La ministre Patricia Mirallès lors de la réouverture de la nécropole de Chasselay. (@NB)

"Une inauguration qui n'en est pas une" : à Chasselay, la nécropole du Tata sénégalais rouverte avec émotion

Près de deux mois après les dégradions de la nécropole du Tata sénégalais de Chasselay, la ministre Patricia Mirallès a inauguré sa réouverture, vendredi 28 mars.

Les actes de vandalisme ont été découverts le 28 janvier 2025. Deux mois plus tard, vendredi 28 mars, la nécropole du Tata sénégalais de Chasselay a rouvert ses portes, une fois remise en état par l'Office national des combattants et des victimes de guerre. Pour marquer le coup, la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants de France, Patricia Mirallès était présente.

Accueillie par les élèves des collèges Jacques Duclos de Vaulx-en-Velin et Jacques Coeur de Lentilly, la ministre a été la première à entrer dans la nécropole nationale, dont une quarantaine de plaques de sépultures avait été dégradée. "Honte et indignité, les Français savent ce qu'ils doivent aux tirailleurs sénégalais morts pour la France", avait alors réagi le président Emmanuel Macron. 196 d'entre eux sont inhumés dans ce Tata sénégalais.

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Des mots repris ce vendredi par Patricia Mirallès, après avoir écouté les hommages des jeunes élèves, dont les actes de dégradions "nous ont touchés, attristés". "Nous sommes sur une terre où des hommes ont combattu (pendant la Seconde Guerre Mondiale, Ndlr) sous notre drapeau jusqu’au dernier souffle, jusqu'à l’ultime résistance", a poursuivi la membre du gouvernement, sous les yeux notamment du président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, du président du Département du Rhône, Christophe Guilloteau ou encore des maires de Chasselay, Jacques Pariost, et de Lyon, Grégory Doucet.

La ministre Patricia Mirallès à l'entrée de la nécropole de Chasselay. (@NB)

Patricia Mirallès, ministre déléguée


Pour rappel, les tirailleurs sénégalais étaient un corps d'infanterie de militaires recrutés dans les colonies françaises d'Afrique subsaharienne. Ils s'étaient notamment battus pour la France lors des deux guerres mondiales.

Le lendemain de la découverte de cette attaque, par le maire de la commune, le président du collectif Africa 50, Ya Mutuale-Balume, s'était rendu sur les lieux. Offusqué, abasourdi, il avait par la suite suivi de près la réhabilitation des travaux. "Ce qu'il s'est passé, c'était une seconde mort", déplore le président du collectif de coordination des associations de culture africaine de Rhône-Alpes. Avant d'ajouter : "Je qualifie cet acte d'inculture. Ce sont des gens qui ne savent pas ou qui ne veulent pas savoir".

La ministre a échangé avec Ya Mutuale-Balume, président du collectif Africa 50, et des familles d'anciens tirailleurs. (@NB)

"C'est une inauguration qui n'en est pas une, a abondé, en ce sens, la ministre. Car ce lieu ne devait jamais être refermé, jamais être violé, jamais être atteint par la souillure de la haine. (...) Ces soldats nazis, ces profanateurs, ces criminels d'hier et d'aujourd'hui, partagent une même haine, un même racisme et les mêmes idées immondes, qui ne sont pas mortes et qui ont su muter".

L'enquête est "en cours"

Devant plusieurs dizaines de collégiens, Patricia Mirallès a martelé son exigence quant à l'éducation de ces événements historiques dès le plus jeune âge. Et promet de rencontrer la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, afin de lui transmettre des "idées" pour "aller vers la jeunesse" à ce sujet.

La nécropole du Tata sénégalais a été réhabilitée. (@NB)

Écartant une sécurisation renforcée du lieu - "même s'l y aura une certaine vigilance" -, la ministre estime que l'éducation doit être prioritaire pour mettre fin à ces attaques. À noter qu'une enquête est toujours "en cours" pour tenter de retrouver les auteurs des dégradations de la nécropole du Tata sénégalais. "Nous verrons quand l'enquête sera terminée ce que nous prendrons comme décision", a-t-elle ajouté, questionnée sur la sécurisation du lieu.

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