que "les élections municipales servent de référendum sur la Halle Tony-Garnier", indique-t-il auprès de Lyon Capitale. "Est-ce que ça doit rester une salle de concert et d'événementiel, ou est-ce que ça doit devenir quelque chose d'autre ? La réflexion doit se poser parce que les conditions pour les concerts et spectacles ne sont plus convenables", juge Pierre Oliver. Et d'ajouter : "Quand on est sur les places du fond, on ne voit rien, avec une acoustique que ne correspond plus aux standards." Des arguments inentendables pour Audrey Hénocque qui rappelle que la Halle "a des atouts très forts". "Le côté patrimonial, le fait d'être en centre-ville, l'accessibilité puisque la salle est de plein pied, et la possibilité de développer des choses en extérieur", développe-t-elle.
"La nouveauté a pu être très attractive sur l'Arena mais ça va un petit peu se tasser"
D'autant qu'un projet de renouvellement des gradins à 15 millions d'euros a été déposé sur sa table par Thierry Pilat, le directeur de la salle qui souhaite faire "face aux nouveaux usages et à la concurrence", a-t-il indiqué à Lyon Capitale. Il n'a pas eu les faveurs de l'exécutif écologiste pour son mandat, mais Audrey Hénocque l'assure : "Ces travaux sont à faire et ils sont à faire sur le prochain mandat. Le fait que nous ayons déjà mis 2,4 millions d'euros pour des travaux plutôt techniques est une preuve de notre attachement à ce lieu culturel." Quant à laisser le champ libre à la LDLC Arena, l'élue ne s'y résout évidemment pas : "La Halle a l'antériorité et je pense que pour des tourneurs la nouveauté a pu être très attractive sur l'Arena mais que ça va un petit peu se tasser. Avec des travaux, la Halle Tony-Garnier sera plus intéressante que la LDLC Arena sur certains concerts."
Pierre Oliver de son côté laisse planer peu de doute sur son ambition pour cette salle. "Elle est devenue démodée, l'enjeu c'est de se demander s'il est toujours utile que la Ville gère en direct cet équipement parce que ça pourrait être une source de revenus d'en faire autre chose. En tout cas, ce sera une de mes propositions fortes" prévient-il.