Alors que deux médecins des Hospices Civils de Lyon (HCL) alertent sur des essais cliniques illégaux pratiqués au sein du service de transplantation rénale de l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon, les HCL assurent que la pratique est légale.
Deux soignants au sein des services néphrologie et de transplantation rénale de l'hôpital Édouard-Herriot ont porté plainte jeudi 10 avril au pôle santé publique du parquet de Paris contre la direction du service de transplantation rénale de l'hôpital lyonnais, dénonçant notamment des essais cliniques qui auraient coûté la vie à un patient et dégradé la santé de quatre autres.
Ces essais auraient été réalisés sur cinq patients de l’hôpital, tous greffés du rein et décrits par ailleurs comme fragiles, vulnérables et pour certains âgés. Pour éviter le rejet de la greffe, les médecins de l'hôpital leur auraient donc administré un traitement en dehors de tout protocole médical, composé de deux médicaments, dont l'un, le Rituximad, qui ne dispose pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les patients en transplantation. Les deux soignants à l’origine de la plainte avaient déjà porté plainte une première fois en décembre 2024 pour "mise en danger de la personne, violences mortelles" et encore "non-assistance à personne en péril et pratique illégale d’investigation clinique". Celle-ci serait encore à l’examen.
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"Parler de recherche ou d’essai clinique ici est faux"
Des accusations d’essais clinique niées par les Hospices Civils de Lyon qui assurent dans un communiqué diffusé vendredi 11 avril que "parler de recherche ou d’essai clinique ici est faux." Les médicaments administrés seraient en réalité "des traitements de routine par immunosuppresseurs éprouvés depuis plus de 15 ans, largement documentés dans la littérature scientifique." Cette pratique, "partagée par de nombreux services de transplantation en France", s’inscrirait donc dans "le cadre légal prévu pour les prescriptions hors autorisation de mise sur le marché (hors AMM)." Les HCL précisent : "Selon l’article L.5121-12-1-2 du Code de la santé publique, un médecin peut prescrire hors AMM quand il n’existe pas d’alternative médicamenteuse appropriée disposant d'une AMM et que le prescripteur juge indispensable le recours à ce médicament pour améliorer ou stabiliser l’état clinique de son patient."
La direction des HCL indique également que la prescription du rituximab, hors AMM, à certains patients "s’est appuyée sur les connaissances de l’équipe médicale en immunologie de la transplantation, sur de nombreuses publications rapportant l’expérience d’équipes internationales, ainsi que sur les retours d’expérience d’autres centres de transplantation français. La décision a été prise après une discussion collégiale impliquant plusieurs membres de l’équipe, experts en immunologie de la transplantation." Enfin, les causes du décès du patient cité dans l’article de France Info, à l’origine des révélations, seraient "sans lien avec le traitement qu’il avait reçu six mois auparavant."
Plainte pour harcèlement moral et harcèlement sexuel
Concernant la plainte déposée par les deux soignants pour harcèlement moral et harcèlement sexuel, la direction des HCL ne fait aucun commentaire. Pour rappel, après avoir alerté la direction de l’hôpital lyonnais sur ces pratiques qu’ils jugent anormales, les deux médecins auraient été poussés à démissionner et auraient subi des représailles de la part de leur direction.