Lyon Croix-Rousse : un tunnel modes doux parfumé au Diesel

Ce sera le paradoxe de la rentrée, qui risque bien de faire jaser si une autre solution n’est pas trouvée : le tunnel “modes doux” de la Croix-Rousse sera emprunté par des bus Diesel. Les modèles hybrides ou électriques ne permettant pas de parcourir l’intégralité du trajet sans être rechargés, il a été décidé que des bus classiques circuleront au début de l’exploitation. Chronique d’un symbole entaché qui risque de gâcher la fête.

La définition des “modes doux” ne laisse pas la place à l’interprétation : il s’agit de moyens de déplacement non polluants, comme le vélo, la marche à pied ou bien encore la voiture électrique. À Lyon, le second tunnel de la Croix-Rousse, rendu nécessaire pour des raisons de sécurité, a rapidement été baptisé “modes doux”. L’appellation laisse donc croire qu’il ne pourrait être emprunté que par des formes de mobilité non polluantes.

L’ambiguïté

Cependant, ce raccourci ne doit pas faire oublier que, depuis son origine, ce tube a été présenté comme un édifice dédié aux modes doux ET aux transports en commun. La deuxième partie a eu tendance à être oubliée par les politiques, mais aussi par les médias dans une ambiguïté des plus totales. Pour ne rien arranger, lors du lancement du projet, il était question de faire circuler des bus hybrides à l’intérieur. Forcément, à quelques mois de l’inauguration, prévue en décembre, une interrogation demeure : quel est donc le carburant qui fera avancer les bus empruntant le tunnel ? La réponse est sans équivoque : il s’agira de modèles Diesel. Dès lors, continuer de qualifier ce tunnel de “modes doux” serait tout simplement mensonger.

Une qualité de l’air à l’intérieur parfois “meilleure qu’à l’extérieur”

Contacté par Lyon Capitale, Gilles Vesco, vice-président du Grand Lyon en charge des nouvelles mobilités (donc pas des moteurs à explosion), qui siège également au Sytral, tempère : “Je vous confirme qu’il s’agira bien de bus Diesel au début de l’exploitation. Cependant, il n’y aura aucun risque d’un point de vue sanitaire, grâce aux systèmes d’extraction de l’air dans le tunnel et de filtrage intégré aux bus. L’atmosphère à l’intérieur sera aux normes. De plus, il pourra arriver que lors de certains épisodes de forte pollution dans Lyon, la qualité de l’air dans le second tunnel soit meilleure que l’air à l’extérieur.” Néanmoins, l’élu ajoute : “Le Grand Lyon est conscient que ces bus Diesel peuvent représenter un frein pour le public dans l’usage de cet équipement. Ainsi, c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de travailler sur la piste du bus hybride avec le Sytral.”

Des bus hybrides en test

Néanmoins, il faudra attendre. Les modèles hybrides ne seront pas encore massivement déployés lors de l’inauguration du tunnel. Quant aux expérimentations, elles débutent seulement en septembre, comme le rappelle Gilles Vesco : “Le Sytral a acheté six bus hybrides de trois marques différentes. Ils seront testés en utilisation normale et comparative sur une durée d’un an. Ils feront les mêmes trajets pour que nous puissions confronter leurs performances. Tout cela sera réalisé de manière scientifique et nous aurons les résultats en 2014. Le mouvement est donc lancé.” Quant à la suite à donner à ces expérimentations, Gilles Vesco imagine déjà le futur : “Si ces tests sont favorables, le Sytral pourrait envisager d’acheter plusieurs dizaines de bus hybrides dès la première commande. Ils se substitueraient alors progressivement aux bus Diesel.”

Un tunnel trop en avance sur son temps ?

Une difficulté demeure : les technologies permettant de parcourir l’intégralité du tunnel sans émettre de gaz ou de particules et surtout sans recharger la batterie au milieu du parcours ne sont pas encore au point pour une telle distance (1,8 km). Par ailleurs, il faut que les bus puissent être utilisés sur des parcours normaux, le tube de la Croix-Rousse n'étant qu'une étape dans leur trajet.

Autant d'éléments sur lesquels le Sytral travaille, selon Gilles Vesco : “La solution possible, mais pas encore prête, consisterait à “biberonner” le bus à l’entrée du tunnel pour qu’il parcoure toute la distance en électrique. Il faut donc trouver un dispositif pour recharger la batterie rapidement. Nous étudions toutes les pistes possibles.” Aujourd’hui, le second tunnel de la Croix-Rousse semble donc trop en avance sur son temps.

Une solution reste possible, mais elle demande un certain courage politique : faire passer les modèles Diesel dans le tunnel classique en attendant que les bus non polluants soient au point. La voie réservée aux transports en commun dans le second tube serait déserte pendant quelques mois, mais le symbole ne serait pas terni. D’autant que cette voie servira pour les expérimentations des bus électriques et hybrides. Par ailleurs, pourquoi ne pas l’ouvrir aux voitures électriques, surtout avec l’arrivée des Bluly de Bolloré ? Dans ces cas, seulement, le second tunnel de la Croix-Rousse pourra vraiment être appelé “modes doux”. Les cartes sont entre les mains de Gérard Collomb.

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Sur le filtrage de l'air du tunnel, lire :

Le tunnel de la Croix-Rousse continuera de polluer le Plateau

Tunnel de la Croix-Rousse : pas de filtre pour les polluants

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