Ils arrivent par vagues de l'autre coté de la rue. Les baffles de sonos hissées sur le toit de camionnettes, crachent quelques chansons révolutionnaires. Deux rangs de CRS s'installent devant les portes du bâtiment de verre, interdisant l'accès aux manifestants. Au même moment le ciel commence à se charger sur Lyon. Quand crépitent les fumigènes, les premières gouttes arrosent les manifestants. " Les patrons ont même les moyens d'acheter la météo " ironise Pierre COQUAN, secrétaire général de la CGT - Rhône. " Cette journée de mobilisation s'inscrit dans la continuité du 1er mai et dans la préparation du 13 juin. Nous sommes venus réclamer des hausses de salaires, ils ne peuvent pas utiliser l'emploi comme variable d'ajustement indéfiniment " développe-t-il.
Une foule hétérogène
Cette manifestation n'était pas comparable en taille avec celle du 1er mai mais la représentation syndicale y était pourtant plus importante. CGT, UNSA, CFDT, CFE CGC, CFTC, FO et Solidaires avaient répondu présent. Quelques membres du NPA lyonnais occupaient également le parvis du syndicat patronal. Enfin, en représentation du mouvement de l'université, une délégation FSE avait même fait le voyage " par solidarité avec les ouvriers ". Au milieu des manifestants, un groupe compact se distingue. Sur leurs vêtements, à la place des autocollants syndicaux, le logo de l'entreprise ABB France. Le groupe de robotique a annoncé mardi 26 mai un plan social de 540 licenciements nationaux dont 100 sur le site de Chassieu dans le Rhône. Jean-Louis GOUTAGNY y est ouvrier, il est venu avec quelques collègues se faire entendre auprès de la direction des relations sociales, membre du Medef, contre ces suppressions d'emplois. " La direction espérait que ces licenciements se passeraient rapidement et dans le calme, nous sommes venus leur montrer qu'il en était autrement " assure-t-il, déterminé. Retraités et chômeurs prenaient également part au cortège. A l'image de Patricia, 54 ans, sans emplois, venue avec son chien et sa pancarte. " A mon âge " dit-elle " je suis sûre de ne pas retrouver d'emploi. Je suis venu faire entendre ma voix ". Sa solution ? La voix démocratique. " Je ne crois qu'au bulletin de vote. Le 7 juin, il faut aller voter. A l'Europe aussi il faut dire non à l'UMP ".
Une réunion controversée
L'intersyndical, constitué pour l'occasion, espérait une rencontre avec les dirigeants du Medef, il n'en fut rien. Le syndicat patronal avait accepté de les rencontrer à l'exception de l'UNSA, FSU et Solidaires, jugés " non représentatifs au niveau interprofessionnel ". " Cinq syndicats au lieu des huit de l'intersyndical, c'est inacceptable, nous avons donc refusé d'une décision commune " répond Pierre COQUAN.
Victor Guilbert
Crédit Photo : Fle-ur
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