L’usine Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon. (Photo by JEFF PACHOUD / AFP)

Pollution aux PFAS : l'Etat va surveiller 60 installations potentiellement émettrices

L'Etat a annoncé vendredi 18 avril différentes mesures visant à réduire la pollution aux substances perfluorées dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Depuis trois ans et les révélations concernant la pollution aux PFAS dans la région lyonnaise, ce sujet revient chaque semaine sur le devant de la scène. Vendredi 18 avril, via un communiqué de presse, la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes a détaillé ses priorités pour l'année 2025 pour "réduire la pollution aux PFAS et protéger la santé des populations."

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"Les avancées concrètes déjà obtenues, notamment sur les secteurs pilotes d’Oullins-Pierre- Bénite dans le Rhône et de Rumilly en Haute-Savoie, et les initiatives prises pour réduire la pollution à la source ou pour garantir une eau d’alimentation conforme, positionnent l’Etat, en Auvergne-Rhône-Alpes, en première ligne de la lutte contre ces « polluants éternels »", débute la préfecture.

560 sites industriels surveillés dans la région

Quatre grandes priorités sont ressorties pour lutter contre cette pollution. En premier lieu, et alors que les premiers contrôles ont débuté en 2022, la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), va finaliser en 2025 le contrôle des 560 sites industriels surveillés dans la région. "Les 40 principaux émetteurs devront présenter des plans d’actions pour réduire voire supprimer ces rejets et seront contrôlés" annonce la préfecture. Des mesures pour diminuer les rejets déjà prises par Arkema et Daikin, les deux industriels pointés du doigt pour la pollution au sud de Lyon.

En 2025, les rejets des stations de traitement des eaux usées urbaines seront désormais surveillés, "conformément à l’arrêté ministériel en cours de préparation." La préfecture explique aussi que les mousses anti-incendie industrielles contenant des PFAS seront inspectées spécifiquement, sans que l'on sache quelles mesures d'interdictions pourraient être prises. Enfin, toujours en ce qui concerne le contrôle, une campagne de surveillance inédite sera menée sur les rejets dans l'air à partir de fin 2025, sur 60 installations potentiellement émettrices. En février dernier, des PFAS avaient été retrouvés dans l'air ambiant à Lyon, une première en France.

Des prélèvements dans les aliments consommés localement

La préfecture du Rhône explique également que l'Agence régionale de la santé (ARS) va généraliser dès 2025 l'intégration des PFAS dans son programme de contrôle sanitaire de l'eau potable. "Des mesures immédiates doivent être prises, et à défaut des plans d’action sont systématiquement élaborés en cas de dépassement des seuils réglementaires, en lien avec les collectivités", complète-t-elle. Afin de "sécuriser les aliments consommés localement, la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) poursuivra les campagnes de prélèvements sur les produits végétaux et animaux avec près de 80 prélèvements en 2025" complète l'Etat.

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Enfin, dans le but de mieux comprendre la pollution aux perfluorés, et alors qu'une étude sur les polluants éternels portée par la Métropole de Lyon a été refusée il y a quelques jours faute de financement, l'Etat annonce "soutenir des études exploratoires sur les milieux naturels". "Un effort particulier portera sur la caractérisation des sédiments du Rhône, pour mieux en évaluer la contamination et définir des valeurs de gestion", conclut la préfecture.

Autant de mesures prises pour l'année 2025 qui devraient permettre de mieux cartographier les polluants au PFAS dans la région et d'un réduire les effets sur la population.

Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles. Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

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