Les chocolatiers lyonnais sont actuellement dans la dernière ligne droite à l'approche de Pâques. Des nouveautés surprenantes s'installent à nouveau sur leurs étales alors que, dans le même temps, les prix du cacao continuent de leur jouer de vilains tours.
C'est la période de l'année où les boutiques se remplissent de pièces inédites. Une période où les clients s'agglutinent entre les étales. Tous ont un objectif : remplir le stock de chocolat en vue du lundi de Pâques. À moins d'une semaine du grand jour, les chocolatiers de Lyon sont sur le qui-vive. Pour la plupart, cette période de l'année représente a minima 10 % de leur chiffre d'affaires annuel.
"Les Lyonnais sont gourmands et attachés à la tradition, ça n'a pas changé", note Nathalie Bitton, chargée d'animation pour la maison Voisin, véritable institution dans le paysage du chocolat lyonnais. Pour ce chocolatier, la période de Pâques représente tout de même 25 % de son chiffre d'affaires. Légèrement plus que la boutique du chocolatier Florent Thevenon (entre 10 et 15 %), installée dans le 6e arrondissement de Lyon. "Pour la majorité des chocolatiers, Noël est plus important que Pâques. Nous, c'est l'inverse", ajoute ce dernier.
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"Pour Pâques, ça part absolument dans tous les sens !"
Florent Thevenon
Pour préparer l'une des plus grosses périodes de ventes, les chocolatiers misent comme chaque année sur l'originalité. Les équipes de Florent Thevenon, qui se démarquent déjà par la fabrication d'animaux surréalistes, renforcent leur offre. 59 références d'animaux différents sont ainsi proposées cette année pour Pâques : crocodiles, poules, chiens, sangliers, écureuils, etc. "Pour Pâques, ça part absolument dans tous les sens !" assume le fondateur de la boutique. Et reprend : "J'aime voir les gens complètement émerveillés dans la vitrine, qui rentrent et ne savent même plus où regarder".

L'été précédent Pâques sont imaginés les moules, avant que les chocolats ne commencent à être conçus 8 à 9 semaines avant le jour J. De son côté, la maison Voisin sort ses moulages environ un mois en avance. En plus des traditionnels (poules, lapins, cloches, oeufs), elle propose sa série d'animaux fantastiques (toucan, renard, hibou, chouette, panda...).
Avec, là aussi, ses quelques nouveautés : la poule Georgette déclinée en petit modèle, un oeuf aux pralines roses ou encore un oeuf mendiant revisité. "On se doit de proposer des moulages d'exception pour célébrer cette fête à la hauteur", estime Nathalie Bitton. Pour attirer la clientèle, Voisin prend le soin de composer des expositions en vitrine différentes pour chacune de ses boutiques.
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Innover malgré les contraintes financières
Derrière cette envie constante d'innover, les chocolatiers se heurtent pourtant à une succession de difficultés financières, et notamment la hausse drastique du prix des fèves de cacao, causée principalement par les mauvaises récoltes en Côte d'Ivoire et au Ghana, les deux principaux producteurs. Sur le marché mondial, la tonne de cacao s'est même retrouvée à plus de 12 000 dollars début 2025, "contre 2 000 à 3 000 dollars" avant la flambée des prix depuis deux ans, raconte Florent Thevenon.
Cela n'est pas sans conséquence sur le consommateur, qui, au sein de la boutique du 6e arrondissement lyonnais, a vu le prix des chocolats augmenter en moyenne de 10 % cette année par rapport à Pâques dernier. En deux ans et demi, le prix de leurs chocolats a grimpé de 45 %. Pour autant, Florent Thevenon reste persuader que sa clientèle célébrera Pâques comme elle l'a toujours fait. "Le gros des ventes se fera jeudi, vendredi et samedi. On attend entre 200 et 250 clients par jour", se projette-il.
Du côté de la maison Voisin aussi, le prix du chocolat a eu son impact. "Toutes les augmentations n'ont pas été refacturées aux clients. On prend une partie en charge", assure la chargée d'animation, Nathalie Bitton. Voisin, qui se tourne notamment vers les pays d'Amérique du Sud pour se fournir, se veut donc plutôt rassurant. Dans les deux cas, les chocolatiers rognent sur leur marge. Sans pour autant laisser de côté leur imagination.


Se tourner vers les supermarchés est-il une (vraie) bonne idée ? D’après une étude de l’UFC-Que Choisir, le prix des chocolats de Pâques vendus dans les supermarchés, lui aussi, s'envole de manière inédite. Les marques de distributeurs enregistrent une hausse de 23 % sur un an. Les produits des grandes marques (Nestlé, Milka...) connaissent une augmentation comprise entre 14 et 24 %. Plus largement, la hausse des étiquettes est de 14 % sur un an, d’après les relevés réalisés sur 78 produits par l’UFC-Que Choisir.